Ne rêvez plus, vous êtes dans l’avion et, au-dessus des nuages, le soleil lustre ces gros flocons avec l’éclat de sa couronne. C’est fait, vous avez quitté ce ciel gris, vous aviez pensé Tchèquie ? Pas grâce à l’acteur mais au pays : la République Tchèque …
Ben non, vous n’allez pas à Prague mais dans la troisième plus grosse ville du pays que l’on nomme Ostrava, qui se situe dans la province de Moravie. Attachez vos ceintures , vous êtes dans le vol direct Paris-Ostrava, durée 1h40mn. Vous allez atterrir en pleine « slavitude », loin de la « tristitude » parisienne d’Oldelaf, dans le fief natal de Bata, un empereur de la chaussure. Cet architecte de formation est né à Zlin en Tchéquie. Il y laissa l’empreinte d’un gratte-ciel et, de part le monde, une multinationale de la chaussure. Pour l’anecdote, et sur les pas de cet homme qui vit grand, Bata construisit Bataville dans les années 50 en Moselle, avec ses commerces, écoles, piscine et église. Une cité ouvrière située en lisière de forêt sur le territoire du Pays des Étangs.
Parmi ceux qui voient grand en Tchèquie, il n’est pas le seul. On en découvre beaucoup à Ostrava, notamment au musée Dum Umeni, bâtiment de 1926 où on se laisse séduire avec parcimonie par les œuvres du peintre graveur Eduardo Oucacek. Il nous aurait fallu plusieurs yeux tant son style est hypnotique… D’ailleurs ne manquez pas sa première en France au Musée de l’imprimerie, Lyon.
http://www.imprimerie.lyon.fr/imprimerie/
Non loin du Dum Umeni, passé la sculpture qui lui fait face, on aurait pu faire une petite halte à l’Elektra café, où se réunissaient jadis les anti nazis en buvant de l’Ostravar, le pivo (bière) local. Mais l’heure apéritive n’avait pas encore sonné !
Ils voient grand nos amis tchèques, depuis l’Europe Centrale, ils voient grand dans l’industrie du fer, ce fer qui contribua à la construction de la Tour Eiffel ! Une Tour Eiffel, ils en ont une à Ostrava, ou plutôt un château Eiffel, leur château à eux … Une magnifique usine : l’épine dorsale nationale : Les Basses Vitkovice, la fierté d’Ostrava, où se déroule au mois de juillet le Festival « Colors of Ostrava ». Depuis 2002, les concerts sont répartis sur neuf scènes dans le centre-ville. Sur place, la récente salle Gong, de 1 500 places. Pour rien au monde je ne manquerais ce festival ou, tout au moins la visite de ce lieu hallucinant. Les hauts-fourneaux de Vitkovice s’éteignirent en1984 mais gardent encore une âme envoûtante où chimie, feu et fer se croisèrent laissant des essences de tableaux aux multiples couleurs.
www.dolnioblastvitkovice.cz/default/index/index/lang/en/site/56
L’industrie lourde, on la connaît bien dans ce pays au climat continental. En 1827, la famille Rudolf installait les Forges Rudolf, rachetées par la suite par les Rothschild, les rebaptisant Forges de Witkovitz. Après la découverte du charbon en 1963, Ostrava devint le prestige du bassin sidérurgique et minier de Bohême. En plus du charbon, sidérurgies, mécanique lourde, gaz, centrales électriques et chimie alimentaient la chaine minière exploitée par ces artisans aux mains d’or. Mais, affectées par les mesures anti-pollution, elles furent toutes acculées à une crise inévitable.
Et la Révolution de Velours sévit en 1989 : une ouverture vers l’Ouest. Effacer à tout instant le chômage ! Depuis 2003, ça va mieux ! Les Coréens apportent Hyundai … Après la route de l’ambre qui aboutissait jadis à Ostrava … En route pour l’Asie.
Pour plus de nostalgie, on passera par la Place Masaryl, où se recueillent encore Tchèques, Polonais, Juifs et Allemands devant la petite chapelle de l’impératrice Sissi. Et on montera en haut de la tour de l’Hôtel de Ville, admirer ces eaux frontalières à la confluence de l’Ostravice et de l’Oder entre Moravie et Silésie.
On m’avait dit là-haut que la bière Bernard se mariait bien avec le Strogonoff … Alors j’ai faim et … soif … et puis j’ai pensé au logo de la ville : !!! Et je n’arrivais toujours pas à définir sa symbolique !!!
