Evoquer le château de Carcassonne c’est feuilleter les pages d’un livre qui raconte plus de deux mille ans d’histoire, des Gaulois à nos jours.
Histoire des châteaux de Carcassonne
Tour à tour oppidum gaulois, fortification romaine et château médiéval, l’histoire de ce monument est deux fois millénaire. Les traces de la succession des différentes étapes de construction sont encore visibles sur ses murs.
Au XIIème siècle, les Trencavel, famille noble du Sud-Est de la France, ordonnent la construction d’une demeure seigneuriale, le Palatium, dans la cité de Carcassonne. Construit sur le rempart Gallo-romain, le Palatium est un véritable palais urbain.
En 1209, lors de la croisade contre les Albigeois, la demeure est fortifiée. Les toitures sont dotées de créneaux afin de les transformer en postes de tirs. A l’Ouest, la Tour Pinte est surélevée pour mieux surveiller les alentours. Enfin, la construction d’un second rempart achève la transformation du Palatium en château fort. Carcassonne est devenue une place forte imprenable.
Au début du XIVème siècle, des grands travaux sont entrepris afin de réaménager la citadelle en forteresse royale, la cité de Carcassonne étant annexée au domaine royal. En plus de ses fonctions militaires, le château joue désormais un rôle résidentiel et politique.
Entre le XVIIIème et le début XIXème du siècle, l’ensemble sera laissé à l’abandon.
Viollet-le-Duc, sauveur romantique d’un monument en ruine
Le château en ruine retrouve sa superbe grâce à la restauration d’Eugène Viollet-le-Duc. Passionné d’architecture médiévale, ce restaurateur de génie consacra presque trente années de sa vie à sauver ce monument et bien d’autres (Notre-Dame de Paris, Basilique St-Denis, Château de Pierrefonds, …).
Néanmoins, si Viollet-le-Duc est un grand professionnel, ses réalisations sont loin de faire l’unanimité à l’époque. Ce dernier n’hésite pas à prendre des libertés avec la réalité historique, d’où des choix parfois surprenants. « Restaurer un édifice, ce n’est pas le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné », soutient-il.
Il fait ainsi ajouter un pont-levis à la Porte Narbonnaise et fait poser des lauzes d’ardoise sur les toitures à la place des tuiles plates d’origine…
La légende de Dame Carcas
Au VIIIè siècle, Dame Carcas, la femme d’un prince Sarrasin de Carcassonne, aurait repoussé au moyen d’un stratagème l’armée franque de Charlemagne qui tentait d’assiéger la ville. Cette dernière décida alors de faire sonner les cloches pour fêter cette victoire, d’où le nom de « carcas sonne ». Son buste trône fièrement dans le château comtal afin de louer le courage et la sagesse de cette femme qui se serait même convertit au christianisme à la mort de son mari. Cette légende ne vise en fait qu’à assoir une religion en plein développement.
La réalité est simplement liée à la toponymie de la ville à laquelle a précédé au VIème siècle avant J.-C. un oppidum nommé Carsac. Au IIème siècle avant, les Romains le fortifient et le rebaptisent Carcaso. Après la chute de l’Empire Romain, Carcaso devient Carcasona puis Carcassonne.