Au Sud-Est de la Tunisie, entre l’île de Djerba et les premières dunes du Sahara, se dresse fièrement le Djebel Dahar, une chaîne de montagnes qui abrite l’âme berbère de la Tunisie.
Un joyau que le pays a redécouvert et choisi de révéler aux amateurs de tourisme authentique et durable.
Le Dahar, qui s’étend entre les gouvernorats de Médenine et de Tataouine, est une terre riche de son histoire, de sa culture et de sa civilisation.
Une terre qui, à la grande époque des routes caravanières, a su s’enrichir du croisement des civilisations. Où, à la fin de la période romaine (146 av. J-C. – 439 ap. J-C.), se sont sédentarisées les tribus berbères venues des plaines environnantes pour y chercher refuge face aux envahisseurs arabes.
Une terre majestueuse, d’une beauté à couper le souffle, qu’ils ont dompter en construisant sur les crêtes des montagnes, des Ksours, des villages fortifiés de type troglodytiques.
En 2021, la Tunisie en collaboration avec Swisscontact a inauguré un itinéraire de randonnée pédestre intitulé « La Grande Traversée du Dahar », qui, sur 194 km permet aux voyageurs de sillonner la région en 12 étapes et d’aller à la rencontre de ses habitants. Les moins sportifs choisiront un circuit “à la carte”, de Ksour en Ksour, à faire seul ou accompagné par un guide natif de la région.
Cette région a une âme, un cœur. Lorsqu’on y arrive, il se passe quelque chose. On comprend qu’on est une infime partie du tableau, on sent sa puissance. Il y a dans ces lieux une sérénité qui vous fait tout oublier.
A 18 km de Tataouine, au détour d’une route sinueuse, se révèle le village de Chenini, perché sur un promontoire rocheux.
Le plus connu des villages berbères de la région semble ne faire qu’un avec la montagne ocre dans laquelle il est littéralement incrusté. Encore habité par une centaine de famille qui vivent dans des maisons troglodytes, le village témoigne de leur ingéniosité à s’intégrer dans cet environnement hostile.
Grâce à des techniques sophistiquées de construction ancestrales, il fait 22° dans ces grottes été comme hier. Une bénédiction sur cette terre brulante où même une sorte d’ingénierie d’irrigation a été pensée.
Il faut prévoir une bonne heure, de bonnes chaussures et de quoi se protéger des morsures du soleil pour découvrir Chenini, son moulin à extraction d’huile d’olive à traction animale, et sa mosquée perchée dont le minaret blanc servait de repère aux caravaniers. A ses pieds, le panorama sur la vallée et les montagnes est spectaculaire.
Dans cette région, il y a très peu d’hôtels. Pour vivre pleinement de Dahar, il est préférable, après avoir parcouru à pied les routes caillouteuses, de faire escale dans les gites ou les maisons d’hôtes.
A une cinquantaine de kilomètres de Chenini, la ville de Beni Khdech accueille le Ksar Jouaama.
Un ksar grenier dont la construction date des alentours de 1770 et qui aujourd’hui, devenu maison d’hôtes, propose aux voyageurs un hébergement troglodytes entre ciel et terre.
Chacune des 12 chambres traditionnelles appelées ghrofas est équipée d’un lavabo et d’une douche. Les toilettes se trouvent dans un bloc sanitaire extérieur et commun.
Le site minimise son impact environnemental en utilisant des sources d’énergie renouvelables et en promouvant des pratiques durables. Notamment au restaurant où une expérience de cuisine locale est proposée.
Non loin de là à Zammour, le gite rural familial Dar Naïm, offre une autre expérience pour un voyage hors du temps.
De nos jours, si la plupart des villages de montagnes sont abandonnés, quelques-uns sont encore occupés. A 38 km de Medenine et 25 km de Matmata, se trouve Toujane.
Un village du 12e siècle qui surplombe un oued et s’étale à flanc de montagne tel un cirque.
Dans les années 70, bon nombre d’habitants ont choisi de partir pour trouver une vie meilleure loin de ces contrées inhospitalières.
Résultat plus de 200 maisons sont en ruine mais malgré tout, il reste dans ce village, au milieu de ces vestiges du passé, quelques familles qui ne sont pas prêtent à renoncer à leur mode de vie ancestral.
Quelques maisons d’hôtes troglodytes accueillent les voyageurs, comme le Dar Fatma, où Fathi et son épouse font découvrir à leurs hôtes, leur quotidien, en leur offrant l’hospitalité et en leur faisant déguster la cuisine traditionnelle berbère.
Ou le Diar Toujane qui lui fait face. De son promontoire, les jours de grand beau temps, il est, dit-on, possible de voir la mer.
Sillonner le Djebel Dahar, c’est partir, loin des standards du tourisme conventionnel, à la rencontre d’un peuple chaleureux, fier de ses racines et heureux d’offrir en partage aux voyageurs de passage, une culture et un peu de la sérénité qui se dégage de la montagne.
+ d’infos :
Fédération Tourisme Authentique Destination Dahar –
Office de tourisme de Tunisie – www.discovertunisia.com