Parcourez les paysages jalonnés de châteaux et les parcs paisibles du Bade-Württemberg
Le Bade-Wurtemberg regorge de sites culturels et historiques d’une beauté étonnante. Les châteaux de la région invitent les curieux à la découverte d’une histoire riche et d’un patrimoine soigneusement entretenu. Lors d’une immersion dans ce passé riche, ne manquez pas d’allier votre visite avec un moment de gourmandise et détente dans les parcs de châteaux bucoliques.
La grande diversité des châteaux-forts et châteaux du Land trouve son origine dans son passé feudal. Jusqu’à la création du Grand-Duché de Bade et du Royaume de Wurtemberg au début du 19e siècle, la région était constituée d’une multitude de petites seigneuries et de territoires où chaque seigneur régional voulait vivre conformément à son rang.
Alors qu’au Moyen-Âge, on résidait dans des châteaux fortifiés sur les crêtes, les souverains de la Renaissance et de l’époque baroque appréciaient le confort de vastes châteaux. L’époque romantique vit finalement la redécouverte du Moyen Âge et la construction de châteaux historicisés qui peuplent aujourd’hui notre imaginaire.
Immersion dans l’histoire avec nos 5 sites coup de cœur
Le monastère de Maulbronn : joyau du Moyen-Âge
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO il y a 30 ans, Maulbronn est l’un des ensembles monastiques médiévaux les mieux conservés au nord des Alpes ! Il s’agit d’un témoignage impressionnant de l’histoire de l’architecture médiévale, culminant au début du 15e siècle.
Avis aux amateurs de vins : Maulbronn possède aujourd’hui à nouveau un « vignoble monastique ». On peut le visiter et déguster ses vins cisterciens historiques ainsi que les ravioles « Maultaschen » typiques lors de visites guidées en été.
L’histoire du monastère débute au 12e siècle quand l’église du monastère fut construite en style roman. Le début du 13ème siècle voit l’introduction d’un nouveau style – le gothique, avec un maître d’œuvre venu de France. Ce maître d’œuvre dont le nom nous n’est pas parvenu construit notamment le porche de l’église, appelé Paradis. D’autres projets de construction gothiques suivent : le réfectoire des hommes, certaines parties du cloître, ainsi que la fameuse maison des fontaines du monastère. L’église et les parties plus anciennes sont réaménagés au 15e siècle dans le style gothique tardif.
Au siècle suivant, le monastère fut sécularisé par les ducs de Wurtemberg ce qui a lui a permis de rester dans sa structure médiévale. Une école y est installée au 16ème siècle, elle existe encore aujourd’hui et a formé au fil des siècles quelques célèbres élèves comme l’astronome Johannes Kepler ou l’écrivain Hermann Hesse.
Tout au long de l’année 2024 le monastère célèbre 30 ans d’inscription au patrimoine mondial avec des conférences et un symposium scientifique au printemps, une journée du patrimoine mondial le 2 juin, ainsi que la Journée des portes ouvertes le 6 octobre avec l’entrée gratuite.
Château et parc de Weikersheim : charme baroque
Le château de Weikersheim et son jardin baroque sont une perle au centre de la vallée de la Tauber (Taubertal), un paysage charmant entre le Bade-Wurtemberg et la Bavière. C’est le point de départ idéal pour découvrir la vallée et ses belles pistes cyclables qui mènent vers un autre bijou : le château résidentiel de Mergentheim.
Avis aux épicuriens : la vallée se vante de 1.000 hectares de vignes ! Au château de Weikersheim vous avez l’occasion (sur réservation) d’allier la visite du château avec un piquenique féodal dans un décor bucolique sous les citronniers et les orangers. Le jardin baroque de Weikersheim, avec ses fontaines, ses statues et son orangerie est un site incontournable dans la région.
Le château fut reconstruit à la fin du 16e siècle par le couple de comtes Wolfgang II et Magdalena von Hohenlohe. Des parties de l’ancien château d’eau furent conservées, notamment sa tour caractéristique. Les Hohenlohe font construire la fameuse salle des chevaliers, ainsi que la magnifique façade du château avec ses pignons caractéristiques donnant sur le jardin. Le plan du château est une véritable rareté architecturale : il s’agit d’un triangle ! La première moitié du 18ème siècle voit l’arrivée du style baroque. Le comte Carl Ludwig et son épouse Elisabeth Friederike Sophie font construire des pièces somptueuses ainsi qu’une élégante esplanade côté ville avec des constructions en forme de compas. La visite propose une véritable immersion dans l’art du sud-ouest de l’Allemagne qui va de la Renaissance au baroque, faisant revivre au visiteur le quotidien des siècles passés.
Ludwigsbourg : centre de gravitation politique
Ici, les férus d’histoire politique revivent des moments forts, pendant que les amateurs d’architecture découvrent un chef-d’œuvre d’art scénique. Ancien pavillon de chasse, devenu temporairement centre du pouvoir des ducs et des rois de Wurtemberg, puis résidence de campagne du duc Eberhard Ludwig, le site est transformé au début du 18e siècle pour accueillir des nouvelles ailes et annexes.
Les successeurs du duc retournent ensuite dans leur ancienne ville de résidence, Stuttgart, mais Ludwigsburg reste à leur disposition comme résidence alternative. Sous le duc Carl Eugen, qui organise des fêtes somptueuses dans un faste absolutiste, le théâtre existant est transformé en chef-d’œuvre d’art scénique.
