Un week-end historique et gourmand à Soissons à une heure en train de la capitale
Voici un sympathique intermède dans l’Aisne le temps de réviser son histoire de France à travers quelques surprenants monuments et de faire pause gastronomique au château de Courcelles.
Histoire ou légende : qu’en est-il du fameux Vase de Soissons ?
C’est la première question qu’on se pose en arrivant dans cette ville ; et si on l’oubliait, Soissons se chargerait de vous la rappeler. Conté par Grégoire de Tours au VIe siècle dans son “Histoire des Francs“ l’évènement situe vers 486 date à laquelle Clovis, roi des Francs, vient de gagner une bataille importante contre les Romains. Dans le pillage qui suit les soldats se sont emparés d’un vase d’une grande beauté dans la cathédrale de Reims et Clovis en demande la restitution suite à une requête de l’évêque de la ville. Mais un soldat s’y oppose « Tu ne recevras que ce que le sort t’attribuera » et sur ces mots il brise le vase avec sa hache. Clovis n’a pas oublié l’affront et un an plus tard, passant sa troupe en revue, il brise à son tour le crâne du récalcitrant sous prétexte du négligé de ses armes. « Ainsi as-tu fait du vase de Soissons » …
Un patrimoine encore debout après les blessures de la guerre
Dès les VIe siècle des abbayes sont érigées à Soissons qui devient une importante métropole religieuse. La cathédrale et l’abbaye Saint-Jean des Vignes gardent la mémoire de ces grandes heures tandis que plus tard des hôtels particuliers et de riches demeures apparaissent. Mais l’histoire n’est pas tendre avec la ville qui va souffrir d’abord de l’occupation huguenote en 1567 puis de la destruction d’une partie de son patrimoine religieux durant la période révolutionnaire ce qui causera la vive colère de Victor Hugo lors de son passage dans les lieux. Durant les années suivantes, la ville connait à nouveau la prospérité et s’étend au-delà de sa ceinture de fortifications désormais démantelée. La Grande Guerre a malheureusement raison de huit maisons sur dix et Soissons est ensuite métamorphosée en places, nouvelles, rues et avenues spacieuses où le style Art déco donne désormais de nouvelles lettres de noblesse. Un conseil pour une balade découverte artistique et ludique ? Suivez l’itinéraire proposé par l’Office du Tourisme sur le thème du Street Art à travers 25 portraits de personnages historiques peints sur les façades par l’artiste C215.
Saint-Jean-des-Vignes et la cathédrale, deux rescapées à la fière allure
Fondée au XIe siècle, cette abbaye fut l’une des plus prospères du Moyen Age mais n’a gardé que sa façade à claire-voie flanquée du réfectoire des moines, du cellier et de quelques éléments du cloître. On ose le dire : elle n’en est que plus belle avec ses flèches de 75 mètres tendues vers un ciel qui traverse ce qui fut la grande rosace ainsi que les ouvertures jadis ornées de vitraux. Il faut voir cette façade restée droite et fière, en particulier au lever et au coucher du soleil quand la lumière lui donne vie et la transfigure dans un spectacle irréel. La cathédrale et ses trois niveaux d’élévation de pierre immaculée et de sobriété projette le regard vers les 31 mètres de haut de sa nef. Autre trésor à ne pas manquer dans la nef : L’Adoration des bergers de Rubens.
Mise en jambes au donjon de Septmonts
Il mesure 45 mètres et ses 7 étages content eux aussi toute une histoire depuis le XIVe siècle. A ses allures fortifiées on imagine mal qu’il fut durant des siècles la résidence de plaisance des évêques de Soissons complété par un palais Renaissance que les évêques habitèrent jusqu’au XVIIe siècle. Ce haut et étroit bâtiment qui rappelle la forteresse de Vincennes n’a jamais servi de prison. « C’est la plus saisissante habitation que tu puisses imaginer » écrivait à son épouse Victor Hugo de passage ici avec Juliette Drouet…Il faut en grimper les 160 marches pour admirer la campagne vallonnée et les toits de ce petit village de Septmonts au joli patrimoine.
Château de Courcelles : Charme et raffinement façon XVIIe siècle
Racine, La Fontaine puis Dumas y ont aussi séjourné et Jean-Jacques Rousseau aimait flâner dans les jardins à la française de ce château de Courcelles, dans son parc de 25 ha traversé par un canal bordé d’arbres centenaires. … Vous êtes ici dans une demeure historique au cœur d’une région champenoise qui promet aussi des délices de table savamment orchestrés. La construction du bâtiment date du baron Jacques de la Grange, conseiller du Roi Soleil ; les Demoiselles de Courcelles en feront au XVIIIe siècle un salon artistique et littéraire réputé. Christian Dior y organise plus tard des fêtes somptueuses et Jean Cocteau en dessine, dit-on, l’escalier en fer forgé…
La gastronomie haut de gamme de ce Relais & Châteaux
En 1989 Bernard Anthonioz se porte acquéreur du château de Courcelles et le transforme en un hôtel 4* qui devient Relais & Châteaux en 1992. Dès l’entrée, la beauté et l’ambiance chaleureuse des salons du rez-de-chaussée donnent une idée de la suite. Les 20 chambres toutes différentes dont 8 au château et 12 dans les anciennes dépendances sont magnifiquement décorées. En particulier la luxueuse suite Marie-Louise avec ses deux chambres et salles de bain, son grand salon et son bureau, le tout sur 100m2. C’est dans ce château que Napoléon rencontra sa seconde épouse Marie-Louise d’Autriche d’où le nom de cette suite d’exception. Quant à la cuisine gastronomique du chef Lucas Vannier elle est fidèle aux saisons, au terroir et aux producteurs locaux. En plus des différents menus Prestige, Dégustation, Chasse ou Nouvel an, voici ce que propose le chef pour le réveillon de Noël: Ravioles de tourteaux, Foie gras de canard en habit rouge, Huîtres gratinées au champagne, Saint-Pierre grillé au lard de Colonnata, Chapon eu deux cuissons puis fromages et desserts. Une folie mais Noël le vaut quand on dîne au château de Courcelles !
Pour en savoir plus :
Office de Tourisme du Grand Soissons
www.tourisme-soissons.com
Tél. : 03 23 53 17 37
Château de Courcelles. Relais & Châteaux
8 rue du Château 02220 Courcelles-sur-Vesle.
Chambres : à partir de 205 euros.
Menu Prestige : 70 euros hors boissons
Menu Douceurs : 55 euros boissons et café compris
Menu de Noël : 120 euros hors boissons
www.chateau-de-courcelles.fr