Le Centre d’Interprétation fêtera ses dix ans en 2022 et s’est récemment métamorphosé pour « séduire tous les publics ». Le reste du site historique, lui, continue de livrer ses secrets à des dizaines de milliers de visiteurs chaque année. Reportage.
Il est discret, mais massif. Imposant, et aérien à la fois ; parfaitement intégré à la nature environnante, luxuriante et revigorante. Une volonté architecturale concrétisée par une structure en béton, et « une double peau constituée d’une résille de bois ». Tout pour « intimement lier » « architecture, paysage et scénographie » détaille un fascicule en accès libre, à l’accueil du Centre d’Interprétation du MuséoParc Alésia.
Mais, si l’extérieur est intact et semble paisiblement traverser les années, l’intérieur du bâtiment cylindrique a beaucoup changé ; ses salles d’exposition, plus précisément.
Après plus de six mois de travaux intenses -même au plus fort de l’épidémie de Covid-19, tout est prêt, et les visiteurs sont de nouveau au rendez-vous pour découvrir un parcours entièrement revisité, et rouvert début juillet 2021.
© Infotravel.fr
La fin de la saison estivale se profilant, un premier bilan s’esquisse. « On peut déjà dire que le site a réalisé un très bon mois de juillet, l’un des meilleurs depuis 2015 » explique Stéphanie Focé, responsable de l’accueil et du développement du MuséoParc. Et de compléter : « le mois d’août a été relativement bon aussi, compte tenu des contraintes liées à la mise en place des contrôles des Passes Sanitaires« .
Si la mécanique est si bien huilée, avec des résultats encourageants, et la satisfaction explicite du visitorat, c’est que toute l’équipe a donné de sa personne pour ne pas rater le lancement de la nouvelle exposition permanente…
« S’inspirer des retours des visiteurs »
Car la promesse est ambitieuse : passer du musée, au parc ludique multimédia. Un challenge d’envergure ayant mobilisé plusieurs parties-prenantes, et l’injection de 3 millions d’euros, cofinancés par le département de Côte d’Or et d’autres institutions.
Le résultat annoncé est là. La nouvelle scénographie, plus contemporaine, plus immersive, en « phase avec son époque », signée par les agences Clémence Farrell et Muséomaniac, avec le concours d’un conseil scientifique solide, multiplie les dispositifs, pour capter -et ne surtout jamais perdre- l’attention. C’était l’enjeu : « [faire] suite aux changements des attentes du public », en matière de médiation culturelle, sans « [s’endormir] sur ses lauriers » explique un communiqué.
Après quelques clés de lecture du paysage, en début de parcours, la Salle des Imaginaires du MuséoParc commence très fort. « Nous voulions décomplexer les visiteurs » dès le début, les « mettre à l’aise » et les aider à « se débarrasser des idées reçues » au sujet du siège d’Alésia, avec humour, souligne le document. Nous n’en dirons pas plus… Ici, c’est la surprise offerte par un type de contenu inédit qui crée les premières conditions d’une visite réussie.
© Infotravel.fr
Dans le reste de la coursive, huit espaces contextualisés permettent de faire le tour de l’histoire d’Alésia, élargie du Néolithique à nos jours. Mais, aucun contenu n’est imposé, bien sûr. Le visiteur « s’impose lui-même son rythme » pour découvrir les plus de 600 pièces exposées -de nombreuses autres sont au Musée D’Archéologie Nationale (MAN), les chronologies, cartographies, et autres dispositifs ludiques interactifs du Centre d’Interprétation ; entre mappings, bacs à fouille numériques et écrans à détection de mouvement. Il y a matière ; « la découverte du Centre d’Interprétation dure généralement deux heures, mais certains visiteurs prennent bien plus de temps ! » complète S. Focé.
© Sébastien Pitoizet
Si les nouvelles technologies sont omniprésentes à dessein, « ici, on a aussi le droit de toucher [les reproductions, ndlr.] » sourit-t-elle. De quoi conquérir les enfants, trop souvent frustrés de ne pouvoir le faire dans d’autres établissements similaires. Une offre pour les plus jeunes, complétée par des jeux, une borne à selfies et un espace d’essayage de tenues. Tout pour leur permettre, aussi, de décrocher un peu des vitrines et des écrans, en étant acteurs de leur visite.
L’ensemble, dans un plateau scénographique aéré, « en communication constante avec l’extérieur ». Un « parti-pris » assumé par l’établissement, qui mise, par ailleurs, beaucoup sur les ressources offertes par les vestiges qui s’offrent aux visiteurs à l’extérieur pour assurer sa mission d’éveil historique.
© Infotravel.fr
En extérieur, la découverte du syncrétisme
Après la visite du Centre d’Interprétation du MuséoParc, place à la découverte de l’oppidum -ancienne agglomération en surplomb- situé à trois kilomètres environ. La signalétique ne laisse pas place au doute aux piétons et cyclistes, mais les moins grimpeurs préféreront toutefois la voiture (la route lui permet un accès aisé) pour s’y rendre.
