Mobilité loisirs et tourisme : pratiques actuelles en Mass Transit et nouveaux défis
Pour la quatrième année consécutive, L’Institut Paris Région, la Mass Transit Académie, Transilien SNCF Voyageurs, et les bureaux d’études Hove et Sustainable Mobilities publient une étude partenariale visant à éclairer le rôle du mass transit (métro, RER, train ou tramway) dans le système global de mobilité francilien.
A l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, le Mass Transit francilien cherche à renforcer son rôle dans les déplacements des touristes et dans ceux liés aux loisirs des Franciliens. Un éclairage des pratiques de déplacements en Île-de-France des spectateurs venus pour la Coupe du Monde de rugby, de même que la connaissance de la mobilité des Franciliens le week-end – pour leurs loisirs, notamment – permettent d’identifier des leviers à actionner.
• 67 millions de kilomètres parcourus chaque week-end en Mass Transit par les Franciliens, équivalent à près de 6 000 allers-retours en avion entre Paris et New York.
• Chaque week-end ce sont 7 400 tonnes d’émissions de CO2 évitées.
• 78 % des touristes venus voir la Coupe du Monde de rugby ont utilisé́ le Mass Transit pour se déplacer en Île-de-France.
L’évolution du Mass Transit francilien
Menée avec la participation de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT) et le groupe Sanef, cette étude s’appuie sur les récentes données de trafics en Île-de-France, sur l’analyse détaillée des traces GPS des smartphones et sur une enquête conduite spécifiquement pour les besoins de cette étude par BVA pour Transilien SNCF Voyageurs auprès de plus de 2 000 spectateurs français non franciliens et étrangers de la Coupe du Monde de rugby, en septembre et octobre 2023.
En voici les principaux enseignements.
Des touristes de la Coupe du Monde de rugby utilisateurs du Mass Transit
76% des touristes spectateurs se sont rendus au Stade de France en Mass Transit, et ont notamment empruntés le RER B et RER D (cf Dataviz des flux de sortie du Stade lors de la finale de la Coupe du Monde de rugby vers les RER B et RER D).
La facilité, la rapidité et le prix de la desserte sont les principales raisons de ce choix.
Ils ont également été interrogés sur leurs excursions en dehors des matchs (41% des spectateurs) : 75 % sont restés à Paris pour voir la famille ou des rendez-vous professionnels, 16% ont visité la basilique Saint-Denis, 12% Disneyland Paris, 5% le château de Fontainebleau (inscrit comme Versailles au patrimoine mondial par l’Unesco).
Encourager les touristes à sortir de Paris est donc une piste pour renforcer l’usage du Mass Transit et la visite de sites franciliens remarquables ou à forte notoriété. Concernant l’accès et le prix des titres de transports, Île-de-France Mobilités proposera à cet effet un passe unique « Paris 2024 », simplifié et dématérialisé. Autre exemple d’actions à envisager, inclure des supports de communication mettant en valeur l’attrait et l’accessibilité des grands sites hors Paris, facilitant la compréhension du réseau et de son fonctionnement, aidant au choix du titre de transport, ou encore encourageant l’achat de forfaits « jour ». À partir de six nuitées, l’hébergement en location courte durée atteint 20 %. Hormis la distribution dans les stations de métro et les hôtels, un relais de l’information par les plates-formes correspondantes pourrait être recherché. Enfin, une information sur les horaires de faible affluence pourrait encourager certains touristes à utiliser plus confortablement le Mass Transit en dehors des heures de pointe.
Le week-end, un niveau de trafic en Mass Transit supérieur à l’avant-Covid
Si l’on observe les tendances qui ont émergé après le Covid :
Le télétravail atteint un plafond : 45% des actifs franciliens télétravaillent régulièrement en 2023 (43% en 2022), 2,1 jours par semaine en moyenne (idem 2022)
Le phénomène des « jours de pointe » s’est ancré : fréquentation du Mass Transit le vendredi matin : -18% à -20% par rapport au mardi, en raison du choix des jours télétravaillés. Même constat sur l’autoroute A14 : vendredi -32% par rapport au mardi. Et à l’international, le vendredi est à -30% par rapport au mardi dans le métro de Londres.
La fréquentation du Mass Transit le week-end est remontée plus rapidement qu’en semaine. Elle est revenue à son niveau d’avant Covid depuis l’automne 2022 et le dépasse désormais le dimanche. En nombre de déplacements, le samedi représente 65 % d’un jour de semaine.
Développer l’usage du Mass Transit pour les loisirs contribuerait à la résilience climatique de la Région
D’après l’analyse des traces GPS, un habitant de grande couronne qui n’utilise pas le Mass Transit en semaine (70% des habitants de grande couronne) a seulement une chance sur 13 de l’uti¬liser le week-end, alors qu’un habitant qui l’utilise en semaine a une chance sur quatre de l’utiliser le week-end. Cela met en évidence l’enjeu de promou¬voir le Mass Transit auprès des personnes qui n’en ont pas l’usage pour les déplacements contraints de semaine (liés au travail ou aux études), représen¬tant environ les deux tiers des habitants de grande couronne.
Pour développer l’usage du Mass Transit le samedi dans une contexte d’urgence climatique, il est nécessaire de faire évoluer la norme sociale, c’est-à-dire de « normaliser » l’usage du Mass Transit le week-end, afin de se rendre dans le cœur de l’agglomération.
Le développement des nouveaux usages loisirs du Mass Transit par les Franciliens permettra d’améliorer la qualité de vie et la résilience climatique dans un contexte de pouvoir d’achat contraint, tout en contribuant à la neutralité carbone. De plus, l’usage de ce dernier par les touristes vers les sites franciliens hors Paris améliorera le taux d’usage du Mass Transit dans le sens inverse de la pointe tout en favorisant la découverte de ces sites.
« C’est le sens des actions menées par Transilien SNCF Voyageurs avec Île-de-France Mobilités dans le cadre de son offre de tourisme locale #CPasLoinEnTrain. Le travail partenarial entre les opérateurs de transport et les acteurs du tourisme est plus que nécessaire, notamment dans la promotion des accès aux sites touristiques en transport en commun, mais également dans les réflexions à mener sur les derniers kilomètres, ceux entre les gares et les sites. Ce n’est qu’en ayant une vision systémique que nous pourrons faire avancer ce sujet et contribuer à la résilience climatique de la région » déclare Alain RIBAT, Directeur Transilien chez SNCF Voyageurs.
67 millions de kilomètres : c’est la distance parcourue en mass transit par les Franciliens chaque week-end
S’ils avaient été parcourus en voiture, cela aurait généré 23 fois plus d’émissions de CO2. Le Mass Transit Francilien permet d’éviter l’émission de 7 400 tonnes de CO2 chaque week-end
1,5 million de Franciliens ont un niveau de vulnérabilité fort le jour au changement climatique. Les secteurs les plus exposés sont à Paris ou dans le 93