Dans les champs du Brabant, sur la route de Bruxelles à Charleroi, un tyran sur le retour voulut battre l’armée levée contre lui. Il échoua, faute d’avoir suivi ses propres axiomes. Comme tous les cinq ans, 2000 figurants rejoueront la partie, les 18, 19 et 20 juin – en avant-première du bicentenaire de 2015 !
« Ce n’est que I’affaire d’un déjeuner », qu’il disait… Avec 90 % des chances de son côté, Napoléon a pourtant fait le faux-pas décisif. Avec ses 60 000 hommes et 15 000 cavaliers, contre les 50 000 fantassins et 10 000 cavaliers alliés de Wellington – plus les 50 000 Prussiens du vieux Blücher -, ce n’est pas qu’une question d’effectifs : déjà malade de l’estomac, l’empereur est sujet à la somnolence. Il n’aura aura de cesse de transgresser ses propres règles.
L’affaire commençait plutôt bien. Appliquant son fameux : « La guerre offensive n’exclut pas l’attaque », le « Petit Chapeau » décide de défaire les deux chefs ennemis en les engageant séparément. C’est son célèbre art de « battre l’ennemi en détail ». Le 15 juin 1815, il s’en prend d’abord aux Prussiens de Blücher qui sont sévèrement rossés à Ligny, au sud-est de Waterloo. Au tour des Anglo-néerlando-allemands de Wellington, qu’il entreprend à Quatre-Bras, plus au sud. Mais l’affaire piétine.
« Les mezzo-termine perdent tout à la guerre » : suivant son propre adage, Napoléon envoie Grouchy pour en finir avec les Prussiens, qu’il n’a que débandés. Mais alors qu’on les croit en déroute à l’est, ils se reforment à l’ouest, à Wavre, et déjà donnent rendez-vous à Wellington au carrefour du Mont-Saint-Jean, là où la route de Bruxelles bifurque vers Charleroi et Nivelles.
Les schakos comptent double
Le 17 juin, Wellington place donc ses troupes de part et d’autre de la chaussée. En avant-poste, il a fait fortifier trois fermes (que l’on visite toujours) : Hougoumont, la Haie-Sainte et Papelotte – ainsi que l’auberge de la Belle-Alliance, qui donnera son premier nom à la bataille. Le 18 juin, à 11 h 30, l’empereur envoie des troupes légères le débarrasser d’Hougoumont, qui risque de gêner le tir de l’artillerie qui prépare l’attaque principale sur le carrefour. La ferme résiste.
A 13 h 30, les tambours français battent la charge. L’assaut général a été décidé. Chacun met son shako au bout du fusil pour donner l’impression qu’on est deux fois plus, et fonce sur les alliés qui, eux, font l’inverse : ils ont mis à plat ventre, les deux tiers des hommes, derrière les collines, pour faire croire qu’ils sont trois fois moins (tout est détaillé avec des plans, à l’ancien quartier général anglais, au village de Waterloo même)…
Après avoir avancé pas top mal, les assaillant se rendent compte qu’ils ne sont qu’au début de leurs peines, d’autant que l’artillerie est fortement protégée derrière des remparts de terre. Où est le principe bonapartien selon lequel « Il faut attaquer tout ce qui est en marche, et non dans une position trop supérieure » ? S’ensuivent dix heures d’acharnement – entendez de « boucherie » ! Napoléon compte bien sur Grouchy pour le tirer du guêpier… Mais quand enfin des soldats se profilent au nord-est – ce sont ceux de Blücher.
Mourir sur un air de Spontini
Contrarié dans ses calculs, le despote n’a d’autre recours que de faire « donner la Garde » – le corps d’élite qu’il s’est habitué à n’envoyer que pour conclure en beauté une victoire. La victoire, on en est loin ! Hachée par les boulets et les charges de cavalerie, l’armée française est réduite au fameux dernier carré. Un carré ? en réalité, une quinzaine de triangles hérissés de baïonnettes. Au milieu d’eux, la musique joue le Fernand Cortez de Spontini, et un certain général Cambronne s’agite. Il n’a jamais dit « La Garde meurt mais ne se rend pas », inventé pour masquer le très grossier « mot »… qu’il ne prononça pas davantage. Mais c’est lui qui galvanise ses collègues prêts à déposer les armes : « Mourrons plutôt : tant que nous nous exterminerons les uns les autres, « il » aura le temps de se sauver ! ».
« Mon empire, pour une carriole ! » Oui, Napoléon est en fuite, laissant 7000 morts et 20 000 blessés derrière lui. Les Alliés en ont presque autant : 5000 et 18 000. Dans l’attaque, le prince d’Orange lui-même a été touché (à cet endroit, on érigera en 1821 la fameuse butte, avec le lion des Pays-Bas ; à l’intérieur, un panorama de 110 m montre la bataille à 16 h). Mais alors que la bataille a eu lieu entre les communes voisines de Lasne et de Braine, c’est le nom de Waterloo qui va devenir illustre : le village où Wellington a son QG, et où il signe le communiqué – qui en fait, avant l’heure « I’Homme du 18 juin ».
Dominique de La Tour
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