« Grâce à Nelson Mandela, tout le monde aime et sait où se trouve l’Afrique du Sud », explique de sa voix brisée par l’émotion, Linda Sangaret, directrice de l’Office de Tourisme d’Afrique du Sud.
Avant de diriger l’office de tourisme d’Afrique du Sud, Linda Sangaret a pu rencontrer, à plusieurs reprises Nelson Mandela.
« Mon père faisait partie de l’ANC, poursuit-elle, j’ai toujours vécu à travers lui les combats pour rendre notre pays plus juste et libre. Ma première rencontre avec Nelson Mandela a été peu après sa sortie de prison, il était reçu en France par Lionel Jospin, nous étions tous impressionnés par sa gentillesse et son attention.
Ensuite, j’ai travaillé au siège de l’ANC, Madiba venait tous les lundis et saluait personnellement toute l’équipe. Mais ma rencontre la plus importante fut en juillet 1996, lorsque Jacques Chirac l’avait invité aux cérémonies du 14 Juillet.
J’ai eu l’honneur de déjeuner avec lui et l’ambassadeur d’Afrique du Sud en France. Je ne pouvais à peine parler, alors que je m’occupais de la communication, j’étais très intimidée d’être assise à ses côtés. Ce qui m’a le plus marqué et qui restera toujours, c’est qu’après son mandat de chef d’état, alors qu’il avait réussi, il s’est volontairement retiré de la scène politique. J’ai compris combien il mettait les intérêts du pays bien au-dessus de sa personne. C’est pour cette raison qu’en ce jour de deuil, nous sommes d’accord pour le partager avec le monde entier, il n’est plus à nous maintenant ».
Cette année-là, nous n’avions que 3 millions de voyageurs internationaux, l’année dernière plus de 13 millions de touristes sont venus voir la diversité de nos terres. Nelson Mandela a été un vecteur pour le tourisme, on vient voir où est né cet homme providentiel, qui a éduqué, construit puis ouvert au monde notre pays ».
Le tourisme en Afrique du Sud est né à la libération de Nelson Mandela, en 1993.
Le voyage de Madiba
C’est un parcours qui traverse quatre régions importantes dans la vie de Nelson Mandela. Une carte indique étape par étape les parcours, les dates, les actions menées et les musées à visiter.
-Le premier parcours emmène le voyageur sur les routes de Cap-Oriental jusqu’ à une petite ville du nom de Qunu, c’est ici que Nelson Mandela est né et a grandi. Un musée lui est entièrement consacré. Les sud-africains viennent ici, comme on va en pèlerinage car le lieu de naissance a son importance. Ce sera aussi sa dernière demeure car,comme le veut la tradition c’est également dans ce village qu’il reposera désormais.
-La région du Gauteng est très importante dans l’histoire de Madiba. Tout d’abord Soweto, qui fut longtemps l’endroit le plus peuplé des Townships. Créée dans les années 1950, Soweto faillit porter le nom de Verwoerdville en hommage à Hendrik Verwoerd, alors ministre des affaires indigènes qui fut l’un des principaux concepteurs de l’apartheid et de ses dégâts humains. L’attraction la plus prisée vient d’une petite rue, Villa Cazi Street, qui a la particularité d’avoir eu deux prix Nobel, Nelson Mandela qui s’y installa en rejoignant l’ANC et Desmond Tutu, archevêque anglican sud-africain récompensé par le prix Nobel de la paix en 1984. La maison de Mandela est aujourd’ hui un musée très visité, tout comme Constitution-Hill, qui est la cours constitutionnelle actuelle, construite sur une ancienne prison. Enfin, le centre de mémoire de Mandela sert au quotidien aux jeunes sud-africains qui viennent ici chercher l’inspiration.
– La troisième région, Kazulunatal est l’une des plus belles d’Afrique du Sud. On y trouve les célèbres danseurs Zulus, habitants dans les petites huttes rondes près des immenses parcs regroupant les fameux Big Five. C’est dans cette région que la cavale de Mandela s’est achevée, après 17 mois de chasse à l’homme. La petite localité de Honvick a vu l’arrestation de la voiture dans laquelle circulait Madiba, qui fut condamné ensuite à la prison à vie.
-La quatrième région des routes de Madiba est Cap-Occidental, connue pour sa sinistre prison Robben Island, c’est ici que Mandela passa 18 de ses 27 années en tant que prisonnier. A voir également, le City Hall, bâtiment de 1905 de style renaissance. C’’est sur l’un de ses balcons que le 11 février 1990 Nelson Mandela prononça son premier discours d’homme libre.
« Beaucoup d’endroits de ces itinéraires, musées, bâtiments, galeries etc. sont entièrement gratuits car l’idée est de permettre au jeune de comprendre la lutte de leurs parents ou grands-parents afin qu’il ne soit plus possible de revivre l’enfer en son pays’ précise Linda Sangaret, et de conclure, Il y a quelques années, pour son anniversaire on a demandé à Madiba ce qui lui ferait plaisir comme cadeau, il a remercié son interlocuteur en ajoutant qu’il recevait déjà beaucoup de cadeaux du monde entier et que la seule chose qui lui ferait plaisir c’est que chaque personne puisse consacrer ce jour-là, quelques minutes de son temps pour aider une autre personne dans le besoin. Mandeladay est né ce jour-là. Depuis nous le fêtons tous les ans. C’est toujours l’année de l’Afrique du Sud en France, nous allons consacrer les dernières semaines à rendre hommage à Madiba.