Napoléon Ier était un fervent soutien des métiers d’art. À l’occasion du bicentenaire de sa mort, l’INMA met en lumière des entreprises du Patrimoine Vivant, qui ont traversé le temps avec leurs savoir-faire. Focus.
La Monnaie de Paris
Savoir-Faire : façonner et graver les métaux précieux, frapper la monnaie
Fondée en 864, la Monnaie de Paris est la plus ancienne des institutions françaises et la plus vieille entreprise du monde.
Elle assure la mission de service public de frappe des euros courants pour la France et d’autres devises étrangères. Elle cultive depuis douze siècles une haute tradition dans les métiers d’arts liés au métal. Première usine conçue dans Paris, elle en est aujourd’hui la dernière en fonctionnement et ses productions d’art sont encore réalisées dans sa manufacture historique du Quai de Conti.
Photo © Monnaie de Paris
Sèvres – Manufacture et Musée, dont le passé est intimement lié à l’Empereur
Savoir-faire : l’art de la porcelaine
Un atelier de porcelaine tendre est fondé en 1740 à Vincennes dans une tour du château royal, sous le règne de Louis XV et l’influence de Madame de Pompadour, favorite du roi. On transfère ensuite la Manufacture à Sèvres, à proximité du château de Bellevue de Madame de Pompadour.
La Manufacture est finalement rattachée à la Maison de l’Empereur en 1805 et devient impériale. Napoléon absorbe quasiment toute la production pour ses palais, pour des cadeaux familiaux et des présents diplomatiques. À l’exception de quelques commandes spécifiques de Napoléon, son administrateur garde une grande liberté artistique. Il sait plaire, et anticipe les besoins de l’Empereur.
Photo © Sèvres – Manufacture et Musée nationaux
On utilise ainsi la Manufacture comme un instrument politique. Elle participe aux fastes de la cour et sert également de modèle aux autres manufactures, en France et à l’étranger. Avec l’Empire et Brongniart, la perfection devient à Sèvres technique, esthétique et pédagogique.
Certaines productions emblématiques de la Manufacture impériale de Sèvres sont toujours produites de nos jours par les artisans d’art de la Manufacture nationale de Sèvres, comme par exemple le buste de l’Empereur par Chaudet. Récemment la Manufacture de Sèvres a reçu une commande exceptionnelle : rééditer certaines assiettes du service olympique offert en 1808 par Napoléon Ier au tsar de Russie Alexandre Ier dont la plupart des pièces d’origine se trouve au Palais des armures du Kremlin à Moscou.
L’herboristerie Le Père Blaize
Savoir-Faire : l’herboristerie
Située depuis plus de 200 ans au cœur de Marseille, dans le quartier de Noailles, l’Herboristerie du Père Blaize et sa façade historique en bois traversent les époques.
L’histoire des Blaize débute dans la vallée des Ecrins, dans les Hautes Alpes. Au début du XIXe siècle, le pionnier Toussaint Blaize grandit au cœur d’une nature riche en variétés de plantes médicinales. Il y découvre l’usage, commence par soigner ses proches, ses voisins. Le village reconnaît sa compétence et fait appel à ses services et bientôt sa réputation de guérisseur s’étend bientôt au-delà du département. Il en fait son métier, et s’installe à Marseille, non loin de la canebière.
Le père Blaize concocte de nouvelles recettes et ainsi son nom devient une référence. Puis cette passion devient une tradition familiale et l’histoire est lancée. C’est en tout 6 générations qui ont contribué à une saga familiale incroyable !
L’officine, située au 4 rue Méolan à Marseille, est un lieu, un sanctuaire, à découvrir pour remonter à l’époque Napoléonienne. À l’intérieur, les casiers en bois s’étendent du sol au plafond, avec des centaines de variétés de plantes médicinales.
Photo © Julie LAGIER
La Maison Odiot
Savoir-faire : l’orfèvrerie
Fondée en 1690, la Maison Odiot conquiert sa notoriété sous le règne de Louis XV avec Jean Baptiste Gaspard Odiot, reconnu comme l’un des meilleurs orfèvres de son temps. Il devient alors l’un des orfèvres les plus prestigieux du XVIIIe siècle, avec le titre de fournisseur royal. Cela, grâce à un savoir-faire unique en création de pièces exceptionnelles et de couverts en métaux précieux.
L’Empire et ses fastes ouvrent une page de gloire pour Odiot, sous la houlette de Jean-Baptiste Claude, petit fils de Jean Baptiste Gaspard, qui verra son extraordinaire talent récompensé par les prestigieuses commandes de l’Empereur et de sa famille : le sceptre et l’épée du Sacre, le berceau du Roi de Rome, les immenses services de Madame Mère et de Pauline Borghese, le service de campagne de l’Empereur…
Les modèles élaborés par Odiot à cette époque, marqués par le retour à l’antique et l’usage très fréquent du vermeil, comptent sans conteste parmi les plus belles créations que l’orfèvrerie française ait produites. La réputation d’Odiot traverse alors les frontières de l’Empire et lui ouvre les portes de toutes les Cours d’Europe. Odiot est un orfèvre unique en son genre grâce à la préservation d’un savoir-faire exceptionnel qui s’appuie sur une collection inégalable de moules et de dessins, constituée au fil des siècles, à la faveur de prestigieuses commandes.
Photo © Odiot_officiel
La Manufacture des Émaux de Longwy
Savoir-faire : l’émaillerie
Célèbre par sa puissante empreinte sur l’industrie de la céramique, la famille Boch est à l’origine de la fondation en 1798 de la Faïencerie de Longwy dans un ancien couvent.
Napoléon 1er fait partie de l’histoire de la Manufacture depuis 1806, date à laquelle il visite la forteresse de Longwy et remarque la production de faïences d’usage. Il commande à la faïencerie un service de table destiné aux Maisons de la Légion d’Honneur. Le souvenir de l’Empereur reste vivace à la Faïencerie qui édite régulièrement des pièces pour les commémorations de l’épopée Napoléonienne.
Pour ce 200ème anniversaire, la Manufacture a édité un œuf d’exception haut de 12 cm sur un fond vert impérial et rehaussé d’or. On y retrouve plusieurs symboles Napoléoniens : le bicorne à cocarde, les abeilles et frises de laurier, l’aigle impérial, la main de justice.
© RL/Simon Moreau
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Le Maître d’art Yves Dorget et l’entreprise La Passementerie Verrier (Paris)
Savoir-Faire : La passementerie ou l’art de la composition d’ornements tissus formés d’une suite d’un même motif décoratif répété sans fin.
Les premières traces de la Passementerie Verrier et ses fondateurs Paul et Gaspard Verrier, remontent à 1753. Puis une longue lignée d’artisans perpétuera les gestes de fabrication de la passementerie jusqu’en 1968, date à laquelle les parents d’Yves Dorget, rentrés apprentis à l’atelier, le rachèteront à la famille Verrier.
Le Maitre d’art Yves Dorget, passionné par la fabrication de la passementerie, y a développé son expertise, l’a dirigé pendant 25 ans et s’est ensuite associé en 2018, à Anne Anquetin, une entrepreneure au goût affirmé pour les belles choses, pour développer la maison Passementerie Verrier Paris.
En 2016, la Passementerie Verrier Paris a été sollicitée pour un chantier prestigieux, sous la direction de Jean Vittet, conservateur en chef au Château de Fontainebleau : la reconstitution de la première chambre de Napoléon Ier lors de son installation à Fontainebleau en 1804.
Photo © Passementerie Verrier Paris
Des entreprises qui offrent un aperçu de la cinquantaine d’entreprises labellisées EPV, qui ont su transmettre leur savoir-faire au cours des générations !
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Illustration : Ronja Flucke sur Unsplash.