Par Roland Machenaud
Médoc : le nom aux couleurs pourpres résonne comme ces pierres de graves qui transmettent aux raisins girondins une incomparable force solaire. Terre bénie des dieux où se lovent des châteaux sans rois, lieux d’alchimie naturelle discrètement pilotés par des maîtres de chais hors pair. Au nord de Bordeaux, la départementale 2 serpente au milieu des vignes qui donnent généreusement le meilleur vin du monde.
Et au cœur du Médoc, pour le plus grand bonheur des golfeurs, se cache un Golf Resort qui allie art de vivre, parcours de niveau international et calme reposant. Un lieu de départ privilégié pour visiter cette région mythique.
Signé Bill Coore
Il y a deux ans, Le Golf Resort du Médoc recevait à Londres une belle récompense : le 2010 France Leading Golf Resort lors de la cérémonie du World Travel Awards. Déjà classée parmi les meilleurs parcours français et européens par le guide Rolex, cette destination a beaucoup d’atouts dans son sac (de golf) : deux parcours de grande qualité, des équipements et un service très professionnels, une restauration et un hébergement sans reproche et toutefois abordables, un spa complet, un silence apaisant… Et une proximité excitante avec les plus grands crus du monde !
Côté parcours, les 36 trous sont parrainés par 36 châteaux dont on retrouvera les bouteilles … au pro-shop à coût étudié : une première dans le monde du golf. Vincent Paris, le directeur, et Henri Martinet, le responsable du Resort, proclament fièrement que les parcours, notamment celui des Châteaux, s’inscrivent dans la tradition des links écossais : seuls les vents rappellent l’Océan éloigné d’une trentaine de kilomètres. Mais il est vrai que l’aspect général et leur dessin les rapprochent davantage des links que des golfs inland.
Gilles Pélisson et Jérôme Seydoux
La naissance de ce golf du Médoc est le fruit d’une passion qui, à la fin des années 80, réunit deux hommes d’affaires français : Gilles Pélisson et Jérome Seydoux. Leur ami commun, Bernard Pascassio, golfeur et expert de renom, est appelé en renfort pour concevoir le projet. Il est décidé de choisir un grand architecte américain, basé alors dans le Texas, qui travaille peu mais bien. Bill Coore est connu pour être davantage un artisan qu’un industriel du golf et pour avoir réalisé des chefs-d’œuvre, seul ou avec son associé Ben Crenshaw, comme Rockport au Texas, Kapalua à Hawai, Talking Stick en Arizona et le bijou inaccessible, parce qu’hyperprivé, Sand Hills dans le middle of nowhere du Nebraska, classé parmi les plus beaux golfs du monde. Le Basque Bernard Pascassio se rend à Houston « et le temps d’une bière à l’aéroport, j’ai mesuré aussitôt son honnêteté intellectuelle et nous nous sommes mis d’accord, le courant étant passé à merveille ». Coore vit alors huit mois sur place et dessine en 1989 un premier parcours, les Châteaux, « accessible pour les amateurs et difficile pour les pros, dans l’esprit des architectes de tradition comme Simpson ou Colt ». Un de ses disciples, le canadien Rod Whitman, concevra, deux ans plus tard, l’autre 18 trous, Les Vignes, dont le paysage préservé de landes et de pins rend hommage à l’histoire régionale.
Des grands champions fouleront rapidement les fairways médocains : Retief Goosen qui y gagnera l’Open de France en 1999, mais également Mark Calcavecchia, Steve Elkington, Seve Ballesteros, Ian Bakerfinch, Paul Lawrie, Sandy Lyle, Txema Olazabal, Ian Woosnam, Mark O’Meara…
À noter que le Golf du Médoc a la chance d’être encore le seul golf en Europe à avoir la signature Bill Coore : l’Américain est toujours attaché à son enfant français et se rend régulièrement à Bordeaux pour suivre son évolution.
SUCCÈS ET QUALITÉ/PRIX
Le parcours des Châteaux est certainement le plus compétitif alors que les Vignes, moins long, offre un style plus loisirs, plus accessible. Les deux parcours ont des fairways larges et des greens très bien entretenus, offrant des pentes parfois surprenantes.
Les trous préférés de Bernard Pascassio (et de Vincent Paris) sont : les 1, 12, 14 et 17 (1, 5 et 11) des Châteaux et les 3, 13 et 16 ( 3, 15 et 18) des Vignes. J’ai personnellement préféré le trou 4 des Châteaux, un long par 4 de 417 mètres avec un beau bunker de parcours et un green bien défendu, et le 6 des Vignes, par 5 de 459 mètres dans un paysage typique de la terre médocaine. À vous de vous faire un jugement !
Les parcours connaissent un succès indéniable, 65 000 départs étant enregistrés par an, en grand majorité réservés par des golfeurs français, suivis par des Anglais, des Suisses, des Belges et des Espagnols.
Le très accueillant Henri Martinet qui dirige le Resort, après en avoir passé 30 ans dans le groupe Accor, a raison d’être fier de son produit hôtelier et restauration. Les 79 chambres ou suites ont été décorés de façon simple et naturelle, dans le style du pays, et la Table du Médoc sert des plats régionaux de qualité sans prétention. Originalité du restaurant : la cave est sur le palier de la terrasse : chacun va donc se servir et revient, le sourire aux lèvres, sa bouteille à la main !
Les prix ne sont pas excessifs et Le Golf du Médoc est certainement un des meilleurs rapports qualité/prix que l’on peut trouver non seulement en France mais aussi en Europe.
