L’hébergement de charme, est-il compatible avec randonnée pédestre ? telle est la question que se sont posées les agences de voyage Terre d’Aventure et Voyageur du Monde pour imaginer le concept rando-lodge. L’idée : marcher à la découverte d’un pays ou d’une région sans avoir à porter ses bagages et s’arrêter en fin de journée dans une maison d’hôte confortable où il fait bon se ressourcer. De quoi enthousiasmer les amoureux de nature et de marche à pied qui au fil des années sont prêts à troquer le sac à dos et la tente contre une chambre dans une hacienda au cachet pittoresque plantée dans un décor à couper le souffle.
Aux pieds des sommets enneigés de l’Équateur, la vie s’écoule entre les vestiges de la conquête espagnole et les traditions indiennes bien ancrées dans le roc. Pour goûter l’âme de ce pays andin, rien de mieux que d’emprunter les chemins sillonnant les pics vertigineux de la cordillère et de s’arrêter dans les villages et les haciendas où l’on respire encore l’air d’une autre époque. Celle de 1549 où « les enfants de dieu Soleil » (les Incas) cédèrent leur place aux envahisseurs espagnoles usant de leur toute puissance pour accéder à ces contrées aux sous-sols gorgés d’or. Par chance, en Équateur, la pauvreté des sols en ressources aurifères incitera les colons à se tourner vers l’élevage, l’agriculture et l’artisanat. Des activités qui ont résisté au temps et à l’histoire, et qui font partie du patrimoine des descendants de ces migrants en quête d’eldorado.
Mais avant de profiter de ces lieux chargés d’histoire, nos pas nous mènent à plus de 3000 mètres d’altitude, là où les points de vue sont incomparables et la nature toujours sauvage. Car l’Équateur, le plus petit pays andins, recèle des trésors que l’on peut admirer depuis les pentes du Cotopaxi, un volcan culminant à 5897 mètres jusqu’aux rives du fleuve Napo en Amazonie.
Dés l’aube, les premiers rayons du soleil taquinent les sommets de l’Avenue des Volcans, cette artère aux reliefs acérés qui cisaille l’Equateur du nord au sud. Pour pallier le mal des hauteurs, la balade commence dans la région de Banos, à 1900 m d’altitude, au sud de Quito. Ici, les trois volcans du parc de Sangay – le Tungurahua (5023m), le Chimborazo (6267m) et l’Altar (5319m) – forment un décor saisissant que les hôtes de l’hacienda Manteles ont le privilège d’admirer depuis leur dommaine, 300 hectares appartenant à César Duran Restrepo. Transformé en écolodge en 1991, la maison familiale a conservé son esprit d’antan. « Mon grand-père possédait plus de 50 000 hectares, confie César. On y élevait des chevaux, des bovins, des moutons… » Ces terres qu’il a hérité de sa mère servent aujourd’hui en partie à la culture du maïs, des fèves et du quinoa biologiques et comme espace de promenades à pied ou à cheval pour les clients de l’hôtel.
Lorsque l’on suit la route menant à la lagune de Quilatoa, vers l’ouest, les cultures déclinent sur les flancs des massifs escarpés des dégradés allant du noir au vert. Ici, les paysans cultivent des oignons tiges, des fèves et de l’orge qu’ils vendent chaque semaine sur le marché local de Saquisili. Moins touristique que celui d’Otavalo, il donne un bel aperçu de la vie locale et de la richesse culturelle des communautés indiennes qui portent toujours leurs costumes traditionnels souvent très colorés.
Une ambiance qui contraste avec celle du village de Tigua, réputé pour ces peintures miniatures, qui accueillent les randonneurs venus marcher autour du lac de cratère du Quilatoa, culminant à 3914m. Tel un mur de coton, les nuages se déplacent au-dessus de la lagune émeraude qui certains choisissent d’explorer en canoë-kayak. Pour les plus courageux, pas moins de six heures sont nécessaires pour faire le tour du sommet avant de rejoindre le village de Chugchilan et goûter à l’hospitalité de Mama Hilda. Cette maison d’hôtes familiale où il fait bon se ressourcer avant d’affronter les hauteurs du Cotopaxi.
Au réveil, le soleil est au rendez-vous. et lorsque l’on atteind le parc national du Cotopaxi, la lagune de Limpiopungo (3800m) le paysage s’illumine comme éclairé par le célèbre volcan coiffé de neige immaculée. Magnifique ! Et lors qu’apparaît l’hacienda Tiera del Volcan, située en bordure du parc, l’environnement se fond dans cet immense espace où les chevaux s’enivrent eux aussi de liberté. L’air est vivifiant et l’émotion de plus en plus palpable. Elle rappelle ces conquistadors dressés sur leurs étriers qui ont donné envie à leurs descendants de poursuivre l’aventure autrement.
C’est le cas de Cesar Mora Bowen, qui même s’il a transformé avec son épouse Maria del Rosario, son hacienda familiale de Hato Verde en maison d’hôte raffinée, n’en demeure pas moins un véritable éleveur passionné de chevaux et de vaches laitières. Pour Mignon Plaza, propriétaire de la magnifique hacienda San Augusto de Callo, l’unique à posséder des vestiges de l’époque inca, l’hôtellerie est devenue la principale activité, tout comme pour l’hacienda de Pinsaqui, près d’Otavalo. Une chance pour les visiteurs curieux de découvrir l’Équateur au fil des sentiers de randonnée et de ces maisons gardiennes de son histoire.
crédits photos : Nassera Zaïd
Renseignements :
Terre d’Aventure propose plus de 50 randonnées sur les 5 continents dont Rando-lodge en Équateur. Pour en savoir plus : www.terdav.com/terdav/rando-lodge.
Office du tourisme d’Equateur, 34 rue de Messine, 75008 Paris, www.ambassade-equateur.fr