Au-delà des fêtes, le château conserve son importance politique. Le duc Frédéric et Napoléon y négocient l’accession du Wurtemberg au rang de royaume. La nouvelle constitution du royaume est proclamée par le roi Guillaume dans la salle des ordres du château en 1819 : le Wurtemberg devient une monarchie constitutionnelle. Cent ans plus tard, les révolutionnaires de 1919 adoptent dans la même salle la nouvelle constitution de l’État populaire du Wurtemberg.
Après la Seconde Guerre mondiale, le château de Ludwigsburg redevient un lieu d’échanges franco-allemands : en 1962, le président de Gaulle y prononce son célèbre « Discours à la jeunesse allemande », dans lequel il expose les bases de la nouvelle amitié entre les pays voisins en conflit. Quelques mois plus tard, il signe avec le chancelier allemand Adenauer le traité de l’Élysée à Paris. En 2012, le président Macron et la chancelière Merkel se rendent au château pour célébrer le 50e anniversaire du traité ainsi que l’entente franco-allemande.
Aujourd’hui, le site d’Heuneburg est un musée en plein air où le visiteur peut se plonger dans la vie de nos ancêtres celtes. Un séjour dans le paysage bucolique et pittoresque de la Haute-Souabe permet de concilier immersion dans l’histoire antique et excursions dans la nature autour du site et du lac de Constance tout proche.
Avant que les Romains ne conquièrent le monde connu, les Celtes dominaient une grande partie de l’Europe occidentale en construisant des villes et des cités qui n’avaient rien à envier à leurs homologues méditerranéens.
L’une de ces villes fut Pyrène, mentionnée par le premier historien grec Hérodote il y a 2500 ans, aujourd’hui connue sous le nom de Heuneburg. Située sur une colline juste au-dessus du Danube, près de Sigmaringen, la cité bénéficiait de relations commerciales étendues. Les fouilles témoignent en effet d’un riche échange commercial autour du vin avec Marseille et l’Italie, ce qui portait temporairement le nombre des habitants de la ville à 5000 personnes, l’équivalent d’Athènes à l’époque!
La puissance et la richesse de la ville se manifestent par des constructions représentatives, comme la porte massive à l’entrée de l’avant-château ou le mur en briques d’argile, unique à l’époque dans la région, réalisé d’après des modèles du bassin méditerranéen. La grande importance de Heuneburg est également mise en évidence par les somptueux objets funéraires en ambre ou en or trouvés lors des fouilles.
Château et jardin de Schwetzingen : faste baroque
Découvrez l’un de plus impressionnants parc de châteaux d’Europe à mi-chemin entre Mannheim et Heidelberg : Schwetzingen, résidence d’été du prince Carl Theodor. Né en 1724, il hérita à seulement 18 ans de la principauté autour du Rhin et du Neckar et marqua durablement la région jusqu’à sa mort plus d’un demi-siècle plus tard.
Sa résidence et capitale fut Mannheim, où il possédait l’un des plus grands châteaux baroques d’Europe et se consacra en particulier à la promotion des sciences et des arts. Il accorda toutefois une attention particulière à sa résidence d’été, Schwetzingen, où il entretenait un impressionnant parc pendant l’été. Pour l’aménager, il fit appel à deux paysagistes de renom : Nicolas de Pigage et Friedrich Ludwig von Sckell, qui développèrent le parc au cours de la deuxième moitié du 18e siècle. Formés en France et en Angleterre, ils agrandirent le jardin baroque existant en l’entourant d’un jardin paysager à l’anglaise, qui se caractérise par de nombreuses statues, des jeux d’eau et une architecture de jardin.
En 2024, la région Kurpfalz (le Palatinat électoral) fête le 300e anniversaire de la naissance du prince. A l’occasion du jubilé, la ville de Schwetzingen propose différentes activités autour du château, comme une grande exposition du 27 avril au 27 octobre et l’illumination de la façade du 1er au 5 novembre.
Plaisirs culinaires entre murs historiques
Que l’on vibre au son d’une musique douce résonnant dans le parc d’un château de style romantique, ou bien que l’on se promène dans un parc à la splendeur baroque, il est possible de profiter de moments de détente et gourmandise dans de nombreux sites historique du Bade-Wurtemberg. En sirotant un apéritif ou en dégustant des amuse-bouche locaux, le visiteur peut vivre un véritable voyage dans le temps qui instruit et ravit les papilles.
Fans de bière ? L’abbaye d’Alpirsbach offre un cours de brassage afin de découvrir quel goût avait le Moyen-Âge. Au château Tettnang, le goûter « Kaffeekränzchen » fait revivre l’époque féodal autour de la table ronde de la salle Bacchus, avec des tasses baroques et des couverts dorés. Le château de Gamburg, toujours habité, vaut le détour : on y découvre les fresques « Barberousse », datés autour de 1200, considérées les plus anciennes fresques profanes au Nord des Alpes.
Lors de l’apéritif dans le suggestif parc baroque, avec ses palmes et autres plantes exotiques, vous êtes accueillis avec une petite coupe et un amuse-bouche avant de découvrir la petite galerie de nains inspirés par le graveur Jacques Callot. Rendez-vous sur l’île aux fleurs de Mainau, où un restaurant éphémère vous ouvre la salle à manger du château baroque normalement fermée au public. Quatre plats « carte blanche » aux produits régionaux y sont servis, accompagnés d’anecdotes sur les anciens châtelains.