Plovdiv est la seconde ville de Bulgarie, étalée de part et d’autre de la Maritsa, une rivière devenue familière à l’oreille des Français, quand Sylvie Vartan, en fit une chanson.
Située à 135km au Sud Est de Sofia, capitale de la Bulgarie, Plovdiv mélange sans complexes tous les bonheurs, heures de gloire, malheurs, et autres stigmates de son Histoire.
Tantôt berceau des Thrace, peuplade raffinée de l’Antiquité, tantôt Romaine, elle devint Cité Ottomane et Musulmane, puis Orthodoxe avant de connaître sa période Soviétique.
Avec tant d’histoire en son sein, Plovdiv cultive les paradoxes architecturaux, mais ne manque pas de charme, le tout baigné d’une certaine nonchalance à la Grecque, sa voisine toute proche. Une porte du Sud des Balkans en quelque sorte.
C’est la plus vieille ville d’Europe, avec des installations de populations estimées datant de 6000 ans avant Jésus Christ. Connue comme étant la ville aux sept collines, mais qui n’en possède plus que six aujourd’hui, Plovdiv a vu les civilisations et autres occupants se succéder dans la conduite de la Cité.
Et c’est sans aucun doute à cause de cette incroyable richesse, historique et patrimoniale, que Plovdiv, seconde ville de Bulgarie par sa taille et sa population a été retenue comme Capitale Culturelle Européenne pour 2019.
Le centre ville de Plovdiv se distingue en trois parties principales.
Il y a bien sûr la ville nouvelle ou ville contemporaine, percée d’avenues et d’artères par où transite l’essentiel du trafic routier. C’est là que se trouvent les plus grands témoignages urbains et architecturaux de l’ère stalinienne et soviétique. Bâtiments un rien austères, ensembles d’habitations collectifs, mais aussi des parcs et jardins disséminés tels un patchwork fait de verdure et de béton. Cette ville est humble et laborieuse teintée d’« Ostalgie* » sans doute.
Ici où là, on trouve tout de même un musée des Antiquités, les restes d’une église Byzantine, ou encore un pont galerie commerçante, entièrement recouvert, pour enjamber la Maritsa.
Mais le cœur de la ville, c’est la vieille ville avec le « Vieux Plovdiv » ou plutôt les deux Vieux Plovdiv. Bienvenue dans le quartier de Kapana surnommé en anglais ‘the Trap’ (le piège :ndlr) la ville basse, en grande partie animée par un secteur piétonnier. C’est une longue rue qui serpente sous une double rangée d’arbres à l’ombre protectrice, sur ses bords, on dénombre une multitude de petits commerces, de cafés – bars aux terrasses accueillantes (c’est peut être là qu’est le piège), et au beau milieu de la rue, une foire artisanale de Printemps (uniquement), où se mêlent artisans, artistes et créateurs pour le plus grand plaisir des badauds.
Plovdiv se découvre au fur et à mesure que l’on arpente ses rues piétonnes pentues, ce qui fait dire qu’en remontant une colline on remonte aussi le temps.
Ici, un Café Turc dans une ancienne mosquée, là les restes d’un stade romain où athlètes et gladiateurs faisaient leur show. Puis au détour de ces ruines romaines, étonnamment bien conservées, on fait un bond dans le futur avec des galeries commerçantes très occidentales, des cafés restos branchés aux terrasses secrètes, quasi privatives, où le temps n’a pas de prise.
Mais le meilleur est à venir, lorsqu’on gravit les pentes raides, pour ne pas dire très raides du vieux – vieux Plovdiv. Des rues pavées, un rien chaotiques, mais au charme certain. Des maisons de maîtres, de seigneurs et de riches marchands ottomans, souvent pourvues de vastes jardins en terrasses. Des maisons colorées à étages, toutes de bois vêtues et bien embellies de multiples fenêtres et jalousies pour voir sans être vu.
A découvrir et visiter ces maisons de maîtres, on comprend la vie de cour en miniature qui s’y déroulait. On assiste voyeur à la vie de l’homme public, qui se jouait à tel étage, à celui où la famille avait droit de cité, et aussi aux alcôves ou certaines favorites n’avaient qu’un droit être au service de leur maître et amant.
Enfin, il y a le théâtre antique construit à la fin du 1er et au début du IIème siècle de notre ère. Il domine la ville Sud de Plovdiv et fait face à la chaîne des Rodopi. Construit sous le règne de l’Empereur Trajan, les combats de gladiateurs et les jeux de chasse s’y déroulaient devant 6000 spectateurs. Restauré en 1981, il ne peut aujourd’hui en accueillir que 3500, mais il a trouvé sa place dans les programmations culturelles de Plovdiv la Magnifique.
Ainsi, on comprend mieux le choix de Plovdiv comme Capitale Culturelle Européenne en 2019, confirmant ainsi la devise de la ville : « Plovdiv, une touche d’art et d’histoire ».
© Richard BAYON.
* Ostalgie : néologisme donné par certains ex-Allemands de l’Est à leur nostalgie de ne plus appartenir au Bloc Soviétique a l’état providence.