Costa Rica. Le rio Pacuare est connu des rafteurs du monde entier. Interdit aux moins de 12 ans, sportif et rafraîchissant.
Par Béatrice Leproux
On nous l’avait bien dit : pas une corde à laquelle s’agripper, pas un cheveu de sec, à peine de répit et n’avoir de cesse de pagayer de tout son corps pendant trente kilomètres et deux heures et demi de descente dans les rapides. Nous sommes six rafts de six personnes chacun, plus un barreur. Ses eaux sont marron, mélange d’argile et de sédiments. Dans la forêt pluviale et primaire au centre- Est du pays, bordée de rochers qui forment un canyon par endroits, c’est l’une des dix plus belles et plus mouvementées rivières au monde.
Pas le temps de fouiller les rives à la recherche d’un fourmilier, d’un iguane ou d’un paresseux. « Forward !» hurle le barreur, tentant de couvrir le bruit incessant de cataracte. A ses ordres, on fournit l’énergie tandis qu’il assure la bonne direction. Assis à l’arrière, ce pro manie sa pagaie comme une majorette son bâton, surfant entre les rochers en profitant des courants et des remous, estimant les distances d’un seul coup d’œil. Des creux de près de un mètre, des rapides qui se succèdent, nous sommes douchés en moins de dix minutes.
Insubmersible et très stable, le radeau pneumatique permet de franchir des rapides inaccessibles à la plupart des embarcations. Encore faut-il que ses passagers se maintiennent à bord. Le pied calé sous un boudin du raft, la peau déjà rougie par le frottement avec le caoutchouc, on plonge notre rame plus loin et plus profondément dans l’eau, pestant contre le froussard devant nous qui s’aplatit dans le bateau au premier bouillon. « Back left !! » rugit notre pilote. Les équipiers de gauche pagaient à l’envers tandis que les autres s’interrompent. Il s’agit de ne pas heurter les blocs de pierre volcanique qui émergent et disparaissent au gré du bouillonnement d’écume. « Stooop » !
Nous nous figeons, tendant le dos, prêts à encaisser le choc. Mais non, au dernier moment, nous l’évitons. Submergés vague après vague, aveuglés, nous refaisons surface, dégoulinant, avant de replonger encore et encore, pagayant parfois dans le vide, incapables d’anticiper le danger. La vague s’annonce énorme. « Inside !» hurle le capitaine. On se laisse glisser au fond du raft, le corps ramassé, se cognant les uns aux autres tout en prenant garde de ne pas lâcher notre précieuse pagaie. Trop tard.
Trois d’entre nous passent par-dessus bord. Surtout, ne pas perdre une seconde car le raft poursuit sa course folle dans le courant. Selon un scénario bien répété, le plus proche attrape le naufragé par les épaules de son gilet de sauvetage et le hisse en basculant son propre poids en arrière. En cas d’échec, il sera secouru par le raft suivant. Soudain c’est le calme. Incrédules, nous découvrons un plan d’eau paisible, survolé par des aigrettes blanches, des martins-pêcheurs et des Morphos, ces grands papillons d’un bleu irisé.
Pratique
– Schématiquement, le Costa Rica a deux saisons : la sèche, de décembre à avril, et la verte, qui débute en mai : mais cette période des pluies diffère en intensité et en permanence selon les régions.
– Pour des voyages sur mesure incluant rafting, s’adresser à Equinoxiales qui vous concoctera votre voyage au Costa Rica au meilleur prix www.equinoxiales.fr Tél : 01 77 48.81 00
– Office du tourisme du Costa Rica en France : à l’ambassade 78 av. Emile-Zola 75015 Paris Tél. : 01 45 78 61 61. www.visitcostarica.com
– Lire « Costa Rica », guide Gallimard, Bibliothèque du Voyageur.