L’île la plus orientale de la Méditerranée a longtemps suscité les convoitises. Romains et Byzantins, Templiers, Vénitiens, Turcs et Anglais l’ont occupée d’où les traces multiples qui forment aujourd’hui sa belle identité.
Texte et photos Catherine Gary
Sur la côte sauvage du sud, tout près de Paphos, un rocher semble défier la mer. C’est là, de l’écume blanche fécondée par Ouranos que naquit jadis Aphrodite, la déesse dont la beauté enflamma la Grèce antique. La déesse est protectrice et son île est fertile, d’où l’attachement ancestral de tout un peuple à ce mythe fondateur. Les combats furent rudes ici pour défendre le sol natal ; les derniers en particuliers quand les Turcs débarquèrent il n’y a pas si longtemps, en 1974. Avec, à l’issue des affrontements, des milliers de morts, des personnes déplacées, des blessures à soigner et un tiers de Chypre à céder à la Turquie. Aujourd’hui encore, une “ligne verte“ sépare les deux communautés apaisées, faisant de Nicosie la dernière capitale d’Europe divisée.
A Paphos, sur la côte sud, on plonge loin dans le passé au point que les siècles rejoignent l’éternité des mythes. Dans ce joli port aux terrasses animées se dresse en bout de jetée la forteresse des Lusignan, l’une des plus riches familles françaises à qui les Templiers cédèrent l’île au XIIIè siècle. Un peu plus loin, des vestiges de la ville romaine dispersés dans vaste champ d’oliviers semé d’asphodèles et de mandragores, plantes aux vertus magiques, ne restent que des ruines. Mais 5 maisons du IIIe siècle, inscrites au Patrimoine mondial, conservent un ensemble exceptionnel de mosaïques épargnées par les tremblements de terre qui détruisirent plusieurs fois la ville.
On admire dans la maison de Dionysos une bonne trentaine de mosaïques déclinant au sol les hauts-faits des dieux de l’Olympe. A quelques kilomètres, les tombes monumentales romaines soutenues par des colonnes sont creusées à même le roc. On y descend prudemment avant de se faufiler dans le labyrinthe des salles armés d’une lampe de poche.
Direction ensuite le centre de l’île. Vers les Troddos, des montagnes qui grimpent à 1951 mètres jusqu’au mont Olympe. Surprise à l’arrivée : nous sommes déjà en mai et, si près de la douceur marine, les enfants se livrent à de joyeuses batailles de boules de neige skis aux pieds. Alentours, le patrimoine byzantin tient la vedette : 10 églises orthodoxes inscrites au Patrimoine mondial réservent la surprise de leurs fresques et de leurs icônes après avoir franchi le seuil de leurs humbles bâtisses. A Saint Nicolas du Toit, la plus ancienne de l’île, on distingue à peine la coupole sous le toit couvert de mousse mais à l’intérieur, les peintures du IIè siècle couvrant les murs sont un choc esthétique unique. Quant aux icônes, c’est au musée Byzantin de Nicosie qu’il faut aller pour se faire une idée de l’évolution des techniques sur plus de 1 000 ans. Vierges à l’enfant, Christs en majesté, scènes de la Bible….
Le labyrinthe des ruelles de la vieille ville mène presque inévitablement au check point, la fameuse “ligne verte“ qu’il est possible de traverser avec des papiers en règle le temps d’une journée côté turc. On peut aussi se contenter de longer les remparts qui servent de frontière entre les deux “camps“ et gardent les stigmates de combats violents : fenêtres aveugles ou condamnées à l’aide de sacs de sable, barbelés, maisons abandonnées… à quelques kilomètres seulement des plages de sable blanc et du rocher d’Aphrodite, la déesse de la beauté.
Que cela ne vous empêche pas de savourer les mezze, faits maison la plupart du temps pour un moment de partage chaleureux. Sur la table, les entrées froides d’abord : salade de sésame, hommos, tzaziki, tarama. Puis les plats chauds, boulettes aux aubergines, poivrons farcis, souvlakis, calamars frits, poulpe accompagné d’épinards. Les desserts sont variés et, surprise agréable, peu sucrés. Le tout accompagné d’un petit Xeres ou d’un Commandaria, vin mythique à la robe d’ambre foncé.
Pratique :
S’informer :
– Ambassade et consulat :
23, rue Galilée 75116 Paris
Tél. : 01 47 20 86 28. Une carte d’identité suffit pour les ressortissants de l’Union européenne.
– Office de tourisme de Chypre :
www.tourisme-chypre.fr
15, rue de la Paix 75002 Paris
Tél. : 01 42 61 42 49
Y aller :
Cyprus Airways opère 6 vols directs par semaine jusqu’au 31 octobre depuis Paris CDG. Idem pour le retour.
www.cyprusairways.com
Tél. : 01 45 01 93 38
Où dormir :
– Hôtel Méridien, à Limassol, sur la plage, pour goûter aux charmes du raffinement chypriote, ne serait-ce qu’une nuit.
www.cyprus.lemeridien.com
– Hôtel Aphrodite Beach
Petit hôtel familial, dominant une plage de rêve, où règne le calme et l’hospitalité traditionnelle ! Le parc de l’Akamas tout proche est un but de randonnées. Voir avec Héliades.
Où manger :
– Maistraliko à Chypre pour un impressionant repas de mezze et la gentillesse des hôtes.
Tél. : 722 51 12 12
– Tavern Seven Saint-Georges, fréquentée par les Chypriotes pour son ambiance familiale, son excellente cuisine aux produits exclusivement maison et la gouaille de Yiorgos, le patron.
www.7stgeorgestavern.com