Jeanne d’Arc : De Domrémy à Vaucouleurs, les premiers pas de l’épopée johannique Deux villages sont les témoins privilégiés de cette histoire.
Avec, côté Vosges, la maison natale de Jeanne d’Arc, la basilique du Bois-chenu, le tout nouveau Centre d’interprétation. Côté Meuse, la porte johannique, la crypte du château de Robert de Baudricourt et le musée attenant. Un itinéraire de 20km sur les traces de cette héroïne unique.
Domrémy, la maison natale où tout commence
Que reste-t-il des murs qui ont vu naître cette héroïne unique de l’Histoire de France ? Il faut bien sûr faire la part des choses en franchissant le seuil de cette maison au curieux toit en appentis modifiée de nombreuses fois au cours des siècles. C’est pourtant bien là que nait Jeanne vers 1412 dans une famille de paysans prospères, des petits notables du village. Jeanne n’est pas la petite bergère pauvre dessinée par les images d’Épinal mais sa vie se déroule dans la plus grande simplicité. Le linteau au-dessus du seuil qui porte les armoiries de la famille d’Arc rappelle l’anoblissement de la famille après la réhabilitation de Jeanne en 1456. Au-dessus, une statue de l’héroïne en armure et à l’intérieur quatre pièces ouvertes à la visite ainsi qu’un espace muséographique. On sait que Montaigne visite les lieux en 1586 et que des pèlerinages ont lieu à Domrémy ; mais c’est à partir de Louis XVIII, en 1854, que débute le véritable culte de Jeanne en ces temps troublés afin de “refédérer“ la nation. Le roi finance alors la restauration de la maison en même temps qu’ouvre un premier musée. Plus tard, en 1818, Le Département des Vosges l’acquiert, en dégage les bâtis environnants et crée un jardin arboré orné d’un monument commémoratif. Pour la visite commentée un audioguide est conseillé afin de mieux s’immerger dans ces temps reculés.
Un Centre d’interprétation à la scénographie revue et corrigée
Le nouveau parcours de visite “Visages de Jeanne“ vient d’être inauguré dans ce bâtiment contemporain équipé de tous les dispositifs facilitant les approches. Ici pas de de collections d’objets ou de mobilier pour rappeler la vie et l’œuvre de cette Jeanne à l’image si souvent mouvante entre le mythe et la réalité. La visite a pour mission d’aider à comprendre le rôle historique de cette pucelle de 17 ans qui chassa en partie les Anglais hors de France. Que représentait ce Royaume de France en 1428 durant l’interminable guerre de Cent ans ? Quelles furent les différentes étapes de la chevauchée de Jeanne et leurs dates-clés ? Quels documents et sources permettent d’en savoir plus sur cette équipée ? Comment les enfants peuvent-ils s’approprier de façon facile voire ludique les grands moments de cette aventure hors du commun ? Voici les questions auxquelles répondent les différentes salles de ce centre entièrement repensé.
Outils multimédias et programmation culturelle
Des animations en 2D permettent de comprendre l’extension du royaume de France et les effets de la guerre de Cent ans. Elles décrivent aussi la chevauchée de Jeanne à travers le territoire. Une carte interactive situe les frontières intérieures et les villes-clés. Des extraits d’émissions audio sont accessibles avec casque et les enfants peuvent assister à des projections adaptées. La programmation culturelle prévue durant l’été est consultable sur le site de la maison natale de Jeanne. Par exemple celle de la compagnie Colegram qui s’adresse aux tout petits aussi bien qu’aux plus grands dans un spectacle désopilant. Des reconstitutions historiques font revivre les métiers de jadis et les fêtes médiévales. Des conférences et des jeux sont également prévus.
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Une Basilique pour révérer Jeanne à la fois sainte et guerrière
La première pierre de la basilique du Bois-Chenu est posée en 1881 sur les lieux où Jeanne aurait entendu ses voix. Financée par une souscription nationale et par les dons des pèlerins sa construction sera longue et difficile mais terminée en 1934. Jeanne est canonisée en 1920 par le pape Benoît XV qui la proclame “Sainte patronne secondaire de la France“ et la basilique est consacrée en 1926. Avec son style néo-roman et sa haute flèche le monument se voit de loin depuis la route, perché qu’il est sur la colline dominant la vallée de la Meuse. Le soir, illuminé, il apporte un supplément d’âme au paysage. L’intérieur éblouit par la polychromie des mosaïques et les huit grandes peintures de Lionel Royer illustrant les grands moments de la vie de Jeanne.
Vaucouleurs. Robert de Baudricourt cède devant l’obstination de Jeanne
Les deux premières fois il la renvoie chez elle avec dédain Comment croire cette pucelle qui veut aller à Chinon trouver Charles VII pour lui transmettre son message divin ! A sa troisième visite pourtant il finit par céder. On grimpe aujourd’hui vers ce qu’il reste des murs du château qui surplombe le village, on s’assied au pied du tilleul chenu sous lequel Jeanne s’est peut-être reposée et on imagine dans le silence ambiant cette aventure à la fois guerrière et mystique. Des murs du IXe siècle il ne reste presque rien, il faut descendre dans la crypte de la chapelle castrale où Jeanne venait se recueillir avant son départ pour Chinon. Toute l’année, dans ce clair-obscur, un audiovisuel discret anime l’intimité du lieu. La magie opère devant la statue en partie restaurée de Notre-Dame des Voûtes où Jeanne venait sans doute prier… La chapelle reconstruite au XIXe siècle resplendit de 26 vitraux qui font revivre l’épopée de Jeanne d’Arc depuis son départ de la Porte de France, toujours sur pied à Vaucouleurs, jusqu’à sa mort à Rouen sur le bûcher.
Les Images de Jeanne au musée de Vaucouleurs
Il est installé dans une aile de l’Hôtel de Ville à côté de la statue de Jeanne dressant son épée vers le ciel. Consacré à ’“L’Image de Jeanne à travers les siècles“ ce musée présente en quatre salles de très nombreux dessins, estampes, sculptures et affiches, autant de regards et d’interprétations suscitées par la Jeanne à la fois pucelle, guerrière et martyre. Au XIXe siècle avec la Restauration monarchique, l’essor du romantisme et le renouveau du catholicisme l’image de Jeanne s’affirme et devient source d’inspiration pour les écrivains, les artistes et les cinéastes comme le montre la dernière salle avec les films qui lui sont consacrés. Dans la salle du Conseil de la mairie, une fresque monumentale réalisée en 1886 par Jean-Jacques Scherrer commémore le début de l’épopée johannique. Impressionnante.
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