Aux USA, les parkings de Boeing regorgent de Dreamliner fraîchement sortis des chaînes d’assemblage et en attente d’un feu vert de l’Administration de tutelle US pour le casse tête lié aux batteries lithium-Ion censées alimenter l’APU ou moteur auxilliaire au sol et aussi pour l’éclairage de secours.
Seulement voilà après deux alertes majeures dont un incendie au sol des dites batteries et un déroutement en vol pour un atterrissage d’urgence, le Boeing 787 alias Dreamliner bétonne comme on dit dans dans le jargon aéronautique.
A chaque nouvel avion, ou nouveau programme aéronautique ses problèmes de jeunesse. Des soucis liés à la conception ou aux nouvelles technologies qui rappellent souvent très vite à l’ordre les premiers utilisateurs de ces machines très sophistiquées. Qu’ils touchent à l’interface homme machine, ou à la nécessaire expérience in situ des matériels, les mauvaises surprises peuvent être conséquentes, surtout lorsque celles-ci touchent à ce que l’on dénomme dans le langage de pilotes : ‘des problèmes pouvant affecter le bon déroulement du vol’.
En un mot comme en mille, une panne ou une défaillance pouvant être la cause initiale d’un accident.
Tous les constructeurs et leurs équipementiers sont passés un jour par la case ‘problèmes’ et Airbus avec son A 380 qui vient d’atteindre les 100 exemplaires en service au sein de 9 compagnies aériennes, a connu bien des frayeurs avec des surchauffes moteurs ayant conduit l’un d’entre eux à l’explosion en vol d’un réacteur (cf A380 Qantas et son moteur Rolls Royce) heureusement sans gravité pour les passagers quittes pour une belle frayeur et un atterrissage d’urgence néanmoins. Après des immobilisations de sa flotte et un certain nombre d’allers retours entre le motoriste, le constructeur et la Cie concernée, les problèmes semblent avoir été aujourd’hui clairement identifiés.
Alors, pas surprenant d’apprendre que c’est au tour de Boeing d’avoir ces soucis de ‘jeunesse’ avec son dernier né, le Boeing 787, connu aussi sous le nom de Dreamliner ou avion de rêve en français.
Plutôt cauchemardesque en attendant, la série que vient de connaître le B 787, avec un pare brise de cockpit fêlé, des fuites de carburant, une panne sur le système de freinage et surtout un feu et une surchauffe sur des batteries de secours à bord de l’appareil. Le feu de batterie intervenu sur un exemplaire de la JAL (Japan Airlines) s’est heureusement déroulé au sol, appareil vide, durant une escale à Boston. Comble de malchance ou loi des séries, quelques jours plus tard, un B 787 de l’autre grande compagnie japonaise, à savoir ANA (All Nippon Airways) effectuait un atterrissage d’urgence avec déroutement pour cause d’emballement thermique toujours de la même batterie incriminée.
Aussi, il n’en fallait pas plus pour que tant les autorités de certifications de l’appareil telle la FAA aux USA (Federal Aviation Authority) relayée en l’espèce par le NTSB (National Transportation Safety Board) décident d’interdire de vol jusqu’à nouvel ordre, l’ensemble de la flotte des 50 Dreamliner déjà livrés auprès de 8 compagnies clientes.
L’identification de cette surchauffe anormale des batteries ion lithium se concentre sur trois points techniques précis :
– le mauvais câblage des batteries,
-l’isolation des cellules des batteries lithium-ion évitant la contamination d’une surchauffe et donc d’un éventuel incendie,
– l’évacuation par haute pression des gaz et fumées éventuels en cas de départ de feu.
Tant du côté des compagnies clientes * opérant cet avion que du côté autorités, on semble conclure qu’aucune décision ou remise en service ne serait possible avant la fin Mai 2013, tant le problème est complexe et pointu.
En attendant, en terme d’exploitation et d’opérations, les différentes compagnies doivent ‘jongler’ avec ces avions cloués au sol, signifiant pertes de passagers et pertes financières. Chez Ana, la compagnie de lancement ce sont plusieurs centaines de pilotes qui sont au chômage forcé. On imagine alors que les négociations qui se jouent déjà et après ces incidents fâcheux porteront sur le niveau de compensations financières octroyées aux compagnies aériennes par le constructeur et ses assureurs sans doute.
En attendant c’est le Pdt de chez Boeing en personne qui a présenté ses excuses pour ces milliers de vols annulés et ses plans de vols désorganisés. Mais la sécurité des passagers au XXIème siècle et à ce prix et les autorités de tutelle ne transigent pas et c’est tant mieux.
Mai 2013 c’est demain, mais le vol pour y parvenir tarde à décoller, question d’autorisation….
Aux dernières nouvelles et une fois les problèmes identifiés on avoue donc que l’on sait soigner les effets mais sans doute pas encore assez en profondeur la ou les causes.
Ainsi, le NTSB, l’équivalent américain du BEA français (Bureau Enquêtes Accidents) changé pudiquement en Bureau Enquête Analyses se demande si une toute autre nouvelle technologie de batteries, à développer, ne serait pas la plus sage des solutions devant les inquiétudes bien légitimes de tout un chacun. Une alternative, sans mauvais jeu de mot, qui au bas mot prendrait un an au minimum dans le meilleur des cas et qui bien entendu alourdirait l’addition pour Boeing mais aussi pour les compagnies en terme de perte de passagers et de déficit d’image éventuellement.
Affaire à suivre.
- 50 Boeing Dreamliner ont été livrés comme suit :
17 chez ANA (Japon), 7 chez JAL (Japon), 6 chez Air India (Inde), 6 chez United (USA), 5 chez Qatar Airways (Qatar), 4 chez Ethiopian Airlines (Ethiopie), 3 chez LAN Airlines (Chili) et enfin 2 chez LOT (Pologne).
© Richard BAYON