Par Fabienne Dupuis
C’est une destination un peu discrète; de celle qui cache ses trésors derrière le sourire placide des gens heureux et fortunés. Récemment encore, les Langhe et le Roero vivaient au rythme difficile du travail des champs, mais le vent semble pourtant bien avoir tourné. Villages classés, vignobles à perte de vue, balades en forêt et produits du terroir sont autant d’atouts qui aujourd’hui composent la délicieuse carte postale des Langhe et du Roero piémontais. Zoom sur une « slow région ».
Campée à moins de 150 km de Milan, coincée entre la vallée d’Aoste et la Ligurie, la région du Piémont fait presque modeste figure lorsque l’on y pénètre. Loin du chaos de la grande ville Lombarde, on s’affaire pourtant, ici aussi, mais au rythme de la nature, de ses ressources et productions. Après tout la région est tout de même le troisième moteur économique du pays ! Là même où le mouvement Slow Food est né, dans la ville de Bra, à quelques kilomètres seulement de la nouvelle université des Sciences Gastronomiques, ouverte depuis 2004.
Séparé en deux univers distincts, le Piémont jouit d’une sublime géographie. Posée aux pieds du massif alpin Mont Rose, d’où elle tire son nom (Pied – Mont ), la région possède aussi à l’est de larges plaines et vallons que couvrent partiellement les régions historiques des Langhe et Roero. Si la culture ne fut pas toujours un labeur facile, la région offre aujourd’hui le spectacle d’une nature soigneusement travaillée et prolifère autour de laquelle
villes et villages, remis au goût du jour, dévoilent la splendide scène de leur riche passé.
On arrive souvent ici par la ville de Turin, le chef-lieu du Piémont. Hôte de grands noms de l’industrie italienne – de Fiat à Pininfarina, Olivetti, Lavazza ou même Martini – la capitale piémontaise abrite aussi une multitude de monuments, comme le Palais Royal construit pour la maison de Savoie qui dirigea entre autres le royaume d’Italie de 1861 à 1865, le Palais Madame ou l’interminable Corso Francia, qui méritent toute l’attention de leurs visiteurs.
C’est aussi la région des Langhe et Roero qui hérite de la terre. Une terre riche et abondante qui produit au fil des saisons, et d’un savoir-faire méthodique, les ingrédients d’une cuisine qui mélange tout autant les influences paysannes que celles des tables mises alors à la mode par la cours de Savoie.
Cela commence bien entendu par ces rizières. Celles de la plaine du Pô – les plus vastes cultures d’Europe !- dont les canaux d’irrigation, comme tous ceux de la célèbre Botte, ont été conçus par le génial Léonard de Vinci, et qui produisent dans le chef-lieu de Verceil, le roi des riz, le sublime Carnaroli, ingrédient suprême du risotto régional… et national !
Plus loin jusqu’au Monferrato, autre région historique du Piémont, les délices agricoles se multiplient. On y trouve bien entendu la célèbre truffe blanche d’Alba que des chiens truffiers dénichent aux pieds des peupliers, tilleuls ou chênes et que l’on déguste en copeaux sur des œufs aux plats ou dans un tartare de veau. Pour les accompagner, quelques grands vins de la région habillent admirablement ces « tuber » ; le Barolo d’abord, « rois des vins, vins des rois », ou le plus sage barbaresco ou même encore ce vin blanc mousseux d’Asti qui régale les soirées les plus festives de la région.
Quelques noisettes, sacrées plus chères au monde, des fromages D.O.P. (dénomination d’origine protégée) comme le Murazzano, la Toma Bossolasco ou la si fraîche Sola, du miel aux fleurs de châtaignier et quelques pièces de bœuf de Razza Bovina Piemontese (produit d’un croisement millénaire effectué entre un bœuf et un zébu, dit-on) viennent compléter une carte délicieusement conduite.
Avec une telle affiche, l’on comprend mieux pourquoi les piémontais sont sereinement fiers de leur région qu’ils parcourent au travers de longues balades « détoxifiantes » qui réjouissent aussi les visiteurs. En contemplant le paysage, on saisit alors tout le sens de ce silence satisfait que les habitants de la région affichent, préférant à l’évidence savourer les moments de la vie et sa belle nature, et si possible autour d’une table finement pourvue.
Fabienne Dupuis.
Que voir ?
Les villages de Barolo, Monforte et Bergolo. Turin pour ses palais et Alba pour son marché de produits régionaux qui se tient le dimanche matin.
Que boire ?
Le bicerin (originaire de Turin) est une boisson chaude composée d’un expresso, d’un chocolat chaud et de lait.
Que goûter ?
Le canobbio, gâteau aux noisettes, spécialité de la maison Corte di Canobbio à Cortemilia.
Les fromages de la région, à la Cascina Amaltea, www.ipascolidiamaltea.it
Un hôtel ?
Villa d’Amelia, www.villadamelia.com
Une table ?
Deux ! Castello di Grinzane Cavour, www.castellodigrinzane.it ou Alla Corte degli Alfieri Ristorante www.stefanopaganini.it