>> Lire aussi – Découvrir la France à vélo : 7 idées de séjours cyclotourisme
Si la nature prédomine expressément, et qu’ici tout est volontairement « dans son jus », l’on passe toutefois par la case « équipement » (avant d’aller déambuler dans la ville gallo-romaine) pour prendre possession d’une tablette. Et quelle tablette ! Un monumental travail de reconstitution en réalité augmentée permet à l’utilisateur -géolocalisé pendant sa promenade- d’avoir accès à des explications sonores et à des visuels 3D, à chaque lieu clé de l’oppidum. Un guide virtuel qui, en outre, s’adapte aux saisons pour restituer le plus fidèlement ses informations.
© Infotravel.fr
Théâtre semi-circulaire, monument d’Ucuetis, fours, caves et hypocauste se succèdent, au détour des vestiges de rues et de leurs pavements. Mais, si ici le syncrétisme et les mélanges d’influences sont permanents, on apprécie surtout les vestiges romains ; les Gaulois ayant surtout eu recours aux matériaux périssables pour leurs réalisations.
Par chance, la tablette et ses nombreux graphismes invitent à se projeter, mais aussi à laisser place à son imagination, à la découverte de chaque site, qui a fait l’objet d’un « véritable effort de la part des équipes de fouille » pour être mis à la lumière souligne S. Focé.
© Infotravel.fr
Plus loin, n’oublions pas la statue de Vercingétorix, haute de ses six mètres, proche des restes d’un Murus Gallicus, autre vestige de l’époque. « Elle est emblématique des environs. Elle a été acheminée depuis Paris, pour célébrer la fin des fouilles organisées par Napoléon III« explique la responsable. Car c’est l’empereur qui les a initiées sur ce territoire, dès le XIXe siècle. Puis elles furent successivement reprises. « Aujourd’hui encore, Alésia est un des sites les plus fouillés de France », notamment par l’Université de Bourgogne complète-t-elle. « La prospection aérienne et de nombreux autres outils permettent, à chaque campagne de fouille, d’approfondir les recherches et de faire des découvertes ». Mais certaines inconnues demeurent encore. « Seuls le temps, et l’évolution des technologies nous aideront » à faire la lumière.
© Infotravel.fr
Outre sa dimension hautement historique, le village d’Alise-Sainte-Reine s’impose comme camp de base idéal, à 60 km de Dijon, pour découvrir la région ; non loin de Flavigny, de l’abbaye de Fontenay, de la cité médiévale de Semur-en-Auxois ou du canal de Bourgogne… L’endroit est un trésor patrimonial. Mais il reste, toutefois, intimement lié à ses origines, à son identité.
Des animations
Ainsi, l’on peut facilement donner du sens à « Alise » après quelques lectures sur place. Mais « Sainte-Reine » est moins évidente à déchiffrer ; pourtant, elle est tout aussi importante pour le village. Indice : c’est ici que Reyne, une jeune gauloise, aurait refusé, en 253, de céder aux avances d’un gouverneur romain. Ce qui lui coûta la vie… La légende -et le culte chrétien de la martyre- perdurent, via, notamment, des événements d’associations ou de compagnies locales.
Dans un autre registre, le site du MuséoParc d’Alésia vit également au rythme des représentations de Flavius Quintus Plautius qui tord le cou aux fakus newsum sur l’armée romaine, avec beaucoup d’humour, dans « Rencontres avec un Légionnaire« . « Cette formule tout-terrain a été montée avec deux comédiens et des médiateurs qui se relaient » explique Vincent Gentil, médiateur culturel du site. Vingt minutes de détente totale, entre fous rires et flot d’informations historiques pour tous publics. Et depuis peu, l’escape game « Furie d’Alésia », de 90 minutes, complète l’offre du site. Une « découverte innovante », façon « punk antique », dès 14 ans.
© Infotravel.fr
Ouvert presque toute l’année, le MuséoParc est, en outre, entièrement pensé pour l’accessibilité, fruit d’un travail avec un cabinet extérieur. Il a, dans ce contexte, été récompensé lors des Trophées du Tourisme Accessible, dans la catégorie « Loisirs », en octobre 2020.
Il est donc en bonne marche pour franchir le cap des 800 000 visiteurs reçus depuis son ouverture. Avec 94% d’individuels, il propose également son auditorium et ses salles de réunion dans une offre pour les professionnels. Une autre façon de créer l’envie de visiter le site…
Mais le MuséoParc Alésia ne se repose, pour autant, pas sur ses bons chiffres. À ce titre, il devrait, notamment, bientôt enclencher une phase de réimplantation des vestiges de la ville gallo-romaine, un « projet d’envergure, pour les protéger et les pérenniser, ainsi que l’ensemble des parties visibles ». Celui-ci devrait s’étaler sur près d’une décennie, avec le soutien de la collectivité.
À lire aussi, sur Infotravel.fr :