La forme d’un rocher. Il est vrai que le zoo de Vincennes est identifié par cette mini montage de béton. Depuis 1934, le zoo était la réserve animalière la plus célèbre de Paris. Il fonctionnait de façon durable. Mais le temps et sans doute l’usure des installations ont considérablement mis à mal un zoo classé en son temps comme l’un des plus beaux de France. En 2002 il était temps de remettre en état un espace de 125 ha et lui redonner une seconde vie. Maintenant le Parc Zoologique s’est transformé de façon radicale, il ne s’agit pas d’un réaménagement à la marge mais d’une refonte totale, complexe, tant du point de vue technique que juridique. Après 27 mois de travaux, la livraison des bâtiments et des biozones s’est échelonnée de fin 2012 à 2014. Le bâtiment des girafes a été construit en premier pour y accueillir le troupeau qui patientait depuis l’ouverture du chantier. Les travaux de la Grande Serre et la mise en place des structures de la treille d’entrée ont été lancés dès le début du chantier, afin de pouvoir planter les végétaux dans des conditions climatiques adéquates et leur laissant ainsi le temps de s’adapter et de croître.
© Véronique Partouche
Autour du Monde
La division du Parc Zoologique en cinq biozones structure le projet. Ce choix marque une rupture avec la présentation en vigueur dans les « anciens » zoos : alignements sans lien d’espèces, privilégiant l’exotisme à la compréhension des interactions au sein d’un même milieu naturel. Les cinq biozones sont géographiquement éloignées- Patagonie, Sahel-Soudan, Europe, Guyane et Madagascar. De tous les espaces de loisirs, le zoo offre la possibilité d’observer des animaux dans un cadre attractif. L’émerveillement est le prélude à la connaissance et au-delà à une sensibilisation au thème de la conservation de la nature.
© Véronique Partouche
La recherche
Les travaux des scientifiques et l’expérience du personnel animalier contribuent à l’amélioration de la connaissance des espèces animales, tant afin d’améliorer de façon constante la gestion des populations en captivité qu’au profit de la conservation des populations sauvages. La recherche concerne de nombreux domaines : génétique, physiologie, biologie de la reproduction, biologie du comportement, médecine vétérinaire (lutte contre les maladies infectieuses, épidémiologie, reproduction assistée, nutrition). La prise en considération de critères éthiques et l’exigence des conditions de confort liées à la notion de bien-être animal expliquent l’absence d’espèces dont les conditions de maintien en captivité n’étaient pas réalisables pour des raisons spatiales ou techniques. La sélection des espèces des différents biozones a été réalisée selon leur intérêt attractif, pédagogique, scientifique et selon les critères de conservation de l’UICN, Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
© Véronique Partouche
Une végétation omniprésente
171 000 plantes de 870 espèces végétales différentes et plus de 2 258 nouveaux arbres, plus de 150 000 arbustes, vivaces, graminées et plantes aquatiques, rien n’a été fait à moitié. Le parc est un véritable espace vert… De l’arbre du Voyageur au Bois Canon en passant par les arbres de la forêt équatoriale, tout a été très bien agencé. Chaque biozone est caractérisée par sa topographie, sa faune, sa flore et les spécificités des différents écosystèmes qui la composent. Le travail et l’art des paysagistes de l’Atelier Jacqueline Osty et Associés a consisté à concevoir une mosaïque de paysages, à reconstituer des milieux, à créer des atmosphères et à prendre en compte les contraintes techniques, sécuritaires et animalières, tout en les faisant disparaître aux yeux du public. Le zoo est une grande scène où les acteurs (les animaux) se découvrent dans leur décor naturel… ou presque. Les paysages sont le résultat d’un agencement sophistiqué et rigoureux de formes et de couleurs. Le choix des végétaux, la nature des sols, le dessin et le positionnement des enrochements, des bassins, des cascades, des abris, des mangeoires… tout concourt à créer l’illusion d’un ailleurs, tout en offrant une vision optimale des animaux.
© Véronique Partouche
Des milieux naturels, restitués ou évoqués
De la savane africaine à la Patagonie… les milieux évoqués ne correspondent ni au terroir, ni au climat parisien. La restitution des environnements s’appuie sur des plantes indigènes (c’est le cas pour la zone Europe et la Grande Serre) ou, si cela s’avère impossible, sur des plantes européennes proches et évocatrices par la silhouette, la texture, le feuillage – de celles des écosystèmes des différentes biozones. L’illusion est le résultat d’une traduction, de choix de végétaux dans une palette judicieusement élaborée. Tous les espaces animaliers sont végétalisés, à l’exception de l’enclos des babouins, entièrement minéral et habillé de 50 troncs d’arbres secs et de cordages. Aucune forme de protection ne pouvant parer les astuces des babouins.
Une impression d’immensité dans un espace restreint
Le terrain, initialement plat, a été entièrement modelé pour créer un nouveau relief : une vaste plaine sahélo-soudanaise au pied du Grand Rocher, des buttes, des merlons et des vallées pour l’Europe, pour la Guyane et Madagascar et une plaine côtière le long du lac Daumesnil pour la Patagonie. Cette nouvelle topographie, résultat de gros travaux de terrassement, permet de démultiplier l’espace, d’en masquer les limites, d’isoler visuellement les biozones, de multiplier les angles de visions – grandes perspectives, panoramas rapprochés micro-paysages le long d’un cheminement sinueux. Les végétaux participent de l’harmonie : ils masquent les contentions (grillages, fossés), dirigent le regard et lient les paysages entre eux par de savantes gradations. De la pampa minérale à la savane arbustive on passe aux milieux densément plantés : forêts d’Europe de Guyane et de Madagascar.
Les visiteurs découvrent dans ce zoo l’ensemble de la biodiversité d’une partie de la planète. C’est ici non plus une simple attraction mais un formidable outil de sensibilisation à la nature. Un centre de conservation des espèces respectueux de l’animal. Portée par une attente populaire immense la reconnaissance du Parc Zoologique de Paris passe ainsi et après 80 ans d’existence une nouvelle étape. Une histoire qui se poursuit toujours à l’ombre du Grand Rocher.
© Véronique Partouche
Georges Vincendet
Photos: Véronique Partouche
Pratique :
Parc Zoologique de Paris 53 Avenue Saint Maurice 75012 Paris
Parczologiquedeparis.fr
Réservation : (+33)0170945025 resa.pzp@mnhn.fr