Immense domaine skiable mis en commun entre 8 stations, les Trois Vallées bénéficient d’une nouvelle liaison aérienne. C’est le jeudi, et à Chambéry. Histoire de passer de l’ère de la semaine scolaire à celle du week-end à deux.
Le vol inaugural avait mal commencé. Par un détournement sur Lyon. Une manière de donner raison à ceux qui ne voulaient pas se frotter à Chambéry et aux risques de mauvais temps. Les stats sont là, pourtant : Chambéry a exactement le même taux de détournement que Lyon. C’est-à-dire, un tout petit peu plus que les chiffres pépères de Paris. La compagnie Transavia a donc saisi l’occasion pour se lancer sur le Paris-Chambéry, et en week-end, s’il vous plaît (2 vols hebdomadaires, jeudi et dimanche). « L’idée est venue en voyant le nombre de jets privés qui se posent à Chambéry pour deux journées de ski, parfois : des Russes, des Anglais, d’autres venus direct des Etats-Unis », explique un des initiateurs du projet.
Entre le Falcon et le TGV, la filiale d’Air France a donc choisi d’ouvrir une voie médiane. De fait, à l’heure où le marché du luxe devient obsessionnel, c’est clairement les privilégiés qui sont visés : ceux qui peuvent s’offrir au débotté – si on ose dire en parlant d’après-skis – un week-end dans un hôtel de montagne. Et tant pis pour les locs samedi-samedi !
Dameurs vicieux
Domaine le plus accessible depuis Chambéry, les Trois Vallées donnent le change avec une desserte en autocar ajustée aux horaires (moins de trois heures de Paris). Ce qui n’interdit pas le taxi ! Un ensemble de huit stations, qui dispose, tout simplement, du plus grand domaine skiable français (Les Portes du Soleil étant à cheval sur la Suisse). Mises en package par une politique forfaitaire, elle offre le grand choix : la très élitiste et très anglophone Méribel, Brides-les-Bains la thermale, « Val Tho » la reine des glisses, Les Ménuires plus familiale, La Tania plus chic, Saint-Martin la villageoise, Orelle la protégée, « Courche » qu’on ne présente plus…
Il y a le choix pour l’hébergement et, côté équipement, tout est à dispo avec le même forfait : 330 pistes qui se partagent 600 km de pentes et 120 km de chemins pour raquettes et ski de fond. Côté enneigement, 85% sont au dessus des 1800 m. Un gage d’enneigement jusqu’à fin avril – peut-être plus, avec le décalage climatique qui s’annonce -, et 2000 canons sont prêts à faire… eau pour tenir les promesses de « neige garantie ».
Fin du fin, la moitié des pistes sont classées facile, ce qui permet d’entraîner dans l’escapade un skieur d’un niveau très moyen ou n’ayant pas skié depuis longtemps. Pour les autres, les dameurs prennent un plaisir vicieux à laisser des bosses aux pistes noires ! Sans parler du hors piste, on peut pratiquer à peu près tous les sports d’hiver aux Trois Vallées, même le kilomètre lancé amateur (La Tania) ou le saut à ski (Courchevel, tremplin du Praz), jusqu’à ce que le Snowpark et la conduite sur glace cèdent la place à la saison du golf et des VTT.
Barrières pour le tétras
Flairant le vent de l’écologie, les Trois Vallées ont décidé de placer des barrières pour protéger les nids des grands tétras – qui ont le chic pour squatter les trajectoires des hors piste, en s’enfouissant sous la neige avec une montagne de graines. Les aménagements végétaux sont décidés après consultations des bouviers du cru. Quant à la sécurité, le système Gazex permet de faire désamorcer à distance les avalanches sans les dangereuses opérations de pétardage. Et si Méribel semble avoir mis la pédale douce sur un projet discutable de « police des pistes », 180 pisteurs secouristes, certains avec moto-neige, viennent en deuxième ligne pour du ski tranquille et sans risque.
Les Trois Vallées étant situées en Tarentaise, elles restent un peu la patrie de la fondue savoyarde – qui ne saurait exister sans ce bon vieux Beaufort. La haute cuisine crée aussi l’alternative, et les moniteurs de ski ont désormais pris l’habitude de proposer à la middle class au moins un repas dans un restaurant classé au Michelin. En première ligne, La Bouitte, de René et Maxime Meilleur les biens nommés, qui servent à Saint-Martin une cuisine très élaborée, collant aux ingrédients fournis localement sans perdre pied dans cette cuistrerie qui envahit les tables françaises. Enfin, le restau d’altitude La Folie Douce, à Méribel ou Courchevel, répand le concept de la boîte de nuit… de jour, avec D-jay famous, pluie de champ et retour en moto-neige pour ceux qui y auront trop sacrifié.
Dominique de La Tour
Les Trois Vallées Pratique
Renseignements
www.les3vallees.com/
Y aller
Vol hebdomadaires (jeudi et dimanche) Transavia Orly-Chambéry
www.transavia.com
Hôtels
Le Kaila***** (Meribel ; www.lekaila.com) : dans un bâtiment à la façade de mélèze, 38 chambres et suites spacieuses, toutes avec baignoire. Bar, fumoir, restaurant L’Ekrin, d’inspiration cuisine locale ; immense piscine et spa Nuxe, boutique. Original : le chasseur vêtu en Savoyard. Un hôtel moderne à la déco très boisé, à 50 m des pistes.
Restaurants
La Soucoupe (Courchevel ; www.lasoucoupe.com) : un excellent restaurant à 2250 m d’altitude. Près de la grande cheminée, on engloutit une cuisine traditionnelle (diots, pavés, fondues, foie gras) et internationale (pan con tomate, rouleaux de printemps…). Une excellente réputation qui échappe enfin au « revisitage » et à la réduction de portion.
Le Plantin (Méribel ; www.leplantin.com) : dossiers en peau de vache et bois de récup forment une atmosphère mi-montagnarde, mi western. Ici encore, le froid de l’hiver fait qu’on ne triche pas : rien de mieux que la cuisine traditionnelle, aménagée juste ce qu’il faut : risotto noir, ris de veau croustillant aux morilles, entrecôte de boeuf de Wagyu… et puis, ce repas aux truffes !