Située entre l’Inde et l’océan Pacifique, l’Indonésie, est le plus grand archipel et le quatrième pays le plus peuplé au monde avec plus de 260 millions d’habitants.
Comprenant plus de 17000 îles, l’ensemble indonésien s’étire sur 5 300 km d’Ouest en Est. Il se situe sur la ceinture de feu du Pacifique au niveau de l’équateur entre les continents asiatique et australien. Comme partout, l’objectif du gouvernement est bien d’éviter la propagation du virus. Mais en raison du manque de couverture sociale et des énormes dimensions du pays, il n’est pas facile d’appliquer le confinement général sur tout le territoire. En effet, le pays ne peut pas compter sur le chômage partiel ou la mise en place de prêts garantis par l’État comme en France. Cela signifie que ceux qui ne travaillent pas actuellement, ne bénéficient d’aucune ressource. Le gouvernement a suggéré la fermeture des bureaux et des administrations afin de favoriser le télétravail, comme c’est d’ailleurs le cas dans tous les ministères depuis fin mars. En ce qui concerne les restaurants, les marchés, les transports publics, l’activité qui était déjà en grande partie limitée est actuellement complètement au ralenti depuis le début du ramadan le 24 avril. Les fidèles ont en effet encore plus tendance à pratiquer l’auto-confinement durant cette période.
Temple à Bali @ David Raynal
Solidarité et période de ramadan
Depuis le début du ramadan, tous les déplacements sont d’ailleurs interdits. Il s’agit d’éviter la propagation du virus par les mouvements de foule et de stopper sa prolifération. Les transports routiers sauf exceptions (pompiers, ambulances, police, etc.) sont ainsi suspendus jusqu’au 31 mai, les trains jusqu’au 1er juin les avions jusqu’au 8 et les traversées maritimes jusqu’au 15 juin. Depuis le début de la crise et hors période de ramadan, la priorité du gouvernement indonésien a donc été de maintenir autant que possible la vie économique du pays, tout en apportant une aide financière et alimentaire sous forme de distribution de riz aux plus démunis. De son côté, le ministère du Tourisme apporte localement son soutien aux agences de voyages, aux hôtels, ainsi qu’aux transports qui sont touchés de plein fouet par cette crise. Il fait également parvenir aux populations de l’aide alimentaire, des masques et du gel hydro alcoolique gratuitement. Le gouvernement prend également en charge l’hébergement du personnel soignant, des infirmières et des médecins, quand cela s’avère nécessaire.
Musée des masques et des marionnettes à Bali @ David Raynal
Fantômes et super-héros pour faire respecter le confinement
Comme en Chine, des hôpitaux ont été spécialement construits pour accueillir les personnes atteintes du Covid-19. Dans un hôpital de Jakarta des droïdes « made in China » ont même été déployés pour assister le personnel médical dans sa lutte contre le coronavirus. Quelques hôtels ont été également transformés pour devenir les lieux de confinement destinés aux patients déclarés positifs, qui sont tous pris en charge par l’Etat, y compris pendant leur hospitalisation. Bien que gratuits, seulement 10 000 tests sont pratiqués chaque jour en raison du manque chronique d’équipements. Dans la rue, les masques demeurent obligatoires. Ils sont fabriqués en Indonésie et distribués gratuitement. Les sociétés doivent également en fournir à leurs employés. Les tenues du personnel soignant ainsi que certains médicaments, comme le paracétamol, sont aussi produits dans l’archipel. Depuis le début de l’épidémie, les policiers indonésiens rivalisent d’inventivité pour assurer la prévention contre le Covid-19 dans les rues des grandes villes. Certains ont ainsi décidé de se déguiser en super-héros pour distribuer des masques aux habitants et vaporiser du désinfectant contre le coronavirus.
Masque rituel à Bali @ David Raynal
Mégalopole de 30 millions d’habitants
Dans la province de Java, les autorités font appel à des fantômes locaux pour patrouiller et effrayer les confinés récalcitrants qui s’aventurent dans les rues. Ces « fantômes de linceul » sont supposés être l’âme des morts selon la tradition indonésienne. L’effet est garanti. La peur au ventre, surpris comme un soir d’Halloween, les habitants déguerpissent en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Dans la capitale du pays, Jakarta, l’ambiance peut être moins bon enfant. Des soldats sont déployés en renfort des forces de police afin de faire respecter l’application des règles de plus en plus strictes. Les contrevenants s’exposent à de fortes amendes et à des peines allant jusqu’à un an de prison s’ils ne se plient pas à l’obligation de ne pas sortir de leur domicile. L’interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes à l’extérieur est désormais en vigueur dans cette mégalopole de 30 millions d’âmes. Officiellement, plus de 8300 cas de contamination ont été recensés jusqu’à présent dans l’archipel pour plus de 800 décès, même si ces chiffres sont comme dans beaucoup de pays considérés comme largement sous-évalués.
Offrande à Bali @ David Raynal