Se retirer du monde l’espace de quelques jours afin de se ressourcer au sein d’une abbaye. Tel est l’objectif des retraites qui ont le vent en poupe.
« Il est précieux de se retirer de son quotidien […] pour réfléchir », confie Véronique Badets, journaliste au Pèlerin, adepte des retraites. Marie-Hélène, ressent le besoin de se « retrouver », de « s’apaiser ». Tous les témoignages convergent vers un objectif : s’éloigner du stress d’une vie urbaine menée à cent à l’heure. « Beaucoup arrivent en détresse, en souffrance », constate Anne Ducrocq, auteure de Pauses spirituelles. La sociologue des religions, Danièle Hervieu-Léger, compare ce nouvel engouement touristique à « un stage de remise en forme spirituelle ».
« Venir ici, c’est une façon de s’arrêter »
De nombreux journaux titrent sur ces « néo-vacanciers ». Le Monde consacre ainsi un article sur ce phénomène de société qui attire de plus en plus de jeunes actifs surmenés en quête de repos et de déconnexion.
Des semaines de méditation en silence et sans écran leur sont proposées afin qu’ils puissent souffler. Le profil des retraitants a évolué ces dernières années : « Ce ne sont plus uniquement des ‘‘grenouilles de bénitier’’ », explique Honorine Grasset, responsable des Foyers de la charité. Ce sont pour la plupart, des gens cultivés, croyants ou athées, issus de différents milieux, venant de loin, seuls, en couple ou en famille. A l’issue de leur retraite, la majorité d’entre eux repartent sereins, selon de nombreux frères hôteliers.
L’abbaye de Sénanque : « un lieu de paix, d’amour, de silence, de partage »
Notre-Dame de Sénanque, petit Eden sous le soleil de Provence, au milieu de son champ de lavande, représente un cadre idéal pour une retraite au calme.
L’humoriste Eli Semoun, afficionado de l’abbaye, offre une description touchante de son rituel estival : « Ca devient nécessaire pour mon équilibre de vivre pendant plusieurs jours un bain spirituel : je réfléchis, je lis, je parle avec les moines. Chez ces gens-là tout n’est qu’amour. Cela amène une grande paix intérieure, c’est un conseil pour les citadins ».
A mi-chemin entre vacances, pèlerinage et développement personnel, le besoin d’effectuer une retraite monastique devient omniprésent dans nos sociétés modernes, à tel point que certains frères hôteliers sont contraints de refuser du monde.
Loin d’un simple phénomène de mode, ce type de tourisme à l’écart du monde représente une bouffée d’oxygène essentielle à notre époque. Dans le même ordre d’idées, les séjours à la campagne incarnent une quête identique de tranquillité pour de nombreux Français.