Il commence quand les autres ont rangé leurs masques et leurs costumes et s’ébranle au plus noir de la nuit en 500 formations qui défilent en rangs disciplinés avant de s’égayer en plein jour dans les rues de la ville pour la joie des milliers de carnavaliers.
Dans une ambiance irréelle et des instants suspendus le Carnaval de Bâle rompt le silence et l’attente au son des tambours et des fifres.
Un spectacle unique avant le lever du jour
Est-ce l’effet de la Réforme en ces terres protestantes, un défi aux carnavals du Mardi Gras qui se terminent tous avant les restrictions du Carême ? Le fait est que depuis des lustres le carnaval de Bâle commence quand les cloches du Carême catholique ont déjà sonné, précisément le lundi après le mercredi des Cendres. C’est ce qu’on appelle ici le Morgenstraich, le défilé de minuit qui lance officiellement le Carnaval. Un moment époustouflant qui mobilise la ville entière et des milliers de visiteurs autour de la Marktplaz dès 4h du matin quand il fait encore nuit.
Classé au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2017 il est profondément inscrit dans la tradition locale mais rejoint aussi l’esprit des carnavals du monde pour lesquels ces jours de folie font depuis toujours office de catharsis profonde en secouant les structurations sociales, culturelles et morales et permettant ainsi un retour apaisé à l’ordre imposé.
Les premiers moments, magiques et envoûtants, sur Marktplatz
Pour ne rien manquer de ces réjouissances magiques il faut vous lever tôt ou ne pas vous coucher du tout car si vous n’êtes pas sur la place du Marché à 4h tapantes au moment où toutes les lumières de Bâle s’éteignent, quand sonnent les cloches de l’église Saint-Martin et que retentit le cri “Morgenstraich“, vous allez manquer le moment le plus fort du carnaval. L’idéal est de vous glisser à temps dans la foule compacte pour dégoter une vue en étage dans l’un des cafés de la place d’autant qu’on vous y sert petits déjeuners et soupe chaude.
Le défilé des 500 “cliques“ commence alors. C’est le nom de ces formations précédées chacune de tambours et de piccolos suivies de grandes lanternes peintes aux motifs humoristiques, politiques, caricaturaux ou plus traditionnels portées sur des chars, puis de leurs carnavaliers masqués et costumés. Le spectacle se poursuit le temps que toutes les cliques aient défilé au rythme très discipliné d’une même musique lancinante…
Quand les cliques se dispersent dans les rues
C’est alors que chaque clique suit son propre chemin, investissant aux premières heures du jour les rues de la ville dont les vitrines apportent chacune leur part personnelle au décor et à l’ambiance de la fête. Ce défilé innombrable rompt alors avec l’ordre du précédent et se perd dans la foule qui reçoit au passage des milliers d’oranges, de bonbons, de roses, de brins de mimosas et des poignées de confettis qui finiront par recouvrir le sol d’épais tapis. C’est aussi l’occasion pour les touristes de découvrir la beauté de la Vieille ville dont certaines façades très anciennes donnent une valeur supplémentaire à la balade.
Sur les chars les masques satiriques et grotesques, les chansons humoristiques créent l’effervescence qui se poursuivra jusqu’au mercredi matin, le mardi étant le jour des enfants, avant de s’éclipser jusqu’à l’année prochaine. Mais n’oubliez pas que vous êtes en Suisse : le lendemain de la fête plus un seul confetti ne traîne dans les rues, l’ordre est revenu.
Les grands musées de Bâle à ne pas manquer
Le Kunstmuseum est un incontournable absolu pour ses collections prestigieuses, plus de 300 000 œuvres du XVe au XXe siècle auréolées par les plus grands peintres su monde. Parmi eux Brueghel, Rembrandt, Rubens, le plus important ensemble d’Holbein mais aussi Cézanne, Courbet, Delacroix, Gauguin, Renoir… Pour vous mettre dans l’esprit du Carnaval c’est au grand Musée des Cultures dédié à l’ethnologie qu’il faut aller pour un aperçu en particulier des costumes, lanternes, masques et instruments de musique du carnaval de Bâle avec à l’appui des documents historiques et des images vivantes de l’animation carnavalesque.
Autre incontournable, le musée de grès rose signé par l’architecte Mario Botta et dédié à l’artiste suisse Jean Tinguely. Plus de 70 sculptures et machines faites d’objets de récup s’animent grâce à d’ingénieux moteurs électriques et sont accompagnées de sculptures de Niki de Saint Phalle qui fut sa compagne. La Fondation Beyeler vouée à l’Art Moderne et accessible par tram en 30mn est un point d’orgue pour tout amateur d’art. Dans le sobre bâtiment conçu par Renzo Piano deux expositions majeures ont lieu en ce moment : La Clef des Songes qui rassemble les chefs d’œuvre surréalistes de la collection Hersaint et Lumières du Nord, des paysages peints dans les régions boréales entre1880 et 1930. Jusqu’aux 4 et 25 mai 2025.
Pour en savoir plus :
Se renseigner :
www.basel.com/fr/office-de-tourisme
Y aller :
Paris-Bâle se fait en TGV LYRIA direct. Durée : 3h
Dates du Carnaval :
Du lundi qui suit le mercredi des Cendres au mercredi matin.
Visiter :
Le Musée des Cultures
Münsterplatz 20 Tous les jours sauf lundi de 10à 17h
www.mkb.ch/fr.html
. Le Kunstmuseum. Musée des Beaux-Arts
St Alban Graben 16. Tous les jours sauf lundi de 10 à 18h
kunstmuseumbasel.ch/fr/kunstmuseum-basel
. Le Musée Jean Tinguely
Paul Sacher Anlage 2. Tous les jours sauf lundi de 11à 18h
https://www.tinguely.ch/fr.html
. La Fondation Beyeler
Baselstrasse 101. Tous les jours de 10 à 18h
www.fondationbeyeler.ch/fr/accueil
Dormir :
Le Mövenpick Basel ****S.
Certifié Grreen Globe, idéalement placé en centre-ville, chambres très confortables avec vue.
Aeschengraben25
movenpick.accor.com/fr/europe/switzerland/basel/hotel-basel.html
Se régaler :
. Löwenzorn. Un restaurant historique et pittoresque de la vieille ville qui mêle à sa carte des plats traditionnels et une cuisine inventive et légère.
Gemsberg 2
www.loewenzorn-basel.ch