Entre ses nombreux châteaux-musées et ses artisans issus de divers milieux artistiques, la Seine-Maritime est un département au fort héritage historique et artisanale.
Par : Elouan Brault
Le château de Bosmelet et sa collection de choix
Le château de Bosmelet construit au XVIIéme siècle à Auffay a été le témoin de nombreux événements, longtemps occupé par le duc de La Force, c’est lors de la seconde guerre mondiale que le lieu a eu une place prépondérante en servant de base stratégique aux Allemands de part ses nombreux arbres (tilleuls et châtaigniers) leurs permettant une grande discrétion dans leurs actions. Malheureusement une partie du bâtiment, depuis reconstruite, fût bombardée en 1944 par ces derniers.
Aujourd’hui c’est un lieu entièrement dédié à l’art et à la culture depuis que le célèbre costumier Alain Germain en est le propriétaire. La demeure au style Louis XIII se dote d’une gigantesque collection d’art du spectacle, chaque pièce regroupe ainsi des toiles, des sculptures de scènes, du mobilier et bon nombre d’objets ayant participé à la mise en scène de grandes représentations. En arrivant dans la pièce centrale du château, vous êtes par exemple accueillis par le cerf de son spectacle « Chassé croisé », dans la pièce d’à côté trône l’un des pianos fétiches d’Arthur Rubinstein, et dans le « Salon rouge » plus d’une trentaine de dessins de costumes lorgnent les murs. Le château jouît donc d’une grande diversité aussi bien artisanale que culturelle et chaque pièce renferme une ambiance et une atmosphère propre au style si particulier d’Alain Germain.
Retour dans le temps au château d’Eu
Le château-musée Louis-Philippe construit à partir de 1578 dans la ville d’Eu a accueilli de nombreuses générations de la famille royale. Propriété de la Grande Mademoiselle (la cousine de Louis XIV) au 17ème siècle, c’est elle qui aménage en grande partie le jardin. Deux occupants ont grandement marqué la vie du château entre 1821 et 1886, Louis-Philippe en a longtemps fait sa résidence d’été avant que son petit fils le comte de Paris ne lui succède. Les nombreuses pièces du château lui redonnent ainsi vie grâce aux différentes décorations issues des générations l’ayant occupé.
Sur toute une partie du bâtiment, la galerie faite de vitraux inspirant la Renaissance permet de faire traverser toute la luminosité dans le couloir donnant sur la terrasse et les jardins. Une des particularités du château réside dans le fait que chaque pièce dispose de ses propres décorations, dans le « petit salon » par exemple le parquet et le plafond datent de l’époque Louis-Philippe mais toute la décoration (mure, plafond) a été faite sous l’époque du comte de Paris par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc. Ce dernier a d’ailleurs effectué beaucoup de travaux dans la demeure avec un style évoquant la Renaissance.
L’alternance de générations est constamment présente car l’ancienne galerie de desserte de la salle à manger de famille de Louis-Philippe fût transformée en office par le comte de Paris. Aujourd’hui elle abrite la grande collection de porcelaine de Louis-Philippe. La salle à manger est également un grand témoignage du choc de générations car elle alterne entre une décoration et des tableaux des époques Louis-Philippe et comte de Paris.
En 1902 lors d’un incendie, la partie la plus luxueuse du château brûlât. Nommée la Galerie de Guise, elle abritait une boiserie murale de grande valeur et toute une série de portraits de famille heureusement retirés avant l’incident. En 2001, la ville d’Eu pût reconstruire cette salle mythique grâce à de nombreuses aides, le plafond, le parquet et les boiseries ont été totalement restitués et une collection de 141 portraits, dont la totalité de la Galerie de Guise recouvre à nouveau les murs.
Dieppe : capitale de l’ivoire
A partir du XVIIème siècle et durant de nombreuses années, Dieppe a été la ville phare du travail de l’ivoire grâce a ses artisans aux mains expertes qui ont permis à la ville de prospérer pendant près de deux siècles à travers le monde.
Le château-musée de Dieppe est aujourd’hui le symbole de la ville, avec sa silhouette très fantasmagorique et son musée d’art et d’histoire qui est l’un des plus ancien de France. Il présente la plus grande collection d’ivoire d’Europe avec plus de 1000 pièces exposées dont 90% sont issues d’ateliers Dieppois.
