Ces jardins remarquables méditerranéens offrent un refuge de verdure respectueux du vivant, c’est une nouvelle gestion naturelle et différenciée des jardins .
Sur les hauteurs de Villeneuve lez Avignon, l’abbaye Saint-André abrite un Jardin Remarquable en balcon, de 2 hectares, dominant Avignon et toute la vallée du Rhône. Composé d’un jardin italien et d’un jardin sauvage, sillonné par un nouveau sentier botanique méditerranéen, ce refuge de verdure est très apprécié des locaux et des amateurs de flore. L’abbaye Saint-André propose toute la saison des expériences au jardin : balades avec le jardinier, levers de soleil au son du violoncelle, séances de yoga face à la vue panoramique, promenades à la lanterne… Au quotidien, ce jardin de type provençal doit affronter de nombreuses contraintes climatiques et patrimoniales avec pour seules armes des techniques écologiques dont le jardinier Olivier Ricomini a le secret. En coulisses, il ne cesse de réinventer ses pratiques à l’écoute de ce jardin centenaire, de chercher des solutions alternatives notamment dans le jardin sauvage. Ainsi, en ce moment, une grande campagne de paillage minéral est menée. Une démarche expliquée aux visiteurs parfois étonnés de voir quelques herbes folles pointer leur nez dans les allées, la disparition des rosiers ou la prairie de l’oliveraie encore haute fin juin. Un parti pris qui intrigue, parfois déconcerte, mais le plus souvent est encouragé et fait de nombreux émules parmi le public. Un jardin qui change notre regard sur le jardin !
Date : Abbaye Saint-André & ses Jardins ouverts de mars au 31 octobre. JARDIN OUVERT vendredi, samedi et dimanche en mars – Tarifs : 7 € (visite libre des jardins et exposition temporaire), visite guidée des jardins 11 €. Situation : à Villeneuve lez Avignon, face à Avignon.
Des jardins remarquables centenaires en pleine renaissance
Un jardin historique : si l’oliveraie date du temps de l’abbaye bénédictine, le jardin actuel a été dessiné dans les années 20, création d’Elsa Koeberlé et Genia Lioubow pour les parterres italiens, puis dans les années 50 par Roseline Bacou pour le jardin sauvage qui épouse les nombreux vestiges historiques alors mis à jour.
Ce Jardin Remarquable, labellisé depuis 2014, continue sa métamorphose avec Marie et Gustave Viennet, les nouveaux gestionnaires qui pilotent ce monument familial, épaulés par le jardinier Olivier Ricomini. Ouverture au public, transmission botanique et écologique, changements climatiques, les enjeux sont aussi complexes que passionnants.
Nouvelle gestion 100% naturelle, un défi en climat rhodanien
Perchés sur le rocher du mont Andaon, battus par les vents, subissant des sécheresses répétées et des fortes chaleurs, les jardins de l’abbaye doivent affronter de rudes conditions climatiques et pédologiques propres au climat méditerranéen et plus particulièrement à la vallée du Rhône.
Seuls les amendements organiques ont droit de cité dans ce jardin en terrasses : lombricompost, guano, semis d’engrais verts. De même les traitements sont uniquement biologiques : solutions à base d’huiles essentielles, purins de prêle ou d’ortie. « Utilisés seulement en dernier recours », précise le jardinier de l’abbaye. Épine souvent douloureuse d’un Jardin Remarquable, le désherbage est ici manuel ou thermique. Cette philosophie assumée par l’abbaye représente un coût.
Deux jardins, deux approches différenciées
Le jardin italien, plus formel. Arborant une taille des arbustes en topiaire, des allées tenues, ce jardin nécessite un arrosage qui s’effectue en goutte-à-goutte enterré lorsque le terrain le permet.
Le jardin sauvage, plus novateur. Le désherbage y est moins pointilleux, l’arrosage réduit au strict minimum, les arbustes en taille douce et « les prairies des oliveraies sont entretenues en fauche tardive afin de permettre aux végétaux de se ressemer et aux animaux (insectes, rongeurs, reptiles) de s’y reproduire en toute tranquillité », explique Olivier Ricomini qui souhaite bousculer notre regard sur le jardin et notre perception du vivant.
Des jardins qui se visitent
*NOUVEAU : Le sentier botanique méditerranéen apparaît tel un escalier végétal : structuré par des terrasses en pierre sèche, couvertes d’une palette de 75 variétés, principalement de garrigue : l’asphodèle, le filaire, l’arbousier, le câprier, l’euphorbe, les sédums, la barbe de Jupiter… Une flore locale trop souvent méconnue.
Des jardins qui se vivent
Désormais c’est à bicyclette que l’on peut joindre les jardins, l’abbaye Saint-André ayant rejoint le réseau Accueil Vélo depuis cette année. Se déroulant sur les grandes terrasses ou à l’ombre de l’oliveraie durant l’été, des cours de yoga, en complète harmonie avec les jardins, sont assurés par les professeurs du studio Inspire Yoga d’Avignon deux fois par semaine. Et les samedis matins, ateliers créatifs et rencontres avec des artistes prennent place dans la cour d’honneur.
Séances de yoga les jeudis et samedis à 10h d’avril à sept. Tarif : 19€ ou carte yoga 80€ 5 cours + Pass jardins/expos : 25€. Réservation sur www.inspireyogaavignon.fr et ateliers sur www.abbayesaintandre.fr
Des jardins, théâtre de verdure
Durant la saison estivale, les visiteurs peuvent apprécier les Levers de soleil au son du violoncelle, les concerts de Bach au jardin, les visites des jardins à la lanterne, un récital de poésie et musique sous les voûtes. Et toute la saison, des expositions font écho aux jardins dans les galeries du palais abbatial. Sans oublier les temps forts des Rendez-vous au jardin et des Journées du patrimoine.
Zoom sur l’abbaye et ses jardins remarquables