Des visites de Châteaux sont également organisées à la demande : il ne faut surtout pas échapper à ce plaisir qui restera dans les têtes et les palais !
Bientôt un centre international d’entrainement
Le Golf du Médoc a des ambitions et se donne les moyens de les réaliser.
Une nouvelle étape a été décidée par ses propriétaires : devenir une référence d’excellence nationale, voire internationale, dans l’enseignement du golf. À l’instar des grands resorts français et européens. Les investissements en cours concernent d’abord l’ouverture à Pâques prochain d’un Training Center et ensuite l’amélioration des deux parcours déjà exceptionnels ainsi que l’embellissement des aspects extérieurs.
Deux personnalités pros de golf formeront l’ossature du centre d’entrainement : Bernard Pascassio qui donnera d’ailleurs son nom à ce Training Center, et Dominique Larretche. Les deux Basques de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure qui ont ensemble une longue carrière de joueur international, d’entraineur, de coach, de commentateur et d’organisateur d’événements golfiques seront les piliers de ce centre qui se veut tout sauf une académie.
Dominique Larretche explique le projet : « Quand on dit « jouer au golf », on n’oublie trop souvent le terme « jouer ». Alors quand nous allons apprendre à jouer au golf, nous n’enseignerons pas que le swing. Le plaisir et la prise en compte des objectifs de chacun seront au cœur de notre démarche. Bien sûr, tous les équipements seront à notre disposition : centres vidéos, fitting, practice sur tapis ou sur herbe avec des positions qu’on trouve sur le parcours, salles de débriefing etc. Mais notre méthodologie se voudra originale : elle aura plusieurs aspects importants :
– d’abord, le temps passé sera divisé en trois : un tiers pour le grand jeu, un tiers pour le petit jeu et un tiers sur le parcours où l’absence d’intelligence de jeu est souvent une lacune énorme. Je tiens beaucoup à l’apprentissage du petit jeu, trop souvent délaissé, alors que tout se joue au golf dans sur le green et 100 mètres avant.
– l’entrainement sera ensuite personnalisé : on n’enseigne pas la même chose à des hommes ou à des femmes qui ont des histoires, une morphologie, des motivations et des comportements différents. Bref, il est interdit d’imposer tel ou tel swing. Il n’y a pas deux personnes qui jouent de la même façon !
– enfin, notre centre ne mettra pas la mécanique au centre du golf mais le plaisir et l’optimisation des potentialités physiques et mentales de chacun. Un retour aux sources, celles qui nous animent aussi bien au Pays Basque qu’en Écosse. Presque une philosophie de vie ! On montrera qu’avec décontraction et relâchement, on peut y arriver. Les nombreux voyages que j’ai effectués dans le monde m’ont prouvé que les beaux swings au practice n’ont pas toujours une suite heureuse sur le parcours. ».
Margaux et Lacanau aussi
Si le temps vous le permet, allez jouer le golf de Margaux qui s’est bien amélioré depuis l’arrivée du green-keeper Jean-Luc Schleininger en 2009, après 11 ans passés à Bordeaux-Lac. Avec des trous splendides, comme le 12, petit île au milieu des cabanes de pêcheurs sur la Gironde. Ou le 3, un dog leg gauche contournant un lac, ou encore le 7 qui offre une vue extraordinaire sur l’estuaire. Dommage que le golf de Margaux n’est pas encore ni le club-house ni les installations minimales pour accueillir ses membres et ses hôtes de passage et être enfin à la hauteur du parcours.
Ce golf appartient à la chaîne Ngf, comme celui de Lacanau dont on appréciera la belle entrée en bouche que constitue le premier trou avant une ballade dans une pinède de bord de mer.
Green-fees en basse saison : Médoc, à partir de 46 euros, Margaux et Lacanau à partir de 40 euros.
Suivez le guide !
Pour visiter le Médoc, mieux vaut s’adresser à des professionnels qui vous feront partager leur passion et leur expertise.
L’agence Bordovino créée par Pierre-Jean Romatet et Juliette Corne mérite tous les oscars du tourisme pour son organisation, ses connaissances et se produits adaptés. Les demi-journées permettent une immersion complète soit dans le Médoc soit en Saint-Emilion soit dans les Graves : la visite des châteaux et de leurs chais s’accompagne d’une explication compréhensible de l’élaboration du vin et du processus de vinification ( entre 64 et 79 euros). L’agence propose également des week-ends découvertes ou des séminaires d’entreprises avec initiation à la dégustation.
Infos www.bordovino.com ou 05 57 30 04 27.
Pour ceux qui font passer le golf au premier plan, il sera préférable de s’adresser à Gérard Pons, l’agence spécialisée en golf et vin à Bordeaux depuis plus de 30 ans. Ce grand professionnel volubile et souriant vous proposera des séjours golfiques tout compris parfaitement étudiés : www.depart-de-bordeaux.fr ou 05 56 42 49 02.
Le Médoc, c’est :
– 8 appellations prestigieuses élevées sur 16 500 hectares : Médoc, Haut-Médoc, Margaux, Moulis, Listrac, Pauillac, Saint-Julien et Saint-Estèphe
– 60 grands crus classés, des crus bourgeois, 44 crus artisans et 8 caves coopératives
– 2 cépages principaux : le cabernet-sauvignon et le merlot, auxquels s’ajoutent principalement le cabernet franc et le petit verdot
– une surface de 50 kms de long sur une largeur de 15 kms
– le vin gardé en cuve de 6 mois à 24 mois avant d’être mis en bouteilles