Avec sept skippers engagés dans la course en solitaire, les Guadeloupéens entendent faire briller les couleurs de leur île, susciter des vocations et être à la hauteur du plus grand événement sportif de la Guadeloupe.
Pour les marins guadeloupéens, ce sont logiquement les arrivées qui restent gravées dans les mémoires. David Ducosson (Trilogik-Dys de Cœur, Rhum Multi) dit « en avoir vécu beaucoup », Willy Bissainte (Tradisyon Gwadloup, Rhum Mono) assure « vivre cette course depuis l’enfance ». Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires En Peloton – ARSEP, Ocean Fifty) et Damien Seguin (Groupe APICIL, IMOCA), qui ont tous les deux grandi en Guadeloupe, se souviennent de l’arrivée majestueuse de Florence Arthaud en 1990. Thibaut évoque les cours qu’il séchait en 5 pour ne rien rater, Damien de « la chasse aux autographes avec son frère ». Au total, ce sont cette année sept skippers guadeloupéens qui tenteront de faire la traversée au départ de la Bretagne, le 09 novembre prochain. Sept ambassadeurs des Antilles, sept trajectoires de vie, sept ambitions aussi. Thibaut Vauchel-Camus, deux Route du Rhum – Destination Guadeloupe au compteur et un podium en 2018, fait légitimement partie des favoris en Ocean Fifty (50 pieds soit 15 mètres de long). « J’ai envie de gagner, même si je sais que je ne suis pas le seul », s’amuse-t-il. Damien Seguin, qui a pris la barre du bateau vainqueur du dernier Vendée Globe (Maître Coq IV), espère une belle place d’honneur en IMOCA. « J’ai terminé 10e (en 2010, Class40), 8e (en 2014), 6e (en 2018, IMOCA). À chaque fois, je gagne deux places ! »
Rêve d’enfance
Également engagé en IMOCA, Rodolphe Sepho (Rêve de large – Région Guadeloupe) s’élance dans le grand bain en rêvant de Vendée Globe. « Je rejoins la catégorie des stars, explique-t-il. Je veux franchir un palier avec un nouveau bateau, plus visible, plus spectaculaire et au sein d’une classe davantage visible et médiatisée. » Chez les Class40, Kéni Piperol (Capt’ain Alternance) est à 26 ans l’étoile montante de la course au large guadeloupéenne. « Pour cette première participation, je coche un peu toutes les cases avec un projet performant et un bateau innovant construit en matériaux recyclables », explique-t-il. Dans la même classe, Sacha Daunar (Bateau Cit’Hôtel-Région Guadeloupe, 32 ans), originaire de Martinique et disposant de solides attaches en Guadeloupe, souhaite, quant à lui, réaliser « son rêve d’enfance ». En Rhum Multi, David Ducosson a été longtemps préparateur et il aspire, après la course, à proposer des sorties en mer à bord de son bateau. Il confie à propos de sa deuxième participation : « à un moment, je me suis dit que je n’étais pas plus mauvais qu’un autre. Alors pourquoi pas moi ? ». Réponse dans quelques jours ou semaines…
Une histoire tumultueuse
Le rêve de traverser l’Atlantique et de s’offrir une arrivée forcément joyeuse « à domicile » est plus que jamais présent dans la tête des skippers caribéens. Y parvenir serait une façon aussi de poursuivre l’histoire parfois tumultueuse entre les Guadeloupéens et la Route du Rhum. Ils sont ainsi 12 marins à s’être jusqu’ici élancés au fil des 11 premières éditions. En 1978, Jacques Palasset démâte à mi-parcours et est porté disparu, la faute à une absence de moyen de communication à bord. Sa femme reçoit alors de nombreux messages de condoléances avant que Jacques débarque en Guadeloupe après 34 jours de navigation ! Claude Bistoquet, lui, s’était échoué sur les hauts fonds à proximité de l’arrivée (1990) avant de chavirer quatre ans plus tard. De son côté, Luc Coquelin, actuel mentor de Kéni Piperol, peut se targuer de cinq podiums en six participations (de 1998 à 2018). Parmi les premiers marins ultramarins à participer à l’aventure, il y a eu Philippe Fiston dans la catégorie reine des IMOCA de 18 mètres (60 pieds), Philippe Chevalier, unique vainqueur guadeloupéen en Classe 1 en 2006) et Christine Monlouis, première guadeloupéenne engagée en 2010. Le club des sept navigateurs solitaires qui s’élance mercredi prochain à l’assaut des éléments est bien disposé à écrire une nouvelle page de ce récit transatlantique.
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