Le château de Cormatin ou l’histoire de la grandeur et décadence d’un phénix qui renaitra de ses cendres grâce au courage de trois amoureux du patrimoine.
Naissance d’un château de plaisance
Entre 1606 et 1612, Antoine Du Blé entreprend la construction du château de Cormatin. Un château de style Renaissance qui présente en partie un aspect d’architecture militaire de par son soubassement à bossage, ses tourelles d’angles et ses canonnières.
La décoration intérieure de l’édifice sera réalisée par son fils Jacques, en 1627, dans le goût de l’époque.
Grandeur et décadence du château
En 1730, à la mort du dernier représentant de la famille Du Blé, Cormatin passe entre les mains du Gouverneur de Chalon. Puis, il sera revendu par ce dernier à Jean-Gabriel Verne. Grâce à son gendre, Pierre Dezoteux, le château sera sauvé au moment de la « Grande Peur » de 1789. Pierre réussit en effet le tour de force de calmer les émeutiers prêts à brûler le château, en faisant sortir pour eux des tonneaux de vin de Bourgogne de ses caves. Pendant la Révolution le château traverse sans dommage la tourmente. En 1815, des transformations maladroites entraînent l’écroulement de l’aile Sud. Sophie Verne, fille de Jean-Gabriel, finira par vendre le château.
Le nouveau propriétaire, Henri de Lacretelle, fera venir au château un invité illustre, Lamartine. C’est d’ailleurs à Cormatin que ce dernier y rédigera L’histoire des Girondins, ainsi que son Programme républicain et socialiste. Dans ce château verra également le jour Les Hauts-Ponts de Jacques de Lacretelle, fils d’Henri et grand écrivain français du XXè siècle.
Le château sera vendu en 1898 à Raoul Gunsbourg, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, qui y organisera un concours musical annuel où se produiront les grands Caruso et Litvine.
Après cette période brillante, plus de cinquante ans de négligence réduiront Cormatin à l’état de ruine.
Le « joyau de Bourgogne » sauvé par des passionnés d’histoire
Le château renaîtra de ses cendres grâce à trois amis passionnés de patrimoine qui ont racheté Cormatin en 1980 avec le pari fou de le restaurer et le mettre en valeur. Pari réussi si l’on en croit les 60 000 visiteurs annuels qui viennent admirer ce « château-musée » entouré de larges douves dans lesquelles il se reflète, son escalier à cage vide, ses appartements fastueux délicatement peints, sculptés et dorés à la mode XVIIème; ses cheminées de bois sculpté, meubles, tableaux de maîtres, tapisseries, boiseries et objets d’époque ; son cabinet de curiosité avec ses coquillages rares, alligators empaillés et autres objets exotiques ou étranges ; ses salles 1900 au style décoratif très éclectique mêlant ambiances romaine, gothique, byzantine, Renaissance, XVIIème …
Et son immense et magnifique parc d’esprit XVIIème siècle avec ses jardins à la française et à l’anglaise reconstitués : vaste parterre fleuri, labyrinthe de buis, volière-belvédère, bosquets, théâtre de verdure, potager et pièces d’eau vous enchanterons.
François Mitterrand y a même séjourné. Et un des épisodes de Secrets d’histoire a été tourné au sein du château. Quelle renaissance !