D’ Avignon à Uzès, en passant par Orange, la Vallée de la Cèze et le Pont du Gard, balade plein Sud de vieilles pierres en paysages enchanteurs.
« En entrant à Avignon, on se croit dans une ville d’Italie… La vue qu’on a du haut du rocher des Dons est l’une des plus belles vues de France : à l’est, on découvre les Alpes de la Provence et du Dauphiné, et le mont Ventoux ; à l’ouest, on suit une grande partie du bassin du Rhône.
Je trouve que le cours de ce fleuve donne l’idée de la puissance ; son lit est parsemé d’îles couvertes de saules : cette verdure n’est pas bien noble, mais, au milieu de ce pays sec et pierreux, elle réjouit les yeux. Au delà du Rhône et des ruines du fameux pont d’Avignon dont il emporta la moitié en 1669, s’élève un coteau, que couronnent Villeneuve et la forteresse de Saint-André ; leurs murs sont entourés de bois et de vignobles. Le Comtat est couvert d’oliviers, de saules et de mûriers tellement serrés, qu’en certaines parties ils font forêt… »
Quel plus bel éloge que celui d’un touriste nommé Stendhal, à la gloire d’une des rares villes françaises à avoir conservé ses remparts et son centre historique, évidemment classé Patrimoine mondial. Tel Victor Hugo, combien d’autres voyageurs à la plume fertile ont-ils été inspirés par « l’admirable ville, qui a quelque chose du destin de Rome, quelque chose de la forme d’Athènes. Ses murailles, dont la pierre est dorée comme les ruines augustes du Péloponnèse, ont un reflet de la beauté grecque. Comme Athènes, Avignon a son Acropolis ; le château des papes est son Parthénon ».
Des pierres éternelles qui, du Palais des Papes à l’ensemble épiscopal, font de cette cité l’un des joyaux d’une contrée occitane où il fait bon musarder, entre champs de lavande et oliviers, sur de petites routes souvent ombragées de platanes qui prennent encore le temps de tourner et de grimper. Trois jours peuvent suffire pour faire le plein de patrimoine et s’oxygéner les yeux dans cette Provence occitane dans laquelle il faut plonger, sitôt la belle Avignon savourée.
Le mieux est de gagner le nord… du Gard et de faire étape « Entre vigne et garrigue », du second nom de l’enchanteresse Maison Chenet, à Pujaut, où il fait bon se fondre dans le paysage pour une soirée gourmande avec vue, autour d’une cuisine à quatre mains qui a l’accent du coin. Meilleur Ouvrier de France, Serge Chenet et son fils Maxime Chenet y subliment des produits triés sur le palais.
« Nous sommes là dans un pays de cocagne », se réjouissent les chefs étoilés, dont le répertoire rime avec terroir, l’huile d’olive du cru, médaillée d’or au dernier Concours Général Agricole, étant subtilement déclinée jusque dans l’un des desserts, version fraises et olives confites autour d’une glace à l’huile d’olive et de sa madeleine à la tapenade. Mais si, de tomates caramélisées en sorbet au hareng fumé et nage de homard à la réglisse, les Chenet s’aventurent volontiers hors des senteurs battus, leur « Menu Inspiration père et fils » témoigne d’un classicisme revisité qui fait l’unanimité. De soupe de foie gras et cappuccino de verveine en carré et canon d’agneau de Provence aux herbes des garrigues, on se régale d’autant plus que l’accord mets et vins en rajoute au festin. Classée parmi les 100 meilleures caves de France, celle des Chenet vous met le Sud à la bouche dans des centaines d’expressions.
Cinq chambres cosy et un gîte raffiné invitent évidemment à y prolonger le plaisir des mets et, dès le petit dej’- piscine passé, à battre la campagne jusqu’à ce village de Tavel qui, forcément, vous met le rosé à la bouche. Son lavoir aux douze colonnes, , sa fontaine à « embuguer » les tonneaux et son quartier des jardins à l’arrosage insolite, y justifient une balade apéritive.
Cap ensuite sur Orange, son arc de triomphe et son théâtre antiques, le mieux conservé d’Europe, notamment pour son mur de scène, où s’épanouit chaque soir « L’Odyssée sonore ». Equipé d’un casque spatialisé relié à un smartphone, le spectateur en libre déambulation y vit une férie en « son binaural en 3D », sur le thème de la mythologie antique. De places ombragées en ruelles d’atmosphère, la Cité des Princes s’apprécie aussi sous le soleil. Celui qui, en repartant à l’ouest, inonde la secrète Vallée de la Cèze, dont la nature impétueuse et douce à la fois se révèle un coin de paradis pour les amateurs de tourisme vert, autour de certains des « plus beaux villages de France ». De La Roque à Goudargues et Montclus, du pittoresque qui en met plein la vue, avant de gagner Uzès, étape essentielle de cette escapade au sommet.
Au sommet ? En l’occurrence celui de l’ex-premier duché de France. Je vous recommande d’ailleurs d’y passer la nuit en vous laissant tenter par l’un des hôtels de charme du centre ville d’Uzès. Vous aurez ainsi le temps de découvrir avec pas moins de quarante bâtiments inscrits aux Monuments Historiques, dont nombre de façades des XVIe et XVIIe, cette cité médiévale enchante le regard à l’ombre de ses ruelles et des platanes de sa superbe place aux Herbes bordée d’arcades. Laquelle aboutit, à un jet de bouchon, de « Trésors des vignes », où Jean-Michel Richaud, sacré « caviste de l’année 2023 » par la Revue des Vins de France, ses rayons éblouissant les œnophiles les plus éclairés avec plus de 1200 références, dans une centaine d’appellations.
Pas mieux pour y prévoir la vie en rosé en vue d’un pique-nique avec vue, à 20 mn de là, dans l’un des sites les plus emblématiques d’Occitanie. Au pied de ce millénaire Pont du Gard exceptionnel par ses trois rangées d’arches superposées. Chef-d’œuvre du génie créateur humain, cet aqueduc colossal fut construit par un millier d’hommes en seulement cinq ans. Le site mérite une mention très bain pour l’eau de ce limpide Gardon, avant de s’offrir un dernier apéro dans la sérénité du village perché voisin de Castillon-du-Gard, sur une place où les anciens du pays ne se lassent pas de voir passer les touristes.
De quoi se rappeler les « Notes d’un voyage dans le midi de la France », écrites en 1835 par un voyageur lettré : « Les Provençaux semblent ne regarder leur maison que comme un lieu d’abri temporaire où il est ridicule de demeurer quand il fait beau. »
https://maison-chenet.com/fr/
www.tourismegard.com
www.tresorsdesvignes.com