Alicante, ville portuaire de la Costa Blanca se trouve au sud-est de l’Espagne. Sa vieille ville se compose de rues étroites, de maisons colorées et de lieux de vie nocturne.
par Dominique de La Tour
1 De la Sainte Barbe à la Sainte Croix
Depuis les 166m de son piton, la forteresse Sainte-Barbe (Santa Barbara) est la vigie parfaite face à la baie d’Alicante. Son premier rempart n’est apparu qu’au IXe, sous l’occupation arabe. Vous en verrez les trois tours de la partie haute, rehaussées par les chrétiens après la reprise de la ville. Le reste a été hérissé de canons à la Renaissance par l’ingénieur bolognais Giambattista Antonelli, père de l’homonyme qui a planté de forts les côtes de Colombie, du Panama et de Cuba. Pendant la guerre Civile (1936-1939), divers prisonniers ont gravé leurs noms sur les pavés de la plateforme de tir. En quittant la citadelle, longez le chemin de ronde par l’escalier qui rallie le quartier de Sainte-Croix (barrio de Santa Cruz), tout chaulé et piqué de pots de fleurs, et où l’animation nocturne est à son sommet durant la Semaine Sainte.
2 La cathédrale la joue « co »
Construite sur l’ancienne grande mosquée, la co-cathédrale Saint-Nicolas-de-Bari est l’intérieur de style sobre de la Renaissance, gratifié cependant d’une coupole peu banale. Elle porte le nom du saint patron des marins, clin d’oeil à la vieille vocation de la cité. Sa façade nord est blessée par les boulets de canon, tirés par les vaisseaux britanniques lors des querelles maritimes avec les Français. Comme son nom le laisse entendre, la co-cathédrale se partage le pouvoir ecclésial avec son émule d’Orihuela, à 60 km de là.
3 Tabarca est en Espagne !
Après avoir été rachetés auprès au bey, les esclaves de l’île de Tabarqa, en actuelle Tunisie, ont été installés sur cette autre île, à 11 milles nautiques (20 km) d’Alicante et 450 de Tabarqa, leur ancienne terre de souffrance. De là ce sobriquet de Tabarca Nueva. Les murailles de la partie habitée sont rongés par la mer comme un sucre brun. Les portes s’ouvrent sur des récifs et des criques, point de départ pour de la plongée dans la réserve sous-marine, riche en mérous. Le long des rues pleines de petits restaurants et de boutiques d’artisans règne une atmosphère de farniente. Si vous êtes en groupe, ne manquez pas de louer un bateau pour rallier l’île à la voile (2 heures), sinon, plusieurs compagnies de bac (1 h environ depuis Alicante) assurent de fréquentes liaisons.
4 Un nougat à manger… tout rond
Le turron est le nougat du cru, à base d’amandes et de miel. Les Grecs anciens produisaient déjà une pâte semblable avec des noix, qu’on retrouvera au XIIIe siècle à la table des hidalgos : un certain Nougarède (nom prédestiné) a écrit en 7 ans un traité de 8720 pages sur cette gourmandise, sans parvenir à trancher si « turron » était de la même racine que « torréfier » ou venait du « torrone », tour de nougat que le duc de Milan aurait offert à Charles VII – le roi de Jeanne d’Arc.
Peut-être venus des Arabes, le turron est de deux types : tavelé d’éclats d’amandes (comme son rival de Montélimar), il est d’Alicante ; fin et homogène (comme la halwa arabe), il provient de sa voisine, Jijona.
Les deux villes ont leurs ateliers. Certaines n’ouvrent que pour Noël, mais plusieurs se visitent toute l’année, tout comme le musée (www.museodelturron.com). Vous y verrez comment on chauffe le miel, blanc d’oeuf et épices comme la cannelle, grille et broie les amandes, pour en tirer les précieuses et caloriques barres de friandise.
5 Les 200 km de côtes… blanches
Alicante, c’est bien sûr le littoral de sable blanc – la Costa Blanca. Trépidantes, secrètes, sportives, nudistes… il y en a pour tous les goûts. A 8 km du centre d’Alicante, vous trouverez Playa de San Juan et ses dunes blondes, épaisses et fournies. Plus au nord, Playa de Levante est celle de Benidorm et de sa skyline digne de Miami. Station de tous les clubs et restaus, Benidorm, on aime ou on déteste. La plus calme Moraira est recommandée pour les familles : on a beau marcher vers le large, on y a longtemps pied. Vers le roc aux allures gibraltariennes de Calpe, Villajoyosa est aussi appréciée, formant drapeau tricolore avec la mer bleue, son sable clair et ses palmiers verts. Playa del Albir est proche de la ville touristique d’Altea, et des paysages rocheux et sauvage de la Sierra Helada. A vous de découvrir les criques plus confidentielles, celles où l’on plonge avec bouteille ou celles où on se baigne nu.
6 Elche, la dame de la palmeraie
La palmeraie d’Elche rassemble 300 000 palmiers, introduits il y a 2500 ans par les Phéniciens, qui utilisaient les dattes comme vivres pour les longues navigations. Des « palmeros » de cette immense plantation font une démonstration de la cueillette des dattes et des palmes (dont on tresse paniers et objets religieux). Pour rester dans le végétal, le Jardin du Curé (Huerto del Cura) est une des plus agréables attractions botaniques d’Espagne.
Mais Elche est aussi fameuse pour sa dame, tête de pierre aux cheveux tressés en disques, si finement sculptée qu’on l’a d’abord crue réalisée au XIXe. Mais non : la Dame d’Elche était là au temps des Ibères (les Gaulois de l’Espagne…), avant la venue des Romains. Le musée archéologique en présente une copie, avec ses couleurs d’origine. Depuis un demi-millénaire, la basilique Sainte-Marie rend hommage à une toute autre femme : la Vierge. C’est dans le cadre d’une pièce de théâtre mystique (Misterio d’Elche), qu’anime des machineries stupéfiantes et le chant de garçons qui n’ont pas encore mué.
7 Transavia, mode aller-retour
La compagnie aérienne française Transavia propose, depuis Paris-Orly, 3 vols par semaine à destination d’Alicante-Elche jusqu’au 29 octobre. Transavia assurera par la suite 3 vols par semaine (les lundis, vendredis et dimanches). Pour une découverte en profondeur de la région valencienne – à laquelle appartiennent Alicante et Elche, prenez un aller Alicante et un retour Valence – sur Transavia www.transavia.com