On peut ici aimer dans la magie d’une cité inimaginable, où se côtoient la folie des grandeurs, le plaisir des meilleurs shows, le rêve de faire fortune aux jeux, le besoin de divorcer ou l’envie de se marier, ou les deux dans la même journée.
Oui. On peut arguer que la construction du Hoover Dam dans les années trente – à l’époque le plus grand barrage du monde – a sérieusement modifié la répartition naturelle de l’eau entre le Nevada, l’Arizona, et la Californie d’une part (qu’il alimente généreusement), et le Mexique d’autre part (les indiens Cucapas, qui vivaient de la pêche dans le delta du Colorado, ne reçoivent plus du fleuve, en aval, qu’un dérisoire filet). L’assèchement du Lake Mead, l’immense retenue du barrage avec ses 900 km de rivage, aura-t-il lieu à moyen ou court terme, comme le prétendent les Cassandre ? L’avenir, seul, le dira. Et Las Vegas n’y sera sans doute pas étrangère, consommateur extrême et exponentiel de cette eau, miraculeuse pour la plaine désertique écrasée de chaleur où la ville s’est implantée.
Oui. On peut aussi aimer plonger dans la magie d’une cité inimaginable, où se côtoient la folie des grandeurs, le plaisir des meilleurs shows, le rêve de faire fortune aux jeux, le dépit d’avoir en réalité tout perdu, le besoin de divorcer ou l’envie de se marier, ou les deux dans la même journée. C’est d’ailleurs par là que tout a commencé, à la fin du dix-neuvième siècle, quand le Nevada s’est montré plus tolérant que d’autres états dans la gestion du couple. Dès lors, l’Amérique entière est venue ici, dans ce no man’s land aux portes de la Vallée de la Mort, pour arranger ses petites affaires sentimentales. Et fêter le tout en jouant.
Après une réputation sulfureuse, Las Vegas s’est refait une image de parc d’attractions, familial et démesuré, où chaque hôtel rivalise d’imagination, de taille, de shows, de boutiques, pour attirer le client. Le Caesar’s Palace, le Venitian, le Paris et sa tour Eiffel, le Wynn, le MGM, le Bellagio et son lac de Côme, ou encore le tout dernier venu (inauguré début décembre 2009 après un investissement de près de dix milliards de dollars) le CityCenter, sont de véritables villes dans la ville. C’est là que la magie opère. Sous des plafonds peints en ciels provençaux, ici vous longez la réplique d’un canal de Venise avec ses vraies gondoles, là vous arpentez les ruelles de Montmartre au son de l’accordéon, ailleurs vous contournez des fontaines romaines ornées de statues géantes. Sans oublier, absolument partout, des slot machines (bandits manchots), tables de roulettes, salles de pari urbain, salons de poker, et autres lieux qui donnent le faux espoir de s’enrichir à bon compte. Au fil de sa promenade d’hôtel en hôtel, on s’y arrête un moment pour dépenser quelques billets ou quelques liasses, comme on flânerait de boutique en boutique un après de shopping.
Aller à Las Vegas pour s’amuser, c’est bien. Y aller pour se marier c’est mieux. Nul besoin de bans à publier, inutile de prévoir à l’avance le détail des festivités. Débarquez pour un week-end prolongé avec vos amis les plus proches. Installez-vous dans l’hôtel de votre choix (le Louxor présente incontestablement un des meilleurs rapports qualité-prix). Et hop ! En trois coups de fil (à une agence de limousine, à une chapelle, à un restaurant), cérémonie réussie à coup sûr. Pour un budget allant de moins de cinq cents dollars à plusieurs milliers en fonction des options choisies (évènement filmé, retransmission Internet en direct, présence d’un faux Elvis, vin d’honneur, smoking et robe de mariée, « oui » prononcé en plein ciel dans une montgolfière, tour d’hélicoptère au dessus du Grand Canyon, restaurant de luxe par un chef français étoilé, etc.).
On peut s’unir à Vegas pour de vrai (avec certificat valable en France), pour de faux (ceux qui veulent continuer à vivre dans le pêché…), pour célébrer dix ans de mariage (ou davantage), pour pouvoir dire fièrement quand on est gay « je suis marié », pour le fun du voyage et du kitsch, pour le faire en voiture (service drive-up wedding), ou pour toute autre raison qui sera de toute façon la meilleure !
Bernard Thomasson
Conseils pratiques
Pour se marier à Las Vegas, évitez le 14 février ou le 31 décembre, les deux jours les plus prisés. Chaque année 100 000 couples se passent la bague au doigt dans la ville des casinos.
Le prix de base d’une cérémonie est d’environ 250 dollars. Ce prix comprend la mise à disposition de la chapelle pour une vingtaine de minutes, un bouquet aux mains de madame et une fleur à la boutonnière de monsieur, un jeu de six photos, et le livret de mariage. Il faut rajouter 50 dollars pour le pasteur qui préside la cérémonie.
Pour obtenir un certificat officiel (30 dollars), les deux prétendants doivent d’abord se présenter en personne au Bureau des Licences, 200 South Third Street, ouvert 24h sur 24h.
Une cinquantaine de chapelles existent à Las Vegas. Celles des grands hôtels présentent l’avantage de la proximité et de la rapidité. C’est plus sympa de vivre l’évènement dans une des petites églises de pierre et de bois qui subsistent ça et là des années soixante. Celles-là même qui ont vu passer Elvis Presley, Franck Sinatra, Jane Fonda, Paul Newman ou plus récemment Jon Bon Jovi.
Une limousine pour 8 personnes commence autour de 200 dollars pour deux heures. La voiture vient vous chercher, vous et vos amis, à l’entrée de votre hôtel, vous conduit à la chapelle, vous attend, effectue la descente du Strip, et vous dépose au restaurant.
Pour dîner, le choix de manque pas. Les chefs français ne sont pas absents. Joel Robuchon au MGM, Guy Savoy au Caesar’s Palace, ou Daniel Boulud au Wynn, sous leur nom. Alain Ducasse au « Mix », de The Hotel, derrière le Mandalay, ou Laurent Tourondel au « BLT Burger » du Mirage.
Sites utiles
L’office du tourisme américain :
http://www.usatourist.com/francais/places/lasvegas/weddings.html
Une liste de chapelles :
http://www.wedinvegas.com/chapels.html
Sites de Las Vegas :
http://www.lasvegas.com/weddings/
http://www.vegas.com/weddings/
Quelle ville pleine de surprises!On s’en prend plein les yeux!
@+, Stef