La start-up française aspire à rendre leur souveraineté digitale aux professionnels de l’hébergement touristique, face à la position jugée dominante de certains pure-players.
Booking, Hotels.com, Expedia et bientôt Revolut… On ne présente plus les OTA, ces agences de voyages en ligne (ou Online Travel Agencies), qui, en plus de proposer des sites web pratiques et intuitifs, sont particulièrement prisées des internautes aspirants voyageurs. Et pour cause ! Ils ne leur laissent, en creux, pas le choix. À l’instar des fameux « GAFA », ces mastodontes sont, en effet, les seuls à pouvoir développer la force de frappe pour s’imposer en bonne place sur tous les moteurs de recherche, mais aussi sur des centaines de millions de smartphones. À ce titre, une étude App Annie révèle que le nombre de sessions sur les applications de voyages a augmenté de 55% dans le monde, seulement entre 2016 et 2018. De quoi imaginer la croissance exponentielle de ce canal, en plus du web.
« Aujourd’hui, 80% des réservations sur internet proviennent des OTA » explique Olivier Ricard, président directeur général de la start-up 360&1 dans une interview accordée à Infotravel.fr. « Cette portion, nous voudrions la ramener à 40% » complète-t-il. La promesse est ambitieuse. Dans cette optique, la société a levé, fin 2016, plus d’un million d’euros auprès de BPI France et de Starquest Capital, dans un tour de table successif à sa création en milieu d’année.
Et depuis, les compteurs s’affolent. Ses solutions innovantes permettent à 360&1 d’afficher une croissance record de « seulement 200% » ; l’objectif des 400% ayant été revu à la baisse, Covid-19 oblige…
Analyse de la performance digitale et développement des réservations
La start-up actionne plusieurs leviers pour aider ses plus de 3000 hôtels clients à reprendre le contrôle de leur présence en ligne. Cela commence par la vérification de leur visibilité sur internet, à travers un outil de détection du brandjacking ; une pratique permettant à certaines plateformes d’utiliser le nom de marque des hôtels pour générer du trafic chez elles. « Ce premier outil -en veille sur plusieurs pays- nous permet de récupérer 20 à 25% de chiffre d’affaires« détaille O. Ricard. « Nous sommes également en mesure de contacter les moteurs de recherche pour faire retirer des liens » abusifs, dans le cas de marques déposées. Mais 360&1 va plus loin, avec un outil de « price intelligence ». « Ce moyen de surveillance de la parité tarifaire permet de s’assurer que l’hôtel n’est pas son propre concurrent ». En s’inscrivant sur les plateformes, il arrive, en effet, que les professionnels ne tiennent plus à jour leurs tarifs, venant à proposer des prestations moins onéreuses que sur leurs propres sites. Tout en cédant, en outre, une commission de parfois plus de 20% du prix de la réservation.
Au-delà du monitoring, 360&1 veut également aider les entrepreneurs dans leur stratégie d’acquisition de clients. Cela passe par la gestion de leurs campagnes digitales. « Il s’agit là de diminuer les frais d’OTA, pour les transférer sur d’autres postes, tels que Google Ads, Microsoft Ads ou Facebook Ads [pour gagner du trafic, ndlr.]. En saturant l’espace à la place des OTA, nous redonnons, ainsi, aux hôteliers la maîtrise de leur prospection. Nous leur permettons aussi de bien exploiter la data« plutôt que ce soient les plateformes qui le fassent ; dès que nécessaire, 360&1 est en mesure de déployer des campagnes de retargeting, permettant aux hôtels de réadresser leurs audiences, par SMS ou e-mail.
Accessible à tous
Le comble serait que la société ne reprenne le contrôle à la place des hôteliers. Mais loin de là. « Nous voulons, d’abord, sensibiliser nos clients aux bonnes pratiques, et leur redonner la main ». Dans ce sens, la majorité de son offre est accessible en SaaS, via une application web intuitive. Gratuite dans sa version « Starter », elle peut coûter jusqu’à 12,99 € par mois en formule « Full ». Les prestations marketing sur-mesure de l’agence, elles, sont rémunérées à la performance, seulement en cas de résultats -de réservations, donc.
Après avoir emporté le Prix de l’Innovation numérique en 2018, la société et sa quinzaine de salariés ne comptent pas s’arrêter dans leur lancée. « Nous prévoyons de déployer de nouvelles briques pour nos solutions », comme l’automatisation des campagnes ou la monétisation de trafic conclut O. Ricard, avant de renouveler ses ambitions à l’international.
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Visuel d’illustration : Possessed Photography, sur Unsplash.