La légende de l’horloge Royale au Pays des Ecrins à Saint Laurent des Vigneaux (05) .
Alors que les annonces gouvernementales récentes ont soufflé un air d’optimisme chez les professionnels du tourisme de montagne, le Pays des Écrins (Hautes-Alpes) propose aux vacanciers de découvrir aussi la richesse de son patrimoine. En effet, le village des Vigneaux incarne ce parfait petit coin de paradis dans la vallée avec sa très belle église du XIVe siècle de style roman Lombard, ses fresques, ses cadrans solaires et son cadran d’horloge à une seule aiguille. Le clocher abrite la plus vieille horloge de France (1786) en fonctionnement continu grâce au remontage manuel des poids de pierre par des bénévoles du village. Cette horloge royale a pu « reprendre vie » en 2011 à la suite d’un projet scolaire du Lycée d’Altitude de Briançon. Le Pays des Écrins regorge donc de lieux culturels à découvrir, témoignant du passé historique et religieux de la Vallouise. Le village des Vigneaux mérite ainsi largement le détour grâce à ses nombreuses excursions possibles. Il n’y a donc plus qu’un pas à faire pour découvrir ce lieu incroyable !
En 2008, un projet autour des horloges a été lancé au Lycée d’Altitude de Briançon. En 2011, un jeune du village des Vigneaux, Louis ALLIEY, a présenté des photos de l’horloge de l’église Saint-Laurent à sa classe. Elle avait l’air en bon état et elle était différente des autres car elle ne comportait qu’une seule aiguille sur son cadran ! La plupart des horloges installées dans les clochers des Hautes-Alpes datent de 1900 mais celle de l’église Saint-Laurent des Vigneaux est de 1786 d’où son nom d’« horloge royale » ! Alors qu’elle n’était plus en service, le projet scolaire « Horloges d’Altitude », porté par Denis VIALETTE, professeur de technologie, lui a permis de « reprendre vie » depuis 2011. Plusieurs classes sont intervenus de façon ponctuelle et ont participé à la restauration de l’horloge des Vigneaux. Des réparations ont été nécessaires, des réglages ont été apportés et un automatisme discret a été créé pour limiter le nombre des sonneries afin de ménager les rouages de la vieille horloge. Aujourd’hui, la cloche des heures retentit seulement trois fois par jour à 08h, 12h et 19h.
L’horloge royale des Vigneaux est aujourd’hui entretenue par une équipe de cinq bénévoles du village qui se relaient tous les six jours pour remonter les deux poids de pierre (100 kg environ) grâce à une belle manivelle. La manœuvre est très physique. Ce sont ces fameux « tourneurs de manivelle bénévoles » qui font vivre l’horloge tout au long de l’année. Il faut aussi rendre hommage à Didier Aubert qui a restauré l’horloge de 1986 à 1989 pour le bicentenaire de l’horloge et de la Révolution française !
Une anecdote : cette horloge a été installée pour la première fois à la Collégiale de Briançon en 1786. Cent ans plus tard elle a été remplacée par une horloge plus moderne. Alors en 1890 le curé des Vigneaux, Henri Faure, a eu la bonne idée de l’acheter d’occasion à la ville de Briançon. Depuis elle a pris place dans le clocher de l’église Saint-Laurent des Vigneaux et s’y trouve bien !
Et la légende raconte…
Le Pré de Madame Carle se trouve au-dessus du village d’Ailefroide, sur la commune de Vallouise-Pelvoux. On y accède par une route carrossable mais non déneigée en hiver.
Geoffroy Carle décida de faire réaliser à ses frais, sur l’église Saint-Laurent des Vigneaux, une fresque qu’il voulait magnifique, avec pour thème : les vices et les châtiments. Il fit venir un jeune fresquiste italien et chargea son épouse, Louise Carle, de surveiller les travaux. Louise se rendait donc régulièrement à l’église des Vigneaux et finit par tomber dans les bras du séduisant peintre. Mais leur idylle fut de courte durée, car la Dame trouva rapidement un autre amant. C’est au cours d’une soirée au Domaine de Rama, que la belle Dame de la Bâtie décidément volage oublia bien vite son pauvre peintre et se laissa séduire par le seigneur des lieux. Et c’est bien naïvement que Louise se rendit à l’église, au bras de sa nouvelle conquête… Fou de jalousie, le jeune italien décida de se venger. La fresque étant presque terminée, il eut l’idée de donner aux vices la tête des acteurs de cette légende : le nouvel amant représenta l’Orgueil, le mari, la colère et l’épouse prit la place de la Luxure, sur le bouc…
De retour de Grenoble, Geoffroy Carle n’eut aucun mal à reconnaître les personnages. Il décida lui aussi de se venger… Pour cela, il assoiffa pendant plusieurs jours la monture de sa jeune épouse. Pas le bouc, non, mais la mule préférée de Louise. Et alors que Louise se promenait avec Geoffroy dans les alpages, la pauvre bête assoiffée se précipita dans l’eau du torrent, refusant d’obéir à la belle. Louise se noya. Geoffroy revint au village avec le corps de son épouse et fit procéder à une grande cérémonie d’inhumation. C’est pourquoi, en hommage à « sa tendre et si dévouée épouse, disparue dans des conditions dramatiques », il décida de nommer cette prairie « Pré de Madame Carle ».
Cette légende est un récit sorti de l’imagination de Gabrielle Sentis, en 1982 et ne peut en aucun cas être considérée comme une « page d’histoire »…
Visite guidée avec L’Atelier d’Histoire (Elsa GIRAUD, historienne et guide-conférencière). Églises et chapelles du Pays des Écrins