Pays-Bas : Les Moulins de Kinderdijk au patrimoine mondiale de l’UNESCO
Le Planétarium Eise Eisinga, situé en Frise, va-t-il être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ? Nous le saurons en juillet 2023. Dans l’attente de cette annonce, nous avons décidé de mettre chaque mois un site du patrimoine néerlandais de l’UNESCO en vedette sur nos canaux. Ce mois-ci, ce sont les moulins de Kinderdijk qui sont à l’honneur.
Nulle part ailleurs dans le monde, vous ne trouverez un réseau de moulins comme celui de Kinderdijk. L’ingénieux système de moulins et de stations de pompage a empêché l’eau d’envahir les terres pendant des siècles, dans une lutte constante entre l’ingéniosité humaine et la force de l’eau. Des visiteurs du monde entier viennent découvrir ce site historique unique. Kinderdijk étant un monument de l’histoire de l’humanité, ce lieu figure officiellement depuis 1997 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, aux côtés des bâtiments et sites les plus célèbres et les plus extraordinaires de la planète. Le récit de Kinderdijk a ainsi été intégré à l’histoire mondiale, préservée en toute sécurité pour les générations futures.
Quand les premiers habitants sédentaires se sont installés ici, ils ont construit leurs maisons sur des dunes de sable afin de ne pas être submergés en cas d’inondations. De plus en plus de personnes souhaitant gagner leur vie sur les sols fertiles qui entouraient les villes commerciales en plein essor dans l’ouest des Pays-Bas, des digues ont été construites, pour empêcher les eaux imprévisibles des rivières de recouvrir les terres. Mais avec la construction de ces digues, un nouveau problème a vu le jour : les eaux souterraines et les eaux de pluie devaient en effet être drainées des terres – protégées par les digues – vers les rivières, sinon les polders risquaient d’être inondés malgré tout. Il fallait un plan pour empêcher l’eau d’entrer dans les polders.
Waterschappen
Au XIIIe siècle, le comte Floris V de Hollande a ordonné la création des waterschappen, des organismes d’État chargé de la surveillance des eaux de surface dans une région donnée. Un waterschap était une organisation innovante, au sein de laquelle tous les habitants contribuaient à l’assèchement des terres. Un système de fossés et de canaux était utilisé pour drainer l’eau de l’Alblasserwaard vers le point le plus bas de la zone. Et ce point, c’était Kinderdijk. Quatre écluses ont été construites ici pour permettre à l’eau de s’écouler dans le Lek à marée basse.
La légende de Kinderdijk
Mais l’eau a continué son combat. Suite au drainage, le sol tourbeux s’est progressivement enfoncé, tandis que le niveau de la rivière a continué à monter. Et puis, par une violente nuit d’orage en novembre 1421, c’est la catastrophe. Le raz-de-marée de la Sainte-Elisabeth, tristement célèbre, a détruit les digues mal entretenues qui protégeaient les polders, entraînant la noyade de milliers de personnes. Selon la légende, c’est là que le nom de Kinderdijk trouve son origine. Après le raz-de-marée, lorsque les survivants ont osé sortir à nouveau de leurs maisons, ils ont vu un berceau qui flottait le long de la digue, d’où s’élevaient les cris d’un enfant (enfant est « kind » en néerlandais). Le berceau flottant était maintenu en équilibre par un chat qui, en sautant à droite et à gauche, empêchait le panier de couler. Le bébé a été sauvé : est-ce ainsi que le nom de Kinderdijk a vu le jour ?
Si le raz-de-marée de la Sainte-Elisabeth a été une catastrophe, l’affaissement du sol commençait aussi à devenir un problème majeur. Il était de plus en plus difficile de drainer l’eau des polders vers la rivière. Diverses techniques ont été utilisées pour évacuer l’eau, mais les waterschappen ont en fin de compte décidé que la meilleure solution pour ce problème était de recourir à des moulins.
La force des moulins
Au fil des siècles, un système de moulins et de stations de pompage de plus en plus performant a été construit tant bien que mal. Les bassins de stockage font toujours office de tampon pour l’eau en excès. L’eau du bassin de stockage du bas peut être pompée vers le bassin de stockage du haut par des moulins spéciaux – les boezemmolens – lorsqu’il y a trop d’eau. Mais l’eau peut aussi refluer en cas de période sèche. Le vent est ainsi utilisé au profit des hommes, des terres et des eaux qui entourent Kinderdijk. En fin de compte, vingt moulins ont été construits dans les deux waterschappen de Nederwaard et Overwaard, dont 19 peuvent encore être admirés de nos jours.
En 1868, la machine à vapeur est venue donner un sérieux coup de main aux moulins.
Hoek, une famille de meuniers liée à Kinderdijk depuis des siècles
La majorité des dix-neuf moulins à vent du site de Kinderdijk, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, sont habités. Le fait que ces moulins soient habités ajoute beaucoup à l’authenticité de la région. La famille Hoek est liée à Kinderdijk depuis des siècles déjà. Arie et Petra Hoek vivent avec leurs deux filles dans le moulin numéro 5 du Nederwaard.
Arie représente la dixième génération de la célèbre famille de meuniers de Kinderdijk, avec son voisin et frère Jan, qui vit avec sa famille dans le moulin 4 du Nederwaard. « La première confirmation écrite que j’ai trouvée, attestant de la présence d’un Hoek à Kinderdijk, date de 1746. »
Wisboomgemaal
Cette station de pompage n’est plus en activité, mais cela va bientôt changer ! Des travaux sont actuellement en cours de réalisation afin de restaurer le bâtiment, pour qu’il puisse à nouveau remplir une fonction dans la gestion des eaux à Kinderdijk.
À partir de l’année prochaine, la station de pompage à vapeur, le Wisboomgemaal sera, après sa remise en activité, une véritable attraction touristique ; non seulement à l’intérieur avec la salle des machines, mais aussi à l’extérieur avec le bruit de l’eau en mouvement. Selon toute attente, les travaux devraient être terminés en 2023.