Un joyau médiéval de Reims vient de retrouver sa beauté
C’est une véritable renaissance pour la Maison des Musiciens. Ses sculptures en façade viennent d’être restituées telles qu’à l’origine après cinq ans de travaux et d’efforts de la part des restaurateurs, des collectivités locales et des nombreux mécènes. En particulier la famille Taittinger propriétaire des lieux.
L’une des plus belles statuaires profanes du XIIIème siècle en Europe
Elle fut sans doute un imposant hôtel particulier avant que les bombardements de la première guerre mondiale n’aient eu raison de ses murs. Les sculptures très endommagées furent descendues en 1917 et finiront sous protection du musée Saint-Remi où il est possible de les voir telles que la guerre les a laissées. Avant ce désastre, la beauté de la façade de cet hôtel particulier situé rue des Tambours n’avait pas échappé à l’œil averti des grands architectes du XIXème siècle. Viollet-le-Duc s’en était occupé car il considérait les sculptures comme l’une des plus belles réalisations profanes de cette époque. Cette façade a ainsi fait l’objet de nombreuses publications dans les ouvrages d’art et d’archéologie bien avant qu’elle ne soit détruite. Et pourtant on n’a jamais levé le mystère sur la date exacte de sa construction, estimée entre 1240 et 1250 ni sur le nom de ses propriétaires, de riches drapiers certainement.
Reims est alors une ville prospère comme le Royaume de France
Car grâce à ses nombreuses activités drapières la ville est en plein essor économique. Les toiles de lin pour l’ameublement, les draps de qualités diverses allant des plus simples au plus luxueuses, comme celles imitant les tissus précieux venus d’Orient, se vendent dans toute l’Europe et enrichissent les marchands. Sont aussi florissants les métiers du vin, du cuir, du métal et du bois, si utiles à la construction. L’Eglise de son côté est elle aussi prospère sans oublier le prestige que lui donne le sacre des rois de France en la cathédrale Notre-Dame depuis 816 avec Louis 1er le Pieux. La réussite s’affiche sur les façades des belles et grandes maisons qui ont pignon sur rue et dans cette rue du Tambour en particulier car il est l’axe principal de la ville.
Grandes heures et aléas de cette belle demeure
On ne connaît pas le nom du propriétaire de cette Maison des Musiciens mais il a dû appartenir à un riche marchand ou à une famille bourgeoise souhaitant afficher de façon aristocratique un mode de vie ressemblant à la vie courtoise très portée sur la musique. Selon Viollet-le-Duc elle aurait aussi pu appartenir à une confrérie des Ménestriers, les statues représentant quatre musiciens et un auditeur. Néanmoins le flou demeure aussi bien sur l’appartenance que sur la vocation initiale du lieu. Plus tard la maison sera scindée et son rez-de-chaussée occupé par des droguiers et marchands de couleurs. Après les bombardements incessants de1917 qui détruisent pratiquement toute la ville, les statues sont descendues et mises à l’abri. La maison reste vide et longtemps inoccupée. Un projet d’élargissement de la rue puis l’intérêt d’un riche américain pour le rachat et le départ des sculptures vont modifier favorablement leur destin. La ville se porte acquéreur.
Association et mécènes entreprennent la restauration
En 1941 la famille Taittinger, propriétaire de la demeure voisine des Comtes de Champagne, la rachète à la ville. En 2015 Pierre-Emmanuel Taittinger, avec l’aval des Bâtiments de France, et l’Association Renaissance de la Maison des Musiciens de Reims qui rassemblera les fonds, entreprennent la reconstruction de la façade en se basant sur les documents antérieurs. Soit quatre grandes fenêtres à meneaux cruciformes encadrés par cinq niches à trumeaux de style gothique. Les sculptures reconstruites par moulages en polyuréthane plus grandes que nature pour être vues d’en bas sont placées comme autrefois sur des consoles portées par des bustes d’hommes et de femmes perpendiculaires au mur. Des rapprochements stylistiques avec les nombreux musiciens de la même époque présents sur le portail Notre-Dame de la cathédrale alors en chantier (on en a trouvé cinquante-quatre) mais on ne leur a pas trouvé d’atelier commun…
Quatre musiciens et leur auditeur dans la rue du Tambour
Revenons donc à ces quatre musiciens qui évoquent un concert raffiné digne de la vie courtoise. Le premier visible sur la gauche quand on arrive de l’Hôtel de Ville est le Joueur de flûte et tambourin vêtu d’une cotte aux plis gracieux. Vient ensuite le Joueur de chevrette qui du bras gauche appuie sur l’outre d’air et jouant sur le hautbois. Au centre, l’Auditeur, jambes croisées porte sur son poing un faucon. A sa droite le Joueur de harpe tient l’instrument entre ses jambes. Le Joueur de vièle vient en dernier, la robe relevée, croisant aussi les jambes et maniant son archet. Les restes de polychromie permettent de les imaginer entièrement couvert d’une peinture rouge ou verte qui attirait vivement l’attention quand on traversait cette rue importante pour aller jusqu’au marché où se négociait les belles toiles de lin.
Maison des Musicien: Rue de Tambour, 51100 Reims
Par pitié si vous faites la promotion d un endroit à visiter.indiquez nous la ville et le département….marie51
Il y a bien l’adresse dans le texte. Bien à vous