Du 30 octobre 2015 au 21 février 2016, le Musée Guggenheim Bilbao présente Making Africa .Un continent de design contemporain, une exposition qui met en lumière les mutations actuelles que connait le continent africain dans de nombreux domaines créatifs : design d’objets et de meubles, arts graphiques, illustration, mode, architecture, urbanisme, artisanat, cinéma, photographie.
Ces mutations sont le reflet des rapides évolutions politiques, économiques, sociales, culturelles et technologiques que connait l’Afrique de nos jours, pilotées par de nouvelles générations de créateurs et d’intellectuels.
Bouleversant l’approche traditionnelle d’appréhender le design, les œuvres présentées au sein de l’exposition font figure de réponses concrètes aux fonctions et finalités que peut revêtir le design au 21ème siècle.
Issues directement des communautés locales urbaines, faisant souvent l’objet de productions limitées et décentralisées, ces créations émanent d’un mode de fabrication informel dans lequel les outils traditionnels et numériques métamorphosent l’existant pour produire de formes nouvelles.
Si l’exposition ne prétend pas offrir une image exhaustive du design en Afrique aujourd’hui – pari impossible en raison de la taille, de la complexité et de la diversité d’un continent d’1 milliard d’habitants, 54 nations, 2.000 langues et cultures – elle vise en revanche à proposer un récit original afin de porter un regard neuf sur ce continent en profonde mutation.
Croissance économique, classe moyenne en expansion, révolution de l’Internet sont les traits marquants de l’Afrique d’aujourd’hui. Plus de 650 millions de téléphones portables y circulent, soit plus qu’en Europe ou qu’aux USA. Ceux-ci offrent autant de plateformes pour communiquer et pour échanger des informations avec le monde entier, dans un immense mouvement d’ouverture qui a suscité et rendu possible le basculement de perspective que révèle l’exposition.
Réunissant 120 artistes et designers, Making Africa montre ainsi comment cette nouvelle génération de “natifs numériques” s’adressent à un public global, travaillent à la frontière de plusieurs disciplines, s’affranchissent des définitions conventionnelles sur le design, l’art, la photographie, l’architecture ou le cinéma.
L’exposition s’articule selon quatre grandes sections.
La première d’entre elles, Prologue, est issue d’une enquête de deux ans qui a réunit, dans les plus importantes métropoles africaines (Lagos, Dakar, Le Cap, Le Caire ou Nairobi) divers groupes de réflexion durant lesquelles 70 designers, artistes, chercheurs, architectes, marchands d’art et conservateurs ont réfléchi les questions suivantes : Qu’est-ce que le design? Qu’est-ce que l’Afrique ? Qu’est-ce que le design africain ?
La seconde section, I and We (Moi et nous), explore la façon dont les individus communiquent sur eux-mêmes, sur leur appartenance à un groupe ou à une société par le biais du design. Pour cette jeune génération qui se sent partie prenante d’une culture mondiale, qui se met en scène dans des blogs, sur Youtube et sur les réseaux sociaux, la mode, par exemple, sert aussi de véhicule pour explorer les frontières entre les sexes, la question de la séduction et des rôles de chaque genre, mais véhicule aussi un moyen d’expression pour les minorités sexuelles.
De même, cette section montre comment le magazine de référence Clam, publication africaine de diffusion mondiale spécialisée dans la mode, l’architecture, la musique, l’innovation, l’art et le design africains, vise, selon les termes de ses fondateurs à « simplement parler de ce que nous sommes réellement ».
La troisième section, Space and Object (Espace et objet), est consacrée à la façon dont l’environnement exerce une influence importante sur l’individu, sa production créative et la circulation matérielle et immatérielle des choses. Tahir Carl Karmali, Bodys Isek Kingelez, Vigilism, Michael MacGarry, Mikhael Subotzky, Meschac Gaba, James Muriuki ou Peterson Kamwathi sont quelques-uns des créateurs et artistes africains dont les travaux tournent autour de la ville et de son essor. Outre la ville, cette section traite des technologies, des matériaux et des systèmes qui façonnent les environnements personnels et de la manière dont les espaces construits par l’homme s’opposent à la nature : l’acier à l’argile, le recyclage à l’artisanat traditionnel, etc.
Enfin, la quatrième section, Origin and Future (Origine et futur), se penche sur la notion de temporalité : le passé pré-colonial et colonial, le passé récent et l’avenir. En voie de mondialisation, la culture en Afrique reste néanmoins profondément enracinée dans l’histoire du continent et une grande part du secteur créatif actuel cherche à se référer à ses racines. Le site web de l’artiste musicale franco-congolaise Taali M, par exemple, doit être vu, selon le directeur artistique Pierre-Christophe Gam, comme une invitation à entrer dans un ancien royaume africain. La longue histoire de colonisation de l’Afrique pèsant ici de tout son poids.
Cinéma
Une salle de l’exposition est consacrée au cinéma d’avant-garde du continent africain avec une sélection de films comme Afronauts (2014) de Frances Bodomo, auteur né au Ghana et installé à New York ou Pumzi, (2009) de Wanuri Kahiu, né au Kenya et résidant à Nairobi.
Catalogue
L’exposition est accompagnée d’un catalogue illustré de plus de 300 pages, présentant les œuvres exposées et comportant divers essais signés Amelie Klein, Koyo Kouoh, Avisash Rajagopal et Vera Sacchetti, Azu Nwagbogu et Odessa Legemah, des entretiens avec Okwui Enwezor, Mugendi M’Rithaa et Edgar Pieterse et des extraits du travail des groupes de réflexion réunis à Lagos, Dakar, Le Cap, Le Caire et Nairobi dans le cadre de la préparation à la fois de l’exposition et de l’ouvrage qui l’accompagne.
Making Africa–Un continent de design contemporain est organisée en collaboration avec le Vitra Design Museum et a bénéficié du soutien de la German Federal Culture Foundation et de l’Art Mentor Foundation Lucerne.
Making Africa–Un continent de design contemporain
Dates : du 30 octobre 2015 au 21 février 2016
Commissaires : Amélie Klein, Vitra Design Museum & Petra Joos, Musée Guggenheim Bilbao