Abidjan: Avec son découpage territorial dessiné par les méandres de la lagune Ebrié, la plus grande ville de Côte d’Ivoire ressemble à une mégalopole… façon puzzle !
Il faudra à peine plus de vingt minutes pour rejoindre le Pullman d’Abidjan de l’aéroport Félix Houphouët Boigny. Les bons jours. Car dans cette ville qui porte tous les stigmates de la Capitale qu’elle fut (de 1933-1983, aujourd’hui titre concédé à Yamoussoukro), l’on peut parfois rester des heures dans le sillage des files de voitures. Arrivé à bon port, voici donc le bâtiment de l’hôtel Pullman qui se dresse là.
Entièrement rénové, de la façade aux intérieurs, le lieu aujourd’hui abrite un total de 265 chambres, dont vingt suites. Inspirée par les matières naturelles de la Côte d’Ivoire, le métal, la pierre, le bois et le cuir, l’agence londonienne d’architecture Leach Rhodes Walker a fait de la destination une fête pour les yeux. Dans une lumière légèrement tamisée, l’on rejoint le vaste lobby devenu aujourd’hui un véritable carrefour, où s’effectuent tout autant les enregistrements que les rencontres dans des alcôves parées de canapés, ou bien encore, au bar de l’hôtel pour un verre ou un café.
Grand habitué de la clientèle d’affaires, le Pullman pioche pourtant dans les codes des voyageurs loisirs pour offrir des chambres et suites qui ne rechignent en rien sur le confort. Dans une palette allant du beige au chocolat, les chambres parient sur la séduction d’une élégance assumée, prêtes à la concorde de tous les usages. Des usages qui ont redessiné les contours d’une hôtellerie devenue polymorphe à force de transgressions. Et au Pullman d’Abidjan l’on a, à l’évidence, bien saisi l’enjeu.
Finies donc les ternes salles de réunions amorphes et les soirées atones. Ici, les vendredis et samedis, le Gondawa Club s’empare d’une salle pour présenter les meilleurs comiques du pays ! Le midi, les formules déjeuner des brasseries parisiennes emboitent le pas aux modalités « corporate », tandis qu’un « after-work » a été mis en place pour attirer une clientèle devenue friande de ces soirées pré-diner, entre collègues et amis. Pour les familles, le Pullman, protéique, ouvre son brunch le dimanche, dans la chaleur homérique et festive de réjouissances culinaires toutes préparées pour l’occasion.
Il faut dire que la table de l’hôtel a placé la barre haute, en prônant une cuisine de Côte d’Ivoire et au-delà, qui célèbre les produits locaux par des gourmandises saines et fraîches. Un pari relevé par les chefs qui œuvrent dans le sens de la transmission du goût… allant même, pétulants, jusqu’à venir au cœur de la salle de restauration pour prendre la mesure de leur talent.
Une fringance généralisée qui concoure à faire de l’hôtel un endroit soigneusement chaleureux, des étages au espaces publics, jusqu’au Spa, nouvel arrivant de cette adresse réincarnée. Le nouvel écrin, situé en sous-sol s’octroie la gamme des cosmétiques français KOS pour faire la promesse, tenue, de soins appliqués dans le cadre délicat d’un espace serein aux tons mordorés. Une véritable parenthèse qui permet de se saisir, plus en veine, des nombreuses attractions de la ville et de ses alentours.
Dans la ville…
Car dans cette ville brimbalante et ductile, ce ne sont certes pas les intérêts qui manquent. A commencer peut-être par les galeries d’art contemporain, et celle de Simone Guirandou, qui depuis déjà 1985 expose de jeunes artistes nationaux et internationaux. Devenue une véritable institution, la LouiSimone Gallery est aujourd’hui un espace qui se visite, entre autres, parmi les œuvres des plasticiens Obou Gbais & Obodjé, les photographies de l’artiste Yseult YZ Digan, les sculptures poétiques d’Hélène Bondurand Lallemend, ou les tableaux de Sess Essoh. A quelques pas de là, Cécile Fakhouri a, depuis 2012, ouvert les portes de sa deuxième Galerie (suivie par celle de Dakar), dans un espace de 400m2 très léché, qui abrite un choix pointu des meilleurs talents de cette région du monde et au-delà : François-Xavier Gbré, Sadikou Oukpedjo, Dalila Dalléas Bouzar, Aboudia, Ouattara Watts… et bien d’autres encore. Plus loin, établie depuis 2008, c’est la Fondation Donwahi, inscrite sur cinq villas, entre galeries, bureaux, résidences d’artistes et café-restaurant qui crée l’émulation pour des artistes ivoiriens et plus. Comptez sur Hako Hankson, Jems Koko Bi, entre cent autres encore !
