L’Estival de la Bâtie fait vibrer son château du 5 au 21 juillet en cœur du Forez
Musique, théâtre et danse vont animer comme chaque année le domaine de la Bâtie d’Urfé auquel un grand humaniste sut jadis donner une âme à la fois médiévale et Renaissance.
Deux personnalités marquantes pour un château aux parfums d’Italie
Belle histoire que celle de cette famille qui s’illustre ici au XVIè siècle quand Claude d’Urfé hérite des lieux, métamorphosant la bâtisse médiévale de ses ancêtres en un manoir raffiné. L’homme est proche de François 1er qui l’a nommé représentant diplomatique auprès du Concile de Trente puis ambassadeur auprès des papes à Rome. A l’occasion de ses voyages en Italie, il se laisse séduire par l’art de vivre, la pensée et les réalisations artistiques de cette Renaissance qui peu à peu trouve en France la prospérité qu’on sait. Son château est singulier car il célèbre l’union harmonieuse de l’élégance à l’italienne avec la rigueur et la symétrie française. Trois corps de logis y incarnent les trois styles de l’époque : rigueur militaire de l’ancien corps de garde, classicisme du bâtiment central et double loggia à colonnes avec plafonds à caissons et rampe d’accès de style Renaissance. A la base de la rampe, un sphinx, symbole du savoir et de la sagesse, ouvre la voie selon le précepte humaniste “Tu as la connaissance en toi“. Deux générations plus tard son petit-fils, Honoré d’Urfé et auteur de L’Astrée en 1627, écrira le premier roman français, qualifié de “roman des romans“ pour sa longueur et sa complexité. Y sont illustrés les amours d’Astrée et de Céladon, deux bergers du Forez dont l’histoire évolue entre mésaventures amoureuses, ambitions politiques et perfidies en tous genres. Un vrai roman fleuve avant la lettre qui fera date dans la littérature française.
Un château inspiré par l’amour d’une femme
La Bâtie d’Urfé est aussi l’écrin voulu par Claude d’Urfé pour sa femme Jeanne de Balsac. D’où la beauté des peintures italianisantes et des ornements le long des salles à hauts plafonds. De même que la grotte de rocaille dont le modèle vient tout droit de la villa Médicis à Rome pour un peu de fraîcheur dans l’ambiance fantastique de ce petit univers païen. La statue du dieu Pan près de la fontaine orchestre les quatre saisons, les nymphes et les faunes en coquillages, galets de rivière et sables de couleur. On accède ensuite au monde divin par la porte qui donne dans la chapelle aux plafonds et murs peints par des maîtres italiens. Un itinéraire initiatique qui se prolonge dans les seize parterres de buis et d’ifs disposés en symétrie dans le jardin Renaissance, autour de sa jolie rotonde protégeant la fontaine, le tout étant clos de murs crénelés…
L’Estival de la Bâtie fête sa huitième édition pour petits et grands
Cap cet été sur la Méditerranée dans une programmation parrainée par Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel. Pour les jeunes, des “spectacles en herbe“ sont prévus ; le soir les créations revisitent les grands classiques et font la part belle à Berlioz, Dvorak, Ravel avec un honneur particulier rendu à un grand pianiste parmi les grands, Georges Cziffra, et à La Flûte enchantée de Mozart version concert. Pour la danse, la Jeune fille et la mort de Schubert sera accompagné par 10 danseurs, le Faune de Debussy, le Boléro de Ravel et le Sacre du Printemps de Stravinsky seront également chorégraphiés. Et côté musiques méditerranéennes, flamenco, folk et tango alterneront avec les spectacles de cirque, le théâtre et toutes sortes d’animations.
Les charmes du département de la Loire à découvrir dans les parages
Il serait dommage de ne pas pousser jusqu’à la Loire qui est encore assez sauvage dans les parages. L’occasion de grimper jusqu’au petit village de Saint-Victor-sur-Loire pour son promontoire sur une boucle du fleuve dont il est aussi possible de remonter les méandres protégés jadis par des donjons et des châteaux forts. Lors d’une petite croisière en bateau électrique on évolue dans le plus complet silence et sous le vol des Grands ducs et autres rapaces endémiques. A quelques encablures, Montbrison, capitale des Comtes de Forez et de la fourme du même nom a, elle aussi, une belle histoire à conter avec sa Tour de la Barrière, son couvent des Visitandines, sa collégiale Notre-Dame d’Espérance et son étonnante salle héraldique de la Diana dont la voûte gothique et ses 48 caissons encadrent les écussons successifs des suzerains du Forez. En contrepoint de ces richesses historiques dispersées dans le département, Saint-Etienne la discrète mérite un arrêt prolongé car cela fait deux siècles qu’elle brille pour ses innovations. Désignée par l’Unesco Capitale du Design, elle fourmille de créativité, en particulier lors de sa biennale créée en 1999, et apporte de nouveaux services et une esthétique contemporaine à la société locale. De quoi faire de belles balades pour en apprécier les réalisations avant de pousser les portes du MAM, le musée d’art contemporain de la ville dont la réputation dépasse les frontières hexagonales. On y assiste entre autres et jusqu’au 16 septembre à une exposition intéressante de Jean-Michel Othoniel.
Pratique :
Visiter :
– Estival de la Bâtie
www.lestivaldelabatie.fr
– Croisières dans les gorges de la Loire en Forez :
www.croisières-gorges-loirs.fr
– MAM, Musée d’art moderne de Saint-Etienne
http://www.mam-st-etienne.fr
Déguster :
L’Amphitryon à Saint-Galmier. Le chef se distingue pour ses plats raffinés remarqués par le Michelin.
Tél. : 04 77 56 33 39
Dormir :
Hôtel la Charpinière**** à Saint-Galmier. Beau domaine et restaurant gastronomique à 20mn de Saint Etienne.
www.lacharpiniere.com