C’est au travers de nombreuses créations que l’ivoire trouve ses formes, dans le domaine maritime avec ses maquettes de navires, ses statues de marins ou encore ses cadrans solaires, dans le domaine religieux avec ses nombreux crucifies et statues et dans bien d’autres domaines avec des médaillons, des portraits, des bustes mais aussi des râpes à tabac. Il faut savoir que chaque objet arbore une variété et un style de motif propre au sculpteur et à sa pâte graphique. Et si vous avez soif de connaissance, le musée dispose d’une collection de livres nommés « Les cahiers de l’ivoirerie » regroupant par thème tous les objets exposés (religion, médaillons, maquettes de navires …)
Non loin du musée se trouve encore dans la ville de Dieppe deux artisans ivoiriers. L’un d’eux, Monsieur Ragault, travaille l’ivoire depuis 60 ans et au sein de son petit atelier, des dizaines de sculptures complètent le vieux mobilier et les vitrines. Il utilise différents types d’ivoires afin de réaliser ses créations car chacun a ses attributs, et lorsqu’on lui demande combien de temps il lui faut pour mettre une pièce en œuvre, il répond avec passion : « vous rentrez dedans et ne savez pas quand ça va s’arrêter ».
Le Tréport et ses artisans
Situé en bord de Manche le Tréport constitue avec Eu et Mers-les-bains les « trois villes sœur ». Elle se démarque beaucoup de ses consœurs grâce à son quartier pêcheur atypique fait de petites rues étroites et parallèles et comportant les fameuses maisons de pêcheurs au style bien particulier. Le Tréport était à l’époque surtout, la ville ouvrière du trio et de nombreux artisans exerçaient leur art. Aujourd’hui encore, certains métiers perdurent comme ceux de la céramique et du verre et la ville garde des traces de cet héritage passé.
Le premier métier nous emmène dans l’atelier de Madame Bulcourt, céramiste et peintre elle est surtout restauratrice depuis trente ans. Son travail consiste à reconstituer et/ou remplacer les éléments endommagés d’une œuvre de céramique (céramique architecturale, façade, objets). Son atelier se situe dans sa maison de pêcheur où elle travaille la terre sous forme plastique ou liquide, qu’elle cuit ensuite à sa guise afin d’obtenir du grès, de la porcelaine ou de la faïence. C’est elle qui pose ses plaques de céramique, le plus souvent ornées de motifs végétaux renvoyant à l’art nouveau.
L’art du verre lui se distingue en deux types de métiers, le perlier tout d’abord travaille à l’aide de baguettes de verre transparentes, opaques ou translucides et d’un chalumeau. C’est le métier de Monsieur Marey qui façonne au sein même de sa boutique des perles de verre depuis presque trente ans maintenant. Pour ce faire, il fait chauffer le bout d’une baguette à l’aide de son chalumeau afin de faire entrer le verre en fusion, ses lunettes aux verres didymium lui permettent de se protéger des rayonnements nocifs pour les yeux. Pour assurer le bon déroulement d’une création, le verre ne doit pas descendre sous les 500°C, et lors du modelage d’une perle il l’a dépose sur une baguette en cuivre ou en acier nommée mandrin et y ajoute ensuite des motifs à l’aide de fines tiges de verre préparées au préalable. Une fois une production terminée, il l’a recuit dans un four adapté entre 480°C et 510°C en vue de donner de la stabilité à la matière, pour éviter la casse par exemple.
L’autre métier est celui de souffleur et c’est dans l’Atelier du Verre que vous pourrez venir y voir Monsieur Cocuel manier ce matériau et découvrir ses créations de vases, fleurs et flacons en tout genre. Artisan depuis 2004, c’est à l’aide d’une canne qu’il travaille en allant chercher une paraison (masse de verre) dans un four contenant le verre à 1100°C. Il le manipule ensuite à l’aide de divers outils et le nom de souffleur vient du fait qu’il doit souffler dans la canne dans le but de galber le verre à sa convenance. Pour terminer une œuvre, il la place également dans un four de recuisson jusqu’au lendemain matin.
Les bonnes adresses :
Se loger :
Domaine de Joinville
95 route du Tréport – 76260 Eu
02 35 50 52 52
www.domainejoinville.com
Se rassasier :
L’O2 Mer
101 boulevard de Verdun – 76200 Dieppe
02 35 86 57 42
Le Magellan
Quai François 1er – 76470 Le Tréport
02 35 06 07 28
http://restaurant-lemagellan-letreport.com