Turquie.A une heure de route d’Antalya, l’un des plus beaux sites antiques émerge peu à peu du passé à l’écart des routes touristiques. On en profite !
Reportage Catherine Gary
La route grimpe entre vergers d’orangers et d’oliviers avant d’atteindre la garrigue, plus sèche, avec autour les montagnes dénudées. Au fond de la vallée, les peupliers et les jardins potagers apportent quelques notes colorées : on devine la rivière. Un troupeau de chèvres trotte sur l’asphalte dans un bruit de clochettes suivi de son berger qui, au passage, vous fait don de quelques amandes séchées, une part sans doute de son déjeuner. Nous sommes dans la province de Burdur, au pied des monts du Taurus, dans la sérénité d’un paysage qui semble tout droit sorti de l’Antiquité. Tôt ce matin, au village d’Aglasun, nous avons fait provision de fruits séchés, abricots, raisins, noisettes en parcourant les allées du marché très animé par l’ambiance joyeuse des femmes en fichu à fleurs, ravies de nous voir débarquer et se prêtant de bonne grâce à notre curiosité.
A sept kilomètres du village, Sagalassos, l’un des plus beaux sites antiques d’Anatolie, ne serait pas sorti de terre sans les fouilles de l’archéologue Marc Waelkens qui en exhument les merveilles depuis 1991, date récente qui explique le calme de ces lieux encore peu fréquentés. Une aubaine pour les amateurs de vieilles pierres ! Occupé successivement par les Hittites et les Lydiens, c’est avec la conquête d’Alexandre le Grand que Sagalassos entre vraiment dans l’histoire, en 332 av. J.-C.
Mais sa période dorée elle la doit aux Romains plus qu’aux Grecs pour la bonne raison qu’elle se trouve située en hauteur, sur un emplacement défensif et au carrefour des grandes routes de commerce. L’empereur Auguste en fait donc au début du millénaire le plus grand centre de poterie d’Anatolie. Et Hadrien, cent ans plus tard, la décrète capitale de la Psidie, une prééminence qui ne se démentira pas pendant deux siècles encore. Elle tombera plus tard dans un long sommeil…Vestige des coutumes romaines, les bains impériaux furent parmi les plus grands d’Asie Mineure comme le montrent les restes des statues colossales d’Hadrien et de Marc Aurèle, des bras et jambes longs de presque deux mètres qu’on retrouvera en visitant le musée de Burdur.
Un peu plus loin, le petit Odéon rappelle les goûts raffinés des Romains pour la poésie et surtout le théâtre, sous le haut patronage du dieu Dionysos, grand amateur de libations et de fêtes. On grimpe à travers les vestiges de colonnes, de portiques, de chapiteaux sculptés déposés en vrac sur le jaune vif des euphorbes en fleurs. Des boutiques de marchands qui s’alignaient sur l’allée principale il ne reste que quelques vestiges éparpillés qui mènent aux lieux emblématiques : la nécropole et ses troglodytes creusés à même la roche, le temple d’Apollon, le vaste théâtre dominant la plaine, la fontaine en marbre qui coule encore et vient on ne sait toujours pas d’où, la belle bibliothèque et ses mosaïques, le quartier des potiers, témoin essentiel de la vie économique florissante de la cité…
On passe ensuite sous la porte de Germanicus et voilà l’immense agora supérieure, le cœur politique et cérémoniel de Sagalassos, avec aux quatre coins les colonnes qui portaient jadis les notables de la place. Et tout au fond, dans l’enfilade de niches en marbre et de fontaines, les statues gigantesques des dieux et des empereurs. Arrivés au sommet, au pied du petit temple dorique et de sa délicate frise de danseuses qui honorait un jeune héros de la cité on est saisi par la beauté unique de ce site perché sur la montagne en surplomb de la vallée. Et on comprend le génie stratégique des Romains avant de construire leurs cités.
Retour à la vie quotidienne à Burdur, une quarantaine de kilomètres de là, à travers une jolie région de lacs et des villages aux traditions ottomanes qui ont gardé leur authenticité. Le musée archéologique de Burdur s’est installé dans un ancien caravansérail, l’occasion de se faire une idée du brassage des cultures dans cette Asie Mineure à travers les âges. Il expose les pièces majeures trouvées à Sagalassos : objets de la vie quotidienne, éléments architecturaux sculptés, sculptures de belle qualité comme les têtes colossales de l’empereur Hadrien, de la déesse Demeter ou de l’empereur Marc Aurèle. On se dirige pour finir vers le marché qui regorge de produits frais et on se laisse tenter par la spécialité locale : des confiseries à la pâte de noix, un vrai régal sucré à consommer prudemment…
Pratique
Office de tourisme de Turquie :
Y aller :
Turkish Airlines : Paris-Antalya via Istanbul à partir de 330 euros
Choisir un voyage organisé :
Merveilles de Turquie avec Turquie Vision. Un circuit de 11j/10 n d’Istanbul à Ephèse (en passant aussi par Ankara, la Cappadoce, Konya, Beyesir, Salagassos, Antalya, Pamukkale, Aphrodisias). Prix : 1080 euros.
Ce tour opérateur, grand spécialiste du pays, propose 16 autres circuits en petits groupes dont plusieurs inscrivent Sagalassos au programme.
www.turquieVision.com
Séjourner à Sagalassos :
Le Sagalassos Lodge & Spa vient d’ouvrir ses portes dans un paysage idyllique entre le site antique, à 4 km, et l’animation du village d’Agalsun. Excellent accueil, piscine et spa, le tout dans un style contemporain et le charme d’une cuisine authentique.
Film sur la découverte et les premières fouilles à Sagalassos :
www.mystere-tv.com/sagalassos-la-derniere-cite-romaine-de-l-histoire-v3091.html
Musée de Burdur :
- burdurmuzesi.gov.tr/burdur_museum.htm