Ski et féerie en Anatolie Orientale, concilier sports de glisse et dépaysement dans un décor à grand spectacle
C’est l’opportunité qu’offrent jusqu’en avril la ville et la province d’Erzurum, sur les hauts plateaux de l’est de la Turquie. Un sommet du tourisme hivernal.
Les Alpes en hiver, ça finirait presque par être lassant. Pourquoi dès lors ne pas slalomer dans un fief du ski plus dépaysant, et ô combien moins coûteux. En l’occurrence, à cinq heures d’avion de Paris, à Erzurum, ville d’Anatolie orientale, perchée, à 20 km de son aéroport, à 1900 m. Culminant à 3200 m, la station attenante de Palandöken offre une neige d’excellence, ses pistes noires étant devenues en trente ans un paradis de niveau international pour les skieurs turcs, polonais, russes, ukrainiens, géorgiens et iraniens les plus chevronnés.
Avec ses 24 pistes, dont la plus longue du pays court sur 12 km, la station s’épanouit sur 57 km de parcours, les remontées mécaniques étant neuves et rapides. On peut même y pratiquer le ski nocturne et le free ride, dans un froid certes vif (jusqu’à – 20°C), mais jamais pesant. Du bon air frais avant de succomber à la chaleur du « cağ kebab », ce kebab local à l’agneau étant sublimé à la table du Muammer Usa, sur la grande avenue chic d’Erzurum. La soupe au yoghourt, la soupe d’herbes, et la soupe de pieds de bétail sont d’autres spécialités historiques de la cuisine locale, qui valorise aussi ses pistaches.
Sept fois millénaire, sur la Route de la Soie, une ville certes peuplée d’un demi-million d’habitants, mais foncièrement provinciale par sa tranquillité. Au pied des pistes, un musée à ciel ouvert, ses minarets se détachant sur l’horizon. Riche d’un château, de madrasahs et mosquées, elle est aussi fière de sa maison d’Atatürk et de son clinquant bazar à bijoux, où s’alignent d’innombrables échoppes. Erzurum est en effet connue pour une pierre particulière, la pierre Oltu. Appelé localement « or noir », de couleur noir/gris foncé, ce jais est utilisé dans la conception de nombreux accessoires, bijoux ou encore chapelets.
Au-delà de la ville et de son domaine skiable, la province d’Erzurum s’enorgueillit aussi de sites naturels qui invitent à musarder un jour ou deux alentour. Au moins jusqu’à Tortum, dont la superbe cascade, avec ses 48 m, la plus élevée de Turquie, précède un féerique lac émeraude, cerné de hauts rochers : du panoramique avec vues sur 8 km, une yourte de « typical food » ajoutant à l’issue de la route au dépaysement de cet ailleurs enchanteur, où s’élèvent de hauts cônes de pierre, dits cheminées de fée, qui rappellent la Cappadoce.
On aura compris que ce combiné ski-tourisme en version « Salam aleikum » est une parfaite alternative à de classiques sports d’hiver, la non-pratique d’un anglais même basique rendant certes la communication difficile, même dans les grands hôtels, la station en comptant une dizaine, dont le chaleureux cinq-étoiles, le Sway, affiche l’hiver souvent complet. Dès 200 € la nuit, on est en effet loin des tarifs de Megève.
Cette échappée belle, est d’autant plus tentante que, transit oblige, Istanbul vous tend les bras, pour prolonger un séjour dans une Turquie plus occidentale. Sorti du plus vaste aéroport d’Europe, vraiment impressionnant, il serait dommage de ne pas profiter de l’opportunité de (re)découvrir l’ambiance et les merveilles de l’ex-Constantinople : une cité mythique dont on pourrait encore dire que, même devenue tendance, « c’est Byzance » !
Texte et Photos Richard Bayon