La ville natale de Picasso et ses vingt-huit musées annoncent la naissance de leur petit dernier, El Cubo, un Centre Pompidou “provisoire“ dont les collections multiples sont à découvrir face à la mer.
Par Catherine Gary
Le cube de verre et d’acier habillé par Daniel Buren de grands carreaux colorés dresse ses angles droits sur fond bleu méditerranée. Puits de lumières changeantes, il vous réserve par beau temps un accueil arc-en-ciel en sous-sol avant la découverte des salles inaugurées en mars dernier selon un parcours thématique permettant d’apprécier, dans un mélange des genres et des époques, Picasso, Chagall, Bacon, Calder, Brancusi, Hélion ou Magritte mais aussi un ensemble de créations et d’installations plus contemporaines. Malaga est la première cité européenne que le Centre Pompidou a choisie pour installer cette nouvelle formule, dite “provisoire“, c’est à dire pendant au moins cinq ans, après quelques années d’expositions vagabondes hors ses murs. Un choix justifié par la vaste offre culturelle dans ce digne berceau de Picasso qui consacra il y a quelques années déjà un musée remarquable à l’artiste à deux pas de sa maison natale, ouverte elle aussi à la visite.
Si les infrastructures du Cubo ont été aménagées par la ville, l’accrochage des œuvres devant changer tous les deux ans est sous contrôle actif du Centre Pompidou qui garde la main sur la présentation d’une centaine de propositions représentatives de ses choix en art moderne et contemporain. De même pour les deux expositions temporaires qui vont se succéder chaque année, la première étant consacrée au peintre catalan Miro. Brigitte Leal, commissaire chargée de l’accrochage des collections amis aussi de la danse, du cinéma et de la vidéo, précise qu’elle souhaite « donner à voir les multiples facettes de la représentation moderne et contemporaine. Retourner le miroir de l’image pour le tendre au spectateur et le plonger dans l’imaginaire de son temps ».
On ne résiste pas à la sortie au plaisir de la balade préférée des Malagueños, le long du Palmeral tout proche, une promenade aux arcades futuristes animées par la fraîcheur des palmiers et la succession des terrasses ombragées où il fait bon rêver face à la mer en sirotant l’emblématique manzanilla, agrémentée de tapas. Un vrai régal en début de soirée. La cité andalouse se découvre à pied, au hasard des places parfumées d’orangers, le long des façades aux couleurs chaudes et changeantes selon les heures de la journée, dans le dédale des ruelles. Elles vous réservent la surprise des boutiques typiques du flamenco – robes à volants, castagnettes, peignes et dentelles – et d’antiques bodegas où déguster du bout des doigts jambon de pata negra, chorizo et toutes sortes de fromages…
Au détour des monuments réhabilités vous découvrez le patrimoine de cette capitale de la Costa del Sol fondée par les Phéniciens, occupée par les Romains, les Byzantins, les Arabes et au final par les Chrétiens. Au pied de l’Alcazaba, la forteresse surplombant la mer, le théâtre romain et la cathédrale Renaissance apparaissent au détour du dédale des ruelles à l’ambiance andalouse. Dans la rue Marquès de Larios, c’est Malaga qui pavoise dans une enfilade de boutiques où les marques internationales se succèdent dans le digne alignement des bâtiments néo-classiques datant du siècle dernier. Ici on aime les contrastes et la tradition côtoie avec bonheur la modernité.
Mais à Malaga, on rend d’abord hommage au maître incontesté des lieux : le génial Picasso dont on peut suivre la trace sur la place de la Merced dans sa maison natale, toute empreinte de l’éducation traditionnelle de son enfance, jusqu’au très beau musée qui lui est consacré : plus de deux cents peintures, dessins, sculptures et céramiques illustrant son œuvre prolifique depuis les débuts académiques jusqu’aux peintures des années soixante-dix. Ces chefs d’œuvre sont accrochés dans les douze salles du palais de Buenavista au remarquable patio andalous du XVIe siècle, un bâtiment que Picasso avait souhaité de son vivant pour accueillir plus tard ses œuvres dues aux donations de Christine Ruiz-Picasso, belle-fille de l’artiste et de Bernard Ruiz-Picasso, son petit-fils. Un trésor inestimable et incontournable qui justifie à lui seul la découverte de la ville.
Pratique
Y aller :
Air Europa. 3 vols directs quotidiens au départ de CDG
www.aireuropa.com
Prix variables selon le départ.
Visiter :
– El Cubo, Centre Pompidou de Malaga
Muelle Uno, Puerto de Malaga
www.centrepompidou-malaga.eu
– Fundacion Picasso, maison natale
Plaza de la Merced
www.fundacionpicasso.es
– Musée Picasso
Palacio de Buenavista. C/San Agustin
www.museopicassomalaga.org
Se régaler :
– El Pimpi : Une bodega traditionnelle haute en couleurs et incontournable pour la qualité de ses plats traditionnels dans l’ambiance andalouse
www.elpimpi.com
– Castillon de Gibralfaro : le charme d’un parador avec vue sur la ville et la mer !
On y déguste des tapas, du poisson et toutes sortes de classiques revisités avec maestria
www.parador.es/fr/paradores/parador-de-malaga-gibralfaro
Dormir :
Hotel MS Maestranza****
Avenida de Canovas del Castillo
Bonne adresse à deux pas de El Cubao, du port et de la promenade du Palmeral, animée en été.
www.www.mshotelses.com/paginas/hotel-maestranza?htm