Aux galeries s’ajoutent aussi les noms de boutiques ; celui d’Amani dont 70% des objets sont réalisés par son propriétaires Leon N’Getta, entre caverne d’Ali Baba géniale, brocante (voir ses vieilles affiches de cinéma) et objets design. Le magasin Dozo pour ses créations de mode et accessoires hyper branchés. Le Bushman, inclassable, incontournable, entre restaurant, hôtel et galerie d’un autre genre qui passera bientôt producteur de café et de cacao et dont le déambulage au cœur de ses étages ne saurait laisser impavide. Et puis bien sûr, il y a aussi l’ineffable designer Jean Servais Somian, dont on retrouve les créations poétiques, entre histoire revisitée, esprit ancestral détourné, au fil des galeries et magasins de la ville mais dont l’atelier se trouve à Grand Bassam, à une cinquantaine de kilomètres de là.
Et au-delà, Grand Bassam, Assinie et l’Ile Boulay…
Grand Bassam, une des attractions fortes de la région. Cette ville aussi désirable que pulvérulente qui abritait jadis la capitale des français qui s’y étaient installés, eux et leurs comptoirs de commerce. Délaissée plus tard pour la ville de Binger où le climat était plus clément pour les européens, la ville, classée au Patrimoine de l’UNESCO depuis 2012, sombra doucement dans la désuétude pour ne laisser aujourd’hui apparaitre que de bien minces contours que l’on devine toujours en déambulant au travers de ses rues. Là même où l’on croise encore, des artisans bronziers travaillant à la cire perdue, ou plus oisivement le long de ses plages, à déguster, comme à l’Assoyam, des langoustes, que les pécheurs alentours ramènent dans leurs paniers d’osier, et que l’on dévore en se léchant le bout des doigts face aux vagues atlantiques du Golfe de Guinée. Le long de ce même Golfe, certains pousseront la coquetterie jusqu’à Assinie, le long de sa lagune, pour une immersion qui semble toujours plus authentique. L’on compte parmi les adresses d’intérêt, le Coucoué Lodge (côté lagune ou côté océan), la Maison d’Akoula ou bien encore l’hôtel Zion, qui offrent tous, charme et confort en bord d’une baie considérée ici comme la plus belle du pays. Rien que cela.
Plus proche, les abidjanais se réfugient dès qu’ils le peuvent, sur cette île suspendue à un autre sort, celui de l’extension du port d’Abidjan. Mais pour l’heure, l’Ile Boulay demeure le temps d’un weekend, le refuge idéal d’une délectable robinsonnade. A quinze minutes de bateau seulement, couverte de coco et abritant une mangrove, sans eau courante ni même électricité, elle accueille depuis plus de trente années des paillotes qui ont fait de leur rusticité exotique, la mise au vert parfaite de citadins échinés. Comme à l’hôtel restaurant Coconut Grove, qui accueille, bienveillant, ses hôtes dans un esprit de famille, entre piscine en bord de lagune Ebrié, promenade à cheval, et table d’hôte gourmande, servie comme à la maison, assurant ainsi l’escapade toute réussie.
Une escapade ivoirienne que l’on couronne sur le retour, avec cette petite boutique, unique pour l’heure, située à l’aéroport d’Abidjan, Terre d’Ivoire. L’une des rares du pays à promouvoir encore discrètement les denrées et délices d’une terre exquise et féconde. Comptez donc sur le chocolat (aux fournisseurs éco-certifiés), les sachets de citronnelle ou mangues séchées 100% naturel, les fèves de cacao grillées, les noix de cajou, le beurre de Karité, la tisane des Savanes Kinkéliba…. Fermez les yeux et envolez-vous pour un retour tout en douceur.
Carnet d’adresses:
Hotel Pullman Abidjan, www.accorhotels.com
LouiSimone Guirandou Gallery, www.louisimoneguirandou.gallery
Galerie Cécile Fakhouri, www.cecilefakhoury.com
Fondation Donwahi, www.facebook.com/FondationDonwahi/
Dozo, hwww.facebook.com/dozo.abidjan/
Jean Servais Somian, www.somiandesign.com
Assoyam, www.assoyam.com
Coconut Grove, www.coconutgrove-abj.com