C’est un itinéraire à grand spectacle que la Véloscénie propose sur 450 km de Paris au Mont-Saint-Michel.
Escapades de 2 à 3 jours ou voyage de 7 à 10 jours : c’est un itinéraire à grand spectacle que la Véloscénie propose sur 450 km de Paris au Mont-Saint-Michel. Nous en avons butiné la section aller-retour d’Alençon à Bagnoles-de-L’orne : ça roule… à merveille !
Liberté-Egalité-…Sérénité ! Foin de la vélocité : la France vit sa « vélorution ». Si 25% des trajets en voiture font encore moins de 3 km, le vélo gagne du terrain. Mécanique ou à assistance électrique, il devient même un moteur de l’économie touristique, l’Hexagone étant devenu, derrière l’Allemagne, la deuxième destination mondiale du tourisme à vélo. Selon le site Vélo & Territoires, 17.845 kilomètres d’itinéraires cyclables sécurisés ont été aménagés en 2020. Et ça continue à toute berzingue, notamment en Normandie, où la Véloscénie trace sa route.
La Véloscénie ! Poétique appellation pour un parcours de cyclotourisme parmi les plus charmants du pays. Initié à la fin du millénaire afin de relier trois pôles touristiques majeurs (Paris, Chartres et le Mont-Saint-Michel), cet itinéraire traverse trois régions et 8 départements en sillonnant les parcs naturels régionaux de la Haute Vallée de Chevreuse, du Perche et de Normandie-Maine. Comme une invitation à la lenteur : pédaler pour décrocher !
« S’élancer de Paris pour une épopée de 450 km, c’est s’engager dans une véritable quête intérieure. Si l’on voyage seul, chaque étape devient une opportunité de découvrir ses propres limites, de méditer, de se ressourcer. Si l’on pédale à plusieurs, l’itinérance enseigne la solidarité, la tolérance, la force du collectif. Quelle que soit sa motivation profonde, le vélo voyageur sort transformé et grandi de son périple », écrivent Marie Paturel et Lionel Montico en ouverture de leur remarquable « roadbook » à spirale (La Véloscénie. Glénat) détaillant en dix étapes et onze boucles cette décompression à grand spectacle.
Celui d’un itinéraire où se mêlent châteaux et manoirs, églises et chapelles, cités et villages pittoresques, forêts et bocages… Une mosaïque d’images et d’ambiances à butiner bien en selle, en pédalant sur des voies vertes, des petites routes balisées et des chemins forestiers, telle qu’en offre le parcours aller-retour d’Alençon à Bagnoles-de-L’orne Normandie, trois ou quatre jours étant à prévoir pour couvrir sans se presser ces 106 km en « homo touristicus ».
A moins de transporter (en train ou en voiture) son propre deux-roues, on peut en louer un à Alençon, point de départ de notre échantillon de parcours. Provinciale par excellence, la quiète petite ville mérite qu’on s’y attarde pour son quartier et son château médiéval, sa basilique au porche gothique flamboyant, ses hôtels particuliers, sa maison natale de Sainte-Thérèse-de-Lisieux et sa circulaire halle au blé coiffée d’une coupole de verre.
Au-delà de sa beauté, le chef-lieu de l’Orne a aussi l’avantage de permettre une Véloscénie sur deux itinéraires. On peut ainsi s’élancer jusqu’à Bagnoles par le tout plat tracé méridional qui, via la Mayenne, emprunte une ancienne voie ferrée, et revenir par le plus sportif tracé septentrional, qui musarde sur des routes vallonnées. De Saint-Denis-sur Sarthon, la nouvelle voie verte conduit ainsi en 14 kilomètres à Pré-en-Pail-Saint-Sanson, dont la corniche de Pail est classée « zone naturelle d’intérêt écologique, touristique et floristique ». Couverte de bruyère, elle offre un panorama imprenable sur la région, concurrençant ainsi celui tout proche du mont des Avaloirs. Un sommet qui mérite le détour, puisqu’on arrive là au « point culminant du Massif Armoricain et du Grand Ouest ». Cent huit marches conduisent à ce belvédère d’où le regard se porte à 50 kilomètres à la ronde. De ces 416 m, on distinguerait même parfois la silhouette du Mont-Saint-Michel.
De retour sur la voie verte, cap sur Couterne, dont l’église de style néo byzantin rappelle le Sacré-coeur de Montmartre, son clocheton étant surmonté d’une Vierge de 4 m de hauteur. Un peu plus loin, la photo s’impose face au château Renaissance, jadis haut-lieu de la chouannerie dans l’Orne. Ne reste plus dès lors qu’à se laisser glisser dans la dense forêt d’Andaine, plantée de pins sylvestres, de chênes, de hêtres et de bouleaux, avant de plonger dans la Belle Epoque.
Celle qui marque de son cachet l’unique station thermale du Grand Ouest français : welcome à Bagnoles-de-L’orne. Délicieusement surannée avec ses villas kitsch, ses grands hôtels reconvertis, son casino, ses jardins remarquables et son lac central, la petite ville fleure bon la bourgeoisie résidentielle des années 1900. Un tableau rétro à découvrir en panoramique, des hauteurs du Roc-au-Chien, d’où les hauts bâtiments de cure se révèlent imposants. De style Art Déco en béton armé et classée Patrimoine architectural du XXe siècle, l’église du Sacré-Coeur fait aussi référence à l’eau par ses vitraux.
La parenthèse bagnolaise refermée, on repart donc vers Alençon par un itinéraire en voirie partagée qui présente plus de dénivelé. Plus de jarret mais plein les yeux, tant il fait bon pédaler sur ces routes qui prennent encore le temps de tourner, dans des paysages qui « normandisent » à merveille : le bonheur est dans le pré… De vertes prairies avec vaches et pommiers en demeures à colombages, on est là dans l’imagerie d’Epinal, ce champêtre trajet retour passant par l’élégant château de Carrouges, qui marie en façade la brique, l’ardoise et le granit. Fleuron de la Normandie, il est d’ailleurs le siège du Parc naturel régional Normandie-Maine. Un peu plus loin, châtelain lui aussi, le beau bourg de La Roche-Mabile annonce déjà, à 15 km de là, la fin de cette échappée belle qui donne envie. Envie de pérégriner dans d’autres ailleurs de cette enchanteresse Véloscénie qui mène jusqu’à elle. Jusqu’à cette mythique cité médiévale flottant au-dessus de la mer. Le Mont-Saint-Michel, « merveille de l’Occident chrétien » !
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