On n’est vraiment mort que lorsque plus personne ne pense au défunt. Voilà pourquoi el Dia de Los Muertos du Mexique est une tradition aussi festive que joyeuse, pour ne jamais oublier ses proches.
Chaque année depuis des siècles, la Toussaint revêt une ferveur particulière dans tout le Mexique, c’est même l’une des plus importantes fêtes du pays. Mais c’est à Oaxaca que Dia de los muertos (la fête des morts) puise ses origines et sa signification, qui est loin du folklore d’ Halloween, qui se pratique dans le pays voisin.
Oaxaca, cœur battant de la culture Zapotèque
Du 31 octobre, le 1er et 2 novembre, Dia Del Muertos est l’occasion de célébrer dans la joie les proches qui nous ont quittés. C’est à Oaxaca, capitale de l’État du même nom qu’il faut chercher les racines de cette fête. Ce lien si important avec les ancêtres vient de la culture Zapotèque. Il y a plus de 3 000 ans, les Zapotèques ont régné en maître pendant 2000 ans sur tout le Sud du Mexique avant d’être sous le joug par les Aztèques.
Pour ces cultures, la mort est un grand évènement car il existe toujours un lien entre le monde des morts et celui des vivants. La vraie mort est celle de l’oubli, et la fête des morts mexicaine est justement pour ne jamais les oublier, cette métaphore, cette coutume ont inspiré des artistes comme Lee Unkrich et Adrian Molina dans le film Coco.
El Mercado de Benito Juarez
Au marché couvert Benito Juarez c’est l’effervescence, vendeurs de pan de los muertos, de queso, de crânes en sucre, de déguisements… côtoient les vendeurs de tacos, de chapulines, de molé ou de nieves. Les stands particulièrement colorés ne désemplissent pas, car la fête touche toute la famille. Mais les stands les plus prisés sont assurément les fleurs, il en faut partout : sur les autels, les tombes, les places, les maisons, plein les yeux et les cœurs.
La préparation del día de los muertos mobilise toutes les générations, il faut préparer les plats et boissons préférés des défunts que l’on dispose sur un autel près des photos des disparus. Les tapis de fleurs se composent de roses d’Inde, de cresta de gallo ou encore de fleurs immortelles multicolores. Le plus étonnant, ce sont les objets déposés sur l’autel des morts, si le défunt était un musicien on lui apporte par exemple son instrument préféré, ce qui occasionne parfois quelques idées saugrenues mais toujours bienveillantes.
Si pendant des siècles, seuls les habitants des campagnes fêtaient día de los muertos, la tradition s’est étendue à tout le pays au grès des migrations vers les villes. Aujourd’hui Mexico fait, chaque année, un immense défilé particulièrement joyeux et coloré.
Dès le 31 octobre au soir, la fête bat son plein au grand cimetière de Oaxaca et de Xoxocotlan (Banlieue de Oaxaca).
Les lieux s’habillent de fleurs, de lanternes, de bougies rehaussés par des musiciens loués par toutes les fratries voulant faire la fête. Les familles viennent rendre visite, nettoient les tombes, pique-niquent sur celles-ci et passent parfois la nuit entière du 31 octobre à se remémorer ses aïeux et rire à plein poumons avec les souvenirs et anecdotes partagés avec les défunts.
Après le cimetière, la journée du premier novembre est consacrée aux enfants disparus trop rapidement, c’est la journée de los angelitos (les petits anges) et le 2 novembre c’est la journée des adultes. La fête s’est emparée de la ville fleurie pour l’occasion, défilés de chars, chants, musique, squelettes géants viennent, le temps d’une soirée, faire oublier la douleur de la perte d’un proche. Cette fête aussi surprenante qu’ancestrale, vient nous rappeler notre condition d’humain, mais pour les mexicains, honorer ses morts est une formidable leçon de vie.