Ses craquements sont lugubres, mais vous prennent aux tripes. Sa couleur bleutée envoûte dès le premier coup d’œil.
Lorsque le regard embrasse ses crevasses jusqu’au fond de l’horizon andin, son immensité donne un vertige à couper le souffle. Le glacier Perito Moreno se mérite. De Buenos Aires, il faut descendre à El Calafate en avion, trois heures de vol vers la mythique Patagonie. Puis une heure et demie de trajet par une route sinueuse serpentant vers la montagne. Enfin, une percée à pied dans la forêt par des pontons de bois aménagés à cet effet. Et là, en une seconde, vous prenez la mesure du spectacle inouï qui vous saisit. A lui seul, Perito Moreno vaut le voyage vers la Patagonie Argentine.
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Avez-vous le même sentiment que moi ? Il est des destinations dont la seule évocation du nom fait rêver. Zanzibar, Ushuaia, Acapulco, Valparaiso, Pondichéry. La Patagonie appartient à cette catégorie d’endroits qu’on n’imaginait jamais visiter. Trop loin, trop risqué, trop froid, trop grand. Certes, parcourir ce vaste espace que se partagent l’Argentine et le Chili, entre le Rio Negro et le Cap Horn, réclame du temps. Mais un périple d’une ou deux semaines est parfaitement jouable, sans ruiner ni sa santé, ni son portefeuille. Tout est question d’organisation, entre les vols intérieurs (annulations surprises ou changements horaires des compagnies compris), les hébergements (la proposition hôtelière demeure suffisamment riche), et le climat : les vacances européennes de juillet-août vous entraineront là-bas au cœur de l’hiver. C’est peut-être encore mieux !
Géographiquement, la partie chilienne est la plus arrosée, avec une forêt australe extrêmement dense. Les pluies pacifiques y sont portées par des vents d’ouest parfois peu fréquentables. A l’inverse, protégé par la Cordillière des Andes qui s’étire jusqu’aux archipels fuégiens, le versant argentin offre une steppe semi-aride, balayée l’hiver par un vent glacial venu de l’Antarctique. C’est là, chez les Gauchos, que le pays élève près de la moitié de ses moutons.
Chacun peut se préparer un parcours à sa main, tant la Patagonie arbore des visages différents, inspire des activités variées, et suggère ses propres initiatives. Sur le mythique massif du Fitz-Roy, ou sur la Sierra Valdivieso, les trekkeurs disposent d’un terrain de jeu à leur dimension. Il faut tout de même y avoir le mollet costaud, car trois ou quatre jours complets d’efforts sont souvent nécessaires ! Pour les moins musclés, des chemins de simple randonnée sont également accessibles. Les amateurs de poudreuses trouveront leur bonheur, pour du ski ou de la motoneige, dans les montagnes autour d’Ushuaia (certes, ça ne vaut pas les Alpes). Pour les amoureux des animaux : balades en chiens de traineau, escapades à cheval dans une nature généreuse et superbe, ou promenade sur des îles habitées uniquement par les lions de mer. Evidemment, les navigateurs sont également à leur élément, mais sous ces latitudes, mieux vaut être un marin averti.
Une semaine en Patagonie argentine peut s’articuler autour de deux étapes majeures : El Calafate pour une approche de l’incroyable monde glaciaire, et Ushuaia, ville la plus australe de la planète (oui, Port Williams au Chili se situe un poil plus au sud, mais n’est qu’un gros village d’à peine plus de deux mille âmes). Bon, Ushuaia n’est pas Las Vegas, loin s’en faut. Néanmoins, avec ses cinquante mille habitants, c’est une vraie ville, commerçante et hôtelière, proposant plusieurs musées à visiter, et pouvant servir de point de départ à de nombreuses activités. De là, on peut emprunter le train du Bout du Monde, anciennement utilisé par les bagnards (plusieurs départ l’été, un seul l’hiver, à 10h). On peut aussi naviguer sur le canal de Beagle (les bateaux ont tous un kiosque sur le port, un départ le matin un autre l’après-midi) : la baie d’Ushuaia se révèle au fur et à mesure que l’on s’éloigne, puis une halte aux îles Bridge permet de faire connaissance avec les cormorans Magellan et les cormorans royaux, avant d’arriver sur deux ilots abritant des lions de mer (odeur garantie !), et finir par le phare rouge des Eclaireurs. On peut survoler la région en avion (magnifique vue aérienne sur les Andes mais gare aux turbulences et trous d’air qui peuvent vous faire vite renoncer…), pousser jusqu’à l’Estancia Haberton (2h de route pour atteindre cette ferme isolée, toujours en activité), rejoindre le parc national de la Terre de Feu (davantage de castors hélas que de renards gris, mais nombreuses espèces d’oiseaux), ou grimper au glacier Martial, à seulement sept kilomètres.