Ostrava était pourtant bien au nord de la Moravie … 300 000 habitants, située à la confluence de deux rivières, et dès l’Antiquité un lieu de passage important !!!
Oui jusqu’en 1918, Ostrava faisait aussi partie de la monarchie autrichienne, ce qui explique l’allemand en 2ème langue. Enfin, depuis cette volonté de se rattacher à l’Europe, tout le monde parle anglais. On est à une dizaine de kilomètres de la Pologne et à une cinquantaine de la Slovaquie.
Un autre musée mérite le détour un peu au-dehors de la ville, le Landek park, Musée de la mine. Vous exploiterez les mines accompagnés d’ex-mineurs en tenue, déguisés en guides. On s’y croirait !
www.landekpark.cz
Ostrava, ainsi baptisée la ville du vice, est connue surtout pour sa vie nocturne, essentiellement concentrée dans la non moins célèbre rue Stodolni. Où, alors péripatéticiennes, voyantes et femmes adultères échangeaient des propos censurés. A l’heure actuelle … encore des propos censurés, mais plus bons enfants … discothèques à ciel ouvert ou fermé … des filles dansent en bikinis de chaque côté des comptoirs attirant l’attention du consommateur. L’alcool coule comme les rivières. Il est peu cher et on s’offre des tournées. On rit dans la rue Stodolní, qui ne dort jamais, on karaoke à tue-tête. C’est ici qu’on s’amuse … et le mot est faible !
www.stodolni.cz
Leos Janacek, est cet autre personnage clé de la ville. Il symbolise aux côtés de Dvorak, Martinu, Smetana et Vorisek, la fierté de l’âme tchèque. Dvorak prête son nom au théâtre Anton Dvorak où opéras et opérettes se succèdent avec popularité. Chantés en tchèque, c’est tout à fait charmant. Les tarifs sont abordables. Le tout Ostrava s’y côtoie.
Lors de vos grandes promenades à la découverte du pays, ne manquez pas de piquer une nuit à l’Art Design Hotel Miura équipé de wellness, jacuzzi, salle de glace et sauna pour une relaxation au sommet avec en prime un golf au flan des collines.
www.miura.cz/en
Tout au long de vos visites, vous vous apercevrez que les campagnes sont piquetées de bunkers militaires subtilisés aux allemands. Il est intéressant d’y comprendre la vie de ces soldats en place défendant le territoire.
L’église St. Pierre d’Alcantara vaut aussi le détour. Elle est inclinée, merci aux mineurs. Ce qui la fait s’imposer comme la Tour de Pise d’Europe centrale.
Sur les hauteurs, la région de Beskydy est connue par les randonneurs du dimanche. Passé le voyage en funiculaire et, avant d’attaquer le chemin vers la statue qui symbolise l’avénement du christianisme, ils font halte dans les chalets aux fresques enchanteresses, qu’on nomme Pustevny. Libre à vous de redescendre en trottinette et casqué !
La région de Valassko possède un éco-musée. On a reconstitué un ancien village avec sa mairie, ses échoppes et un cimetière, où on peut admirer les tombes originales des personnages célèbres : Ivan Lendl et Daja Bedanova, tennismen, Milan Baros, Marek Jankulovski et Tomas Galacek, footballeurs, Ota Filip écrivain, Leos Janacek compositeur (encore lui), Filip Kuba, Marek Malik et Roman Polak hockeyeurs, Martin Mainer, artiste. Ah oui, j’ai bien vu celle de l’actrice Tarra White.
La République tchèque fait partie des pays d’Europe où le système ferroviaire est plus qu’actif. D’autant plus que les chemins de fer tchèques ont depuis peu quelques nouveaux trains, les Pendolino, confortables et à grande vitesse qui relient Prague à Ostrava, Vienne et Bratislava.
Horaires, prix des trajets : www.idos.cz.
Philippe Zani, with my very best to :
www.czechtourism.com
www.smartwings.com/fr
www.ostrava.cz
Lors de votre séjour, pensez à l’hôtel Mercure en plein centre-ville. L’accueil est de toute délicatesse.
www.mercure.com/gb/hotel-7051-mercure-ostrava-centerhotel/
Magnifique article! on a qu’une envie y aller et pourquoi pas se donner RV au festival de musique « Colours of Ostrava »?