Des milliers de lanternes sont lâchées sous le ciel étoilé chaque année en février pour accueillir le Nouvel an chinois. Et nul doute qu’il sera prospère sous le signe du singe drôle et rusé qui saura déjouer les pièges d’une époque troublée.
Un lancer multicolore depuis la nuit des temps
Déjà sous la dynastie chinoise des Han (206 av. J.-C.) les lanternes lumineuses s’envolaient vers les esprits flottant sous le halo de la nouvelle lune telles des messagères nocturnes. Elles informaient aussi, dit-on, les villageois environnants de l’imminence d’un danger… Ils courraient alors se mettre à l’abri des pillards. Les temps bien sûr ont changé mais ces croyances populaires, ces superstitions colorées ont gardé une part de leur intensité. On lance vers le ciel ses vœux et espérant qu’ils seront réalisés. De belles occasions aussi de faire la fête dans une effervescence collective en accueillant de la plus jolie façon la nouvelle année.
A Pingxi perdure la plus romantique de ces fêtes nocturnes
Les gens affluent de partout dans ce gros village de montagne aux cascades renommées. On se se bouscule gaiment le long de l’étroite voie ferrée qui grimpe sur la colline et si le train arrive en ralentissant, pas de problème on le laisse passer avant de reprendre sa place sur les rails pour l’envol de sa lanterne en papier. Là aussi, si le lâcher d’une lanterne avertissait jadis les villageois de la fin du danger, le jeu consiste aujourd’hui à choisir sa lanterne selon les couleurs porteuses de la chance espérée : rouge pour la bonne santé, rose pour l’amour, jaune pour la richesse et ainsi de suite… Une fois gonflée, on y inscrit ses vœux avant d’en enflammer l’étoupe. La lanterne s’envole alors vers le ciel emportant avec elle les soucis de l’année avant de se consumer et de partir en fumée.
Taoyan, reine incontestée de la fête cette année
Durant dix jours, la place centrale chapeautée de gratte-ciel s’est transformée en un Luna Park scintillant et animé. Pendant les mois précédents, les dizaines d’associations locales ont mis la main à la pâte en fabricant les immenses effigies lumineuses de leurs icônes préférées. C’est ainsi qu’on se balade au gré des travées entre représentations traditionnelles et emblèmes de la culture contemporaine. Ici un Bouddha gigantesque, symbole de prospérité ; un peu plus loin un Christ en majesté avec offrande au passage d’une bible en version anglo/chinoise, de quoi risquer une approche linguistique comparée…Voilà maintenant un farouche cavalier perché sur un cheval qui se cabre flanqué des héros de mangas et d’Hello Kitty comme il se doit. Etonnant syncrétisme que ces effigies dominées bien sûr par le singe, signe du calendrier chinois à l’honneur cette année. De temps en temps sa lanterne s’anime en clignotant de mille circuits électriques et d’une savante technologie. En ce nouveau cycle lunaire, le roi incontesté de la fête c’est bien lui ! Et il annonce une année propice aux changements…
Wu Dun Hou, vénérable maître des lanternes
C’est à Lukang, petite ville aux rues étroites menant au vieux temple de Longshan, lui aussi décoré pour l’occasion de rouges lanternes, que se cache la discrète boutique de ce vieil homme aux airs de sage confucéen. Sa main tremble un peu quand il vous montre les créations qu’il conserve avec amour mais la passion est toujours là et s’il fait pour la photo le geste encore de peindre, on comprend vite que sa dextérité est une histoire passée. Mais peu importe, l’homme demeure. A 90 ans, Wu Dun Hou est le gardien de l’art de peindre les lanternes dans l’antre magique où quelques touristes viennent lui rendre hommage en achetant d’autres lanternes désormais décorées par son fils, humble héritier du talent du maître dont la renommée fut couronnée en 1988 “Trésor national pour l’Artisanat taïwanais“.
Pratique
Y aller
Eva Air, la compagnie taïwanaise propose des vols directs Paris-Taïpei 4 fois par semaine.
www.evaair.com
S’informer :
www.taiwantourisme.com
Wu Jung Luan
505-63 Chungshan road. Lukang
Lire :
Guide Petit Futé