Ville d’armateurs, de conquêtes et de batailles intestines, Gênes est la république de toutes les passions. De Christophe Colomb à Renzo Piano, celle qui s’est construite sur une division, n’a jamais cessé de bâtir son histoire. Entre un passé impressionnant et un futur à réinventer : weekend à Gênes.
Ce lundi 4 août, la ville retient son souffle. L’inauguration du nouveau pont Saint-Georges, là pour remplacer celui qui s’était effondré presque deux années plus tôt, crée comme un léger malaise. Entre fierté nationale et tristesse de mise, le pont, signé par l’architecte Génois Renzo Piano, doit redonner espoir à une ville qui pleure encore ses 43 morts. Espoir mais aussi commodité car la ville, depuis lors, comme divisée en deux, se pratiquait fort mal.
Ceux qui se sont déjà rendus dans la capitale de la Ligurie le savent bien. Le paysage architectural de la ville peut parfois se donner des airs de galimatias qu’il est bien difficile de saisir. Enclavée entre mer et montagnes, la ville de Gênes à toujours souffert de ce manque d’espace. Qu’à cela ne tienne, elle s’est alors construite à la verticale et tout en couleurs. Vers le haut pour parer à cet espace qui faisait grand tort à son expansion et en couleurs pour donner des signets, visibles de la côte, qui manquaient à ces marins venus de toutes parts pour commercer avec la ville. Puis ce fut l’heure de dépasser les remparts et de marquer un peu plus les classes, les notions d’oriente et de ponante naissaient alors.
Aujourd’hui se promener dans l’enceinte de la ville sur les anciennes vicoli (ruelles étroites typiquement génoises) est comme filer le long des pages de son livre d’histoire. Née au Moyen-Age et réformée en République Oligarchique en 1528 par Andrea Doria, la vieille citta se dévoile sous les traits délicieux d’un labyrinthe de palazzi. Normal pour celle qui fut dirigée par vingt-huit familles dont aucune ne voulait céder le pouvoir à l’autre. De fait, point de centre dans Gênes mais des repaires sous formes de statues, sculptures, bas-reliefs ou peintures qui indiquent à l’œil initié dans quel albergo (quartier dans lequel vivent plusieurs familles liées par le sang ou intérêts communs) l’on se trouve. Point d’orgue s’il en faut un, la Via Garibaldi, celle que Madame de Staël appelait « la rue des rois et la reine des rues », véritable concentré de beautés architecturales, là où les familles les plus riches construisirent les plus beaux édifices de la ville.
De palazzo en palazzo, l’on se régale à voir défiler sous nos yeux le passé de cette ancienne République, la fidèle ennemie de celle de Venise, et encore plus aujourd’hui grâce aux quatre itinéraires digitaux créés par l’office de tourisme. Une action qui en emboite bien d’autres tant la ville semble avoir fait vœu de redorer toujours, tous ses blasons. Développements urbains et touristiques (téléphérique pour accéder au vieux fort, réhabilitation des anciens silos Hennebique, développement du front de mer incluant le projet Palasport…), restaurations d’anciens palais et évènements de grande ampleur (Ocean Race reportée en 2023 et Euroflora) montrent combien Gênes, cité géniale de la Renaissance italienne, ville-test de l’architecture mussolinienne est aussi, comme toujours, une capitale formidablement moderne.
A proximité…
A quatre kilomètres de là… Le petit quartier résidentiel de Boccadasse et sa plage de galets, cet ancien village de pêcheurs devenu au fil des années une destination très en vogue et dont les maisons colorées s’arrachent aujourd’hui à prix d’or. Passage obligatoire au Cafe Il Genovese, membre organisateur du Championnat International de Pesto (qui se tient tous les deux ans au Palazzo Ducale), spécialité de Ligurie datant du XIXème siècle, dont l’indétrônable recette DOC (l’AOC italien), est toutefois perpétuellement réimaginée.
A 9 kilomètres. Nervi, rattachée depuis 1926 à la ville de Gênes, est aujourd’hui l’un des quartiers les plus résidentiels de la ville. L’on y vient pour la beauté de ses parcs inscrits dans d’anciens jardins de villas privées, la promenade Anita Garibaldi construite le long de la côte rocheuse, ainsi que pour le musée d’Art Moderne de la Ville et la précieuse collection privée du Raccolte Frugone.
Où Dormir
Au Palazzo Grillo. Situé au cœur de la vieille ville, à deux pas du quartier du Portico Antico, le Palazzo Grillo est un nouvel hôtel au style fermement contemporain. Niché au sein d’un palais de la Renaissance italienne, il est à ce titre une sublime opportunité de vivre sa parenthèse génoise dans une des 43 adresses des Palazzo Rolli (liste de palais génois inscrits au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO depuis 2006), avec en sus, un service affable et un petit déjeuner de produits frais, bio et locaux.
A l’Hôtel Bristol Palace. Hotel au charme Art Nouveau hyperbolique, le Bristol Palace est un des grands classiques de la ville. Récemment rénové, des chambres jusqu’aux salons de l’hôtel, le lieu exulte les charmes d’une grande dame dont les modes sont loin d’être passées, confort et services soignés à l’appui. A noter, son escalier monumental qui servit d’inspiration à Alfred Hitchcock, qui séjourna ici, pour son film Sueurs Froides.
Où diner
Restaurant 20 Tre : Dans un décor moderne, aux tons de beige et or, ce restaurant situé dans le quartier historique, ne sert qu’une carte soigneusement limitée de spécialités culinaires de la région. C’est précis et extrêmement bien exécuté, comme ces Fettuccine au pesto, la spécialité du chef qui fut d’ailleurs récompensé en 2018 pour son pesto de haute voltige.
Restaurant The Cook al Cavo : Avec ses fresques signées Bernardo Strozzi, et son esprit de picolo palazzo, la salle de restauration du Cook al Cavo est l’écrin parfait de la subtile cuisine étoilée d’Ivano Ricchebono. Inspirés par les produits de la mer (essayez les Taglioni à l’encre de seiche et sa sauce bergamote ou la bouillabaisse au poisson frit), les plats imaginés par le chef sont soignés et méthodiques, servis avec la manière, entre haute élégance et ductile légèreté.
Restaurant Soho : Une adresse branchée située en plein cœur du quartier historique, le Soho est un bar à vins, un restaurant mais aussi poissonnerie et de fait une excellente adresse pour déguster des mets imaginés autour des produits de la mer. Recettes liguriennes et au-delà à l’appui, entre ravioles de crevettes rouges et Tortelli de potiron de Mantoue.
CARNET
Office de Tourisme de Gênes, http://www.visitgenoa.it/fr/homepage
Galleria d’Arte Moderna, www.museidigenova.it/en/museum/gallery-modern-art-gam
Raccolte Frugone, www.museidigenova.it/en/museum/frugone-collections
Hotel Palazzo Grillo, www.hotelpalazzogrillo.it
Hotel Bristol Palace, www.hotelbristolpalace.it/fr
Restaurant 20 Tre, www.ristorante20tregenova.it
Restaurant The Cook Al Cavo, www.thecookrestaurant.com
Restaurant Soho, www.ristorantesoho.it/en_soho_genova.htm