Au Japon, une ville instaure une taxe de séjour en faveur du tourisme durable
La ville japonaise de Hatsukaichi, à l’ouest d’Hiroshima – qui abrite le sanctuaire séculaire d’Itsukushima, l’un des sites japonais classés au patrimoine mondial de l’UNESCO – a introduit une nouvelle taxe pour les visiteurs de son île touristique, dans le cadre d’une initiative nationale visant à préserver les héritages et à créer des communautés touristiques durables.
Alors que plusieurs grandes villes touristiques telles que l’ancienne capitale Kyoto ont déjà prélevé une taxe hôtelière, Hatsukaichi est devenue la première municipalité japonaise à introduire une taxe locale plus large exclusivement imposée aux visiteurs d’une zone touristique, selon les responsables de la ville.
Depuis le 1ᵉʳ octobre, Hatsukaichi a commencé à prélever 100 yens (0,68 $ : 1 $ = 147,9 yens) auprès de chaque touriste se rendant sur l’île de Miyajima, dans la région sud de la ville, où se trouve le sanctuaire.
La taxe est comprise dans le prix du billet d’embarquement des ferries à destination de l’île. Les visiteurs peuvent également choisir une taxe annuelle de 500 yens qui leur permet d’effectuer plusieurs visites.
Responsabilité de préserver la nature
« Nous sommes responsables de la préservation de la nature, de l’histoire et de la culture et de leur transmission aux générations suivantes », a affirmé Shunji Mukai, un responsable de la division de planification et de coordination de la ville de Miyajima.
Le sanctuaire du bord de mer, fondé en 593, est le point central de la visite de l’île. L’enceinte laquée vermillon est largement connue pour son emblématique porte torii « flottante » et a été classée au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO en 1996.
Itsukushima, situé à seulement 16 km(10 miles) au sud-ouest du parc du mémorial de la paix d’Hiroshima, a attiré l’attention du monde entier en mai lorsque les dirigeants du G7, dont le président américain Joe Biden, ont visité le sanctuaire lors du sommet du G7 à Hiroshima en 2023.
« Nous ressentons le besoin de créer un environnement hospitalier pour les touristes, tout en assurant la subsistance des habitants de l’île », a déclaré M. Mukai, ajoutant que des ressources financières stables sont « essentielles » pour relever ces défis.
« Nous espérons que les touristes deviendront des acteurs qui se joindront à nous pour protéger Miyajima en partageant les responsabilités », a-t-il ajouté.
La ville prévoit de dépenser l’argent de la nouvelle taxe pour entretenir les bureaux d’information touristique et les toilettes, préserver les biens culturels et l’architecture historique, réduire l’impact sur l’environnement naturel et promouvoir l’écotourisme.
Selon une enquête menée par la ville il y a trois ans, quelque 93 % des touristes de Miyajima étaient favorables à l’introduction de la taxe.
« Sans ressources financières stables, nous aurions des difficultés à survivre en tant que destination touristique », a déclaré M. Mukai, qui espère que la nouvelle taxe aidera la ville à offrir “un tourisme durable”.
La surfréquentation touristique après la pandémie
La taxe vise également à lutter contre la surfréquentation touristique, la ville ayant vu le nombre de touristes augmenter après que la stabilisation du nouveau coronavirus au niveau mondial et la levée des restrictions par le gouvernement central.
Le nombre de visiteurs sur l’île a chuté à 1,88 million en 2021 en raison de la pandémie, mais il est remonté à 2,83 millions l’année dernière et devrait atteindre 4 millions de visiteurs cette année.
Hatsukaichi espère par ailleurs servir d’exemple aux autres villes tributaires du tourisme qui envisagent d’instaurer des taxes similaires.
« Nous avons entendu dire que de plus en plus de municipalités locales sont confrontées à la nécessité de prendre des mesures contre la surfréquentation touristique », a indiqué M. Mukai.
« Nous espérons que notre mise en œuvre de la taxe de séjour pourra leur être utile, a-t-il dit. La nature et l’histoire précieuses que nous avons dans tout le pays sont un atout pour le Japon. »