Pourtant, question glaciers, l’empereur à ne surtout pas manquer, c’est le Perito Moreno. Monstre d’une quinzaine de kilomètres de longueur, il plonge dans les eaux du Brazo Rico, un bras du Lago Argentino qui borde de ses eaux bleu turquoise El Calafate, où vous séjournerez. Il appartient au Parc National des Glaciers, classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité, et offre dès la première vue un inoubliable moment d’émotion. Nourri au sommet des Andes de pluies abondantes transformées en neige puis en glace, il descend lentement sur le versant argentin, en épousant les reliefs qui lui donnent sa forme hérissée. Sa progression peut atteindre deux mètres par jour. La façade du géant (170m de hauteur, dont 60m hors de l’eau, sur 5 000 m de large), d’un incroyable bleu indigo dont l’intensité varie avec la densité de glace, laisse alors échapper des énormes blocs qui s’effondrent dans un vacarme effrayant, donnant naissance à des icebergs à la lente dérive. Ces chutes, régulières tout au long de la journée, rendent le Perito Moreno extrêmement vivant. L’oreille tendue, il faut guetter l’instant du craquement sonore. Aussitôt des tonnes de glace s’écroulent, dans d’immenses gerbes d’eaux. Spectacle magique dont on ne se lasse jamais. Et quand la pression du glacier est telle qu’il ne parvient plus à s’éroder naturellement, il obstrue le Brazo Rico dont les eaux finissent par creuser une arche. La rupture de celle-ci est un évènement hélas rarissime à vivre (une fois tous les quatre ou cinq ans). A partir d’El Calafate, une excursion en bateau permet d’approcher d’autres glaciers alentours (Upsala, Onelli, Spegazzini), moins imposants et moins vivants ! Mais la navigation au milieu d’icebergs aux formes et aux couleurs hallucinantes reste un moment fort du voyage.
Bernard Thomasson
Conseils pratiques :
Pour profiter des plaisirs de la montagne (ski, motoneige, chiens de traineaux), l’hiver austral est le plus adapté (juillet-août). Prévoir des vêtements chauds, le thermomètre peut flirter avec les moins dix degrés (valeurs moyennes : autour de 1° en juillet, entre 10 et 13° en janvier).
A Ushuaia, le temps varie très vite. Dans ce véritable corridor entre les deux océans, le vent s’engouffre parfois très violemment. Certains habitants prétendent même que les quatre saisons peuvent survenir dans la même journée ! Durant mon séjour, ai-je ainsi vécu une matinée ensoleillée et agréable, suivie d’un début d’après midi venteux et froid, avant une véritable tempête de neige qui s’est abattue en une heure, recouvrant la ville de trente ou quarante centimètres de poudreuse !
Pour aller de El Calafate au Perito Moreno, plusieurs options : en bus (très économique) qui vous déposent au pied des passerelles et vous attendent sur place trois heures ; en agence (transport en minibus et guide inclus) ; ou en taxi (à louer à la journée ou à la demi-journée). Sur place, possibilité d’emprunter un bateau pour s’approcher au plus près du pied du glacier (touristique, mais à faire car très impressionnant)
La seule compagnie aérienne à proposer des vols réguliers sans escale entre Buenos Aires, El Calafate, et Ushuaia, est la compagnie nationale Aerolineas. Attention, elle peut modifier les horaires ou annuler ses vols à la dernière minute ! Il existe aussi des liaisons avec LAN, mais pas tous les jours. Les prix ne sont pas les mêmes pour les européens que pour les Argentins.
L’hébergement est varié, tant à El Calafate qu’à Ushuaia, allant de prix bas de gamme à des hôtels grand luxe avec spa et massages. Cependant en hiver austral, de nombreux établissements restent fermés, ce qui restreint le choix.
Robert Kassous à été le responsable Tourisme à l’Obs pendant près de 20 ans. Photographe, reporter, il a créé et dirigé le Magazine Week-end du Nouvel Observateur. Après un passage d’un an chez Challenges et Sciences et Avenir, il se consacre désormais à son site Infotravel.fr dont il assure le développement grâce à sa formation à Sciences PO Paris Master 2 en Management des Médias et du Numérique.
Il collabore en tant que pigiste à différents magazines print ou web nationaux. Passionné de Voyages et de rencontres, il a créé et animé les déjeuners Tourisme de l'Obs pendant plus de 10 ans qui recevaient, ministres, ambassadeurs offices de Tourisme, tours opérateurs et institutionnels. Il est régulièrement l’invité de grands médias français pour son expertise de plus de 30 ans,sur le tourisme, LCI, Soir3, Europe 1, France Info TV, AFP etc.
Administrateur du PressClub depuis 2011, il est également depuis 2021, le Vice-Président de L'union de la Presse Francophone et donne à ce titre conférences et cours de journalisme à destination des pays concernés.
Avec le Sociologue Guillaume Demuth, il anime des conférences en entreprises ou sur des salons comme le Salon Mondial du Tourisme dont son site Infotravel est partenaire officiel, L'IFTM ou encore la Foire de Paris, etc . L'idée étant de comprendre et anticiper les différents changements de comportement des touristes, connaître l’impact des nouvelles technologies, des changements climatiques et de leurs applications et implications dans le monde du Tourisme. Robert est membre de l’Association des Journalistes de Tourisme (AJT) depuis plus de 15 ans. En créant le site Infotravel.fr, il permet au grand public d'avoir, chaque jour, des articles d'inspirations et des bons plans pour voyager informé. Bon voyage !
Howdo! Thank u for a very fresh idea. I am wondering why i have never though of this as well. I will definately try to use your blog for getting some more fresh info!
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Thanks!
Aaron Blemberg
my site
J’y vais ! direction Ushuaia pour embarquer, passer le cap Horn, et remonter les canaux… sensations garanties sans aucun doute !
c est un pays qui merite d etre conu
pour diversite de sa faune est flore
bonjour
je souhaiterai partir dans ce pays mais j ai des chiens lab et terre neuve
y a t il des quarentaines pour les animeaux c est un reve de passer des vacances mais je ne me separe pas de mes chiens
curdialement christelle