Sauver l’hiver pour garder la montagne vivante, c’est l’engagement des acteurs touristiques pour la saison hiver 2020/2021 qui demandent un Plan Montagne ambitieux.
Chantal Carlioz, présidente d’Isère Attractivité et Vice-présidente du Département de l’Isère donne son point de vue et ses pistes de réflexions.
Du bol d’air au poumon économique.
Il y a quelques jours le Premier Ministre annonçait la fermeture des domaines skiables tout en invitant les vacanciers à aller en montagne prendre « un bol d’air ». Nos territoires ne se limitent pas à être des « espaces » de bols d’air pour citadins. Ce sont encore moins des parcs d’attractions que l’on ouvre et que l’on ferme à loisir en quelques jours. Ne les voir que sous ces angles, c’est méconnaître leur réalité. Les territoires de montagne sont des lieux de vie à part entière qui se sont réinventés au fil des siècles. Bien sûr, la montagne est, depuis longtemps, un fournisseur d’air pur et de ressourcement, un havre dont on revient physiquement et moralement durablement enrichi. Aujourd’hui, les stations de montagne sont avant tout des villages qui vivent à l’année et constituent un écosystème complexe dont le ski et les remontées mécaniques font partie, mais n’en sont pas l’exclusive composante. En quelques décennies, la France est devenue le leader mondial des destinations de ski et la montagne pèse lourd dans l’économie française. En France, l’économie touristique de montagne représente 10 milliards de CA annuel et pour l’Isère une grande partie des 268 millions d’€ annuels d’investissements touristiques ; 60 % des emplois en montagne sont des emplois touristiques. L’activité touristique en hiver permet à de multiples pluri-actifs de vivre et de travailler à la montagne à l’année : agriculteurs, éleveurs,
bûcherons, artisans du bâtiment…
Suite aux annonces gouvernementales, la situation que va traverser la montagne française est dramatique ;
ce n’est pas seulement une crise économique, c’est une crise de confiance, une crise sociale, une crise sur
l’aménagement futur du territoire.
La fragilisation de cette économie est une déstabilisation de tout le corps socio-économique du territoire
avec un impact direct sur sa capacité à vivre au fil des saisons.
Sanitaire ou climatique la montagne subit des crises dont elle n’est pas responsable. Les acteurs de la montagne sont responsables et plus que d’autres, habitués à la gestion de risques élevés et donc particulièrement entrainés à la protection et à l’anticipation des risques…Des domaines skiables ouverts dès début janvier avec une gestion des flux maitrisée Les acteurs de la montagne sont parfaitement conscients de la situation sanitaire et sont engagés depuis des semaines à proposer des parcours très sécurisés pour leurs visiteurs. C’est au cœur de leur préoccupation.
Aujourd’hui, suite aux annonces gouvernementales, je soutiens toutes les propositions de l’ensemble des acteurs de la montagne visant à garantir une parfaite maitrise des flux de visiteurs sans pour autant fermer les domaines skiables. Elles sont proposées au regard de l’absence des clientèles étrangères et donc de flux moins importants que les années précédentes et au regard de l’amélioration des conditions sanitaires sur le pays. Elles tiennent compte aussi de la situation européenne et de la confirmation de l’ouverture des stations en Autriche, en Suisse, en Andorre et en Espagne. Rappelons que le département de l’Isère agit sur la mutualisation des achats de tests antigéniques à destination des stations, participe à la mise en place de centres de test de proximité et via son agence d’attractivité valorise les richesses de la destination avec une campagne d’un montant de 905 k€. Les éléments conjoncturels proposés par les acteurs de la montagne permettent d’agir.
Ces mesures permettront :
– d’assurer la sécurité de nos clientèles
– de maintenir l’activité des territoires
– d’assurer l’emploi de milliers de salariés saisonniers en très grande précarité
– d’assurer le maintien de la chaine de sécurité en montagne
– de permettre une activité minimum des restaurants et commerçants en station qui s’organisent pour
apporter le service optimal à leurs clients.
Nous avons besoin de créer une demande, seule une annonce rapide d’ouverture des remontées
mécaniques le permettra.
Un véritable Plan Montagne
Simultanément, les acteurs du secteur demandent que soit engagé par le gouvernement et toutes les instances un Plan Montagne comme cela fut le cas pour Plan Neige des années 60, un nouvel élan ambitieux pour accompagner la montagne dans les défis qui vont se poser à elle.
Ce plan innovant devra être basé sur une vision claire, soutenable, réaliste du développement des
territoires et inclure des mesures de consolidation des entreprises, de soutien des projets en cours et à
venir, d’aide à la création d’emplois et à l’ensemble des activités qui composent l’univers de